En images: dix vols retentissants perpétrés dans les musées russes

Kira Lisitskaïa (Photo: Legion Media; Tiziano Vecellio)
L’attrait de l’art (et du gain) est parfois si puissant que certains prennent tous les risques afin de dérober des œuvres inestimables dans les musées.

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Frans Hals

Le vol d’un tableau de Frans Hals lors d’une exposition au musée Pouchkine de Moscou a été si médiatisé qu’on a même tourné un film à ce sujet, Le Retour de Saint Luc. En 1965, deux tableaux de Hals issus d’une série de portraits d’évangélistes - Saint Luc et Saint Matthieu - ont été apportés à Moscou.

Le jour de fermeture pour nettoyage, un voleur a découpé l’un des tableaux dans son cadre. La disparition n’a été découverte que le lendemain. Un hasard a permis de retrouver le chef-d’œuvre du peintre hollandais : six mois plus tard, un homme d’aspect respectable a été approché par un individu près d’un magasin sur l’Arbat, en plein centre de la capitale ; ce dernier lui a proposé d’acheter un tableau « du niveau de Rembrandt » pour 100 000 roubles.

L’homme s’est avéré être un officier du KGB, qui a immédiatement compris que quelque chose ne tournait pas rond. Le criminel a été arrêté : il s’agissait de Valeri Volkov, un employé du musée Pouchkine qui travaillait comme assistant d’un restaurateur de bois. Comme il n’avait pas de diplôme d’études supérieures, Volkov a décidé d’en obtenir un en échange du tableau. Mais ses plans sont tombés à l’eau : le criminel a finalement décidé de vendre le chef-d’œuvre de Hals, et a été pris la main dans le sac.

Jean-Léon Gérôme

L’attrait de certains voleurs pour les œuvres d’art est si grand qu’ils ne se cachent parfois même pas lorsqu’ils commettent leur larcin. C’est ce qui s’est produit avec le tableau Une Piscine dans le harem de Jean-Léon Gérôme de la collection de l’Ermitage.

En 2001, des criminels ont profité du fait que la salle abritant les œuvres de ce peintre était fermée au public pour enjamber la clôture. Ensuite, ils ont extrait le tableau de son cadre à l’aide d’un couteau avant de l’emporter. Les auteurs du forfait n’ont jamais été retrouvés, mais en 2006, le tableau a été déposé dans la zone d’accueil du public d’un bureau du Parti communiste. Les années passées hors du musée ont laissé des traces : Une Piscine dans le harem a été endommagé et a été immédiatement envoyé en restauration. Trois ans plus tard, il a de nouveau été exposé dans les salles du musée.

Icônes et décorations

Bijoux, icônes, objets comportant des pierres précieuses - plus de deux cents œuvres estimées à 150 millions de roubles ont disparu des fonds de l’Ermitage. La perte a été découverte en 2006 par Larissa Zavadskaïa, une employée du musée dont des membres de la famille ont été soupçonnés du vol. Il s’est avéré que les malfaiteurs avaient remplacé les pièces inestimables par des objets de moindre valeur, avant de vendre les originaux par l’intermédiaire de complices. Grâce au grand retentissement qu’a connu l’affaire, 34 objets ont été retrouvés. Mais une partie importante des biens volés a disparu à jamais.

Guitariste solitaire

Une nuit de printemps en 1999, deux malfaiteurs ont brisé une fenêtre du premier étage du Musée russe et ont volé le tableau Guitariste solitaire de Vassili Perov et son esquisse du tableau Troïka. En entendant l’alarme retentir, les gardes se sont lancés aux trousses des criminels, mais ceux-ci ont réussi à s’échapper. Finalement, ils ont été capturés et les tableaux ont été retrouvés à la consigne de la gare de Varsovie à Saint-Pétersbourg.

Trésors des Sarmates

La « fièvre de l’or » s’est emparée d’un criminel qui a décidé de cambrioler le musée d’histoire de Rostov-sur-le-Don en 1971. Entré dans la salle par la fenêtre, il a brisé la vitrine et en a sorti les plaques en or appelées phalères servant à décorer le harnachement des chevaux, trouvées dans le tumulus d’un chef sarmate. Le filou n’était pas un passionné d’histoire ancienne : il voulait juste revendre l’or au poids pour gagner de l’argent. Le voleur a même réussi à faire fondre les plaques et, malheureusement, le musée a perdu ces précieux objets à jamais.

Aï-Petri. Crimée

Le 27 janvier 2019, au milieu d’une salle remplie de visiteurs, un criminel a avec nonchalance décroché le tableau Aï-Petri. Crimée d’Arkhip Kouïndji avant de s’en aller.

L’acte était si naturel que les visiteurs ont pensé qu’il s’agissait d’un employé de la galerie Tretiakov. Ce n’est qu’une heure et demie plus tard que les vrais employés ont tiré la sonnette d’alarme. Très vite, le voleur a été appréhendé et le tableau a été retrouvé caché sur un chantier de construction à Odintsovo, près de Moscou.

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Rembrandt, Titien, Le Corrège

Rembrandt, Titien, Le Corrège, Pisano, Dolci - des œuvres de ces artistes de renom manquaient à l’appel lorsque le personnel du musée Pouchkine est arrivé au travail le 25 avril 1927 au matin. La nuit de Pâques, alors que les cloches des églises sonnaient, un intrus a démonté la fenêtre et dérobé les chefs-d’œuvre. La police, arrivée sur les lieux, était dépitée : les éclats de verre contenant des pièces à conviction potentielles avaient été nettoyés, et de nombreuses personnes avaient entre-temps tenu dans leurs mains le mot que le criminel avait laissé. Les policiers ont rapidement réussi à trouver le tableau La Flagellation du Christ de Giunta Pisano.

À l’automne 1931, la police se met sur la piste d’un certain Fiodorovitch, employé du Commissariat du peuple aux postes et télégraphes. Par le passé, il faisait partie d’un gang qui cambriolait les musées de Saint-Pétersbourg. Au cours de son interrogatoire, il a nié les faits, mais un de ses amis a vendu la mèche : il s’est avéré que Fiodorovitch envisageait cambrioler le musée dès 1924. Les chefs-d’œuvre, restés longtemps dans des caisses à l’intérieur de souterrains, ont été gravement endommagés. La peinture du Titien Ecce Homo a particulièrement souffert, le criminel avait utilisé cette toile pour envelopper le Christ de Rembrandt.

Filonov

Les enquêteurs ont remarqué depuis longtemps des phénomènes étranges entourant les œuvres de Pavel Filonov au Musée russe : dans les années 1980, des travaux de l’artiste sont soudainement apparus dans la collection du Centre Pompidou de Paris, alors qu’elles n’avaient pas été vendues ou prêtées à l’étranger. De plus, elles faisaient partie de la collection offerte au Musée russe par la sœur de l’artiste, Ekaterina Glebova. Par la suite, ils ont découvert que pendant tout ce temps, des copies étaient en fait conservées à Saint-Pétersbourg en lieu et place des originaux.

Des doutes concernant l’authenticité des œuvres de Filonov sont réapparus en 1992, lorsqu’une employée du musée a été amenée à expertiser à l’étranger un dessin de l’artiste, qui faisait officiellement partie de la collection du Musée russe. Une fois de plus, une copie a été trouvée dans le coffre-fort de l’établissement. L’enquête a permis de démêler les deux cas et d’identifier un groupe criminel qui avait fait sortir les originaux du musée et les avait également utilisés pour créer des copies. En 2000, sept dessins de l’auteur sont revenus de Paris à Saint-Pétersbourg.

Repine, Chichkine, Kramskoï

La traque de seize tableaux volés au musée de l’Académie russe des arts en décembre 1999 a duré plusieurs jours. Bien que l’alarme se soit déclenchée la nuit du vol, la police arrivée sur les lieux n’a rien constaté de suspect : les serrures étaient en place, les fenêtres n’étaient pas cassées. Les voleurs avaient soigneusement planifié leur forfait en se cachant à l’avance dans l’un des locaux de l’académie, puis ont ouvert la porte du musée et découpé les peintures pour les extraire de leur cadre. Les œuvres de Répine, Kramskoï, Khroutski, Maliavine et Tropinine manquaient à l’appel - les biens volés s’élevaient à plus d’un million de dollars. Heureusement, les tableaux ont été retrouvés rapidement.

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Lévitan et d’autres

Parfois, les vols dans les musées ressemblent à des films d’action de série B. Par exemple, pour dérober le tableau Bazar de Viatcheslav Bytchkov, des voleurs ont scié le plafond du musée d’art et d’histoire de Kinechma. À Viazniki, trois criminels se sont cachés à l’avance dans les locaux du musée, puis, s’étant couvert le visage avec des masques, ils ont ligoté le gardien et volé les tableaux Forêt. Sapins de Chichkine, La Pêche de Korovine et Première neige de Joukovski. Le butin s’élevait à trois millions de dollars. Au Musée-réserve d’histoire, d’architecture et d’art de Plios, les filous étaient plutôt fainéants : ils ont éclaboussé les caméras de surveillance avec de la peinture, puis ont brisé les vitres blindées à coups de masse pour dérober cinq tableaux d’Isaac Levitan. Quelques années plus tard, ils ont été retrouvés lors d’un raid à Nijni Novgorod ; les policiers ont alors établi que les vols perpétrés à Kinechma, Viazniki et Plios étaient l’œuvre d’un seul et même gang.

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