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Sourikov est né à Krasnoïarsk et dessinait depuis son plus jeune âge. Sa famille n’avait pas d’argent pour payer des études à l’institution artistique la plus importante du pays – l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg –, alors le garçon a terminé son école et a été employé en tant que scribe à l’administration régionale. Sur un coup de chance, le mécène et producteur d’or de Krasnoïarsk Piotr Kouznetsov a vu ses dessins – c’est lui qui a payé à Sourikov ses études à l’Académie. Il a aussi acquis le premier tableau sérieux du peintre – Vue de la statue équestre de Pierre le Grand sur la place du Sénat à Saint-Pétersbourg.
Comme il était de coutume pour un étudiant de l’Académie, Sourikov s’est entraîné sur des histoires bibliques. Sur la toile Le Samaritain miséricordieux, se présente le moment de parabole, lorsque le gentil Samaritain s’est penché sur un homme, en détresse, pour l’aider. Le paysage désertique est dépeint par Sourikov sur la base de ses études dans les chaudes steppes estivales de la Sibérie du sud.
Pour son tableau, le peintre a reçu une médaille d’or mineure de l’Académie des Beaux-Arts et a en guise de gratitude offert le tableau à son mécène Kouznetsov.
Faisant 2,3 x 3,7 mètres, cette toile est le premier travail de Vassili Sourikov sur le thème de l’histoire russe. Avec elle, le peintre a fait ses débuts à la IXe exposition des Ambulants, où elle a été tout de suite achetée par le collectionneur Pavel Tretiakov.
Sourikov a montré l’un des moments clés de l’histoire – en automne 1698, sur ordre de Pierre le Grand, ont été exécutés les streltsy, qui s’étaient rebellés. L’exécution n’a pas encore commencé, mais tout est déjà en place pour la pendaison sur la place Rouge à Moscou, tandis que les streltsy, dépités, leurs femmes et leurs enfants sont meurtris. L’ancienne Rus’ est ici en quelque sorte opposée à la nouvelle Russie européenne, amenée par Pierre le Grand.
L’idée de l’œuvre lui est venue après sa première visite de la place Rouge – le peintre s’est bien imaginé cet épisode de l’histoire. La peinture regorge de détails historiques dans les costumes et objets autour des personnages.
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Cette peinture a été accueillie avec enthousiasme à l’exposition des Ambulants, et une fois encore, Tretiakov l’a immédiatement achetée. Sourikov a dépeint un autre moment clé de l’histoire de la Russie – l’autrefois influent compagnon de Pierre le Grand Alexandre Menchikov, après la mort de son patron, s’est retrouvé en exil dans la cambrousse sibérienne.
D’origine sibérienne, Sourikov s’est intéressé à l’histoire de cette chute et au caractère de Menchikov, qui n’a pas été brisé par une telle humiliation. Sur la toile, le seigneur apparaît majestueux, bien qu’assis dans une petite izba en Sibérie, lorsqu’il est impossible de sortir dehors à cause des intempéries et de la neige. L’idée est spontanément venue au peintre – il a lui-même vécu une pluie aussi forte par mauvais temps, et l’image de Menchikov est venue à lui, comme vivant, avec tous les détails.
Le modèle de la fille de Menchikov, assise à ses pieds, n’est nulle autre que la femme de Sourikov, Elizaveta.
Un autre épisode historique est devenu la base de ce qui est probablement l’œuvre la plus célèbre du peintre à ce jour. Dès l’enfance, à Krasnoïarsk, il observait la vie des vieux-croyants et admirait comment les descendants de croyants exilés en Sibérie continuaient de vivre leur vie, et comment leur foi était inébranlable.
La boyarine Morozova était l’une d’entre eux. Pour l’héroïsation de son image, Sourikov a même été soupçonné de propagande de la division de l’Église, car sur la toile, même enchaînée, elle lève sa main en croisant deux doigts, un geste caractéristique des opposants aux réformes religieuses du XVIIe siècle.
Les bons modèles ont été trouvés par le peintre dans le peuple – il a longtemps réalisé des études dans des monastères et cimetières, voulant être persuasif. La tante de Sourikov est devenue le prototype pour le portrait de Morozova.
Cette énorme toile de 3 x 5,8 mètres a été achetée par Tretiakov, et à ce jour, cette peinture et ses études occupent une place à part entière à la galerie Tretiakov.
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En 1878, Sourikov, âgé de 30 ans, s’est marié à Élisabeth Chare – la charmante noble était 10 ans plus jeune et parlait russe avec un léger accent français. Le peintre en était fou amoureux et intimidé, comme un jeune garçon. Seulement, Élisabeth, qui a mis au monde deux filles pour son mari, avait une santé très faible – un rhumatisme et un cœur malade. Après 10 ans de mariage, elle est décédée, et Sourikov était rempli de chagrin. Selon les souvenirs de sa fille, il pleurait et lisait la Bible sans cesse, visitait constamment le cimetière.
La Prise de la forteresse de neige a été la première toile peinte par Sourikov après sa sortie de la dépression. Vive, joyeuse, elle se différencie de ses peintures historiques obscures. Il observait la tradition de la prise de la forteresse de neige chaque année pour la Maslenitsa (le Mardi gras russe). Les modèles sont de la famille ou des connaissances du peintre. Pour ce tableau, Sourikov a reçu une médaille de bronze nominale à l’Exposition universelle de Paris de 1900.
Sur la plus grande toile de Sourikov (2,85 x 5,99 mètres) se sont réunis deux de ses plus importants intérêts – les cosaques et la Sibérie. Le peintre cherchait des modèles pour l’image des cosaques sur le Don, en Khakassie il a peint des Tatars, et au nord de la Sibérie a trouvé le paysage pour son tableau.
La toile a été présentée à une exposition des Ambulants, et a été hautement appréciée par Ilia Répine, qui a noté l’effet stupéfiant sur le spectateur. Sourikov s’est mis d’accord avec Tretiakov pour le rachat de l’œuvre en avance, mais Nicolas II a décidé que « cette peinture doit être nationale et exposée au musée national » et l’a acquise pour la somme de 40 000 roubles, un record dans le monde de l’art russe de l’époque, pour le Musée russe à Saint-Pétersbourg. Sourikov a offert une copie plus petite à Tretiakov.
La toile a été terminée pour les cent ans de la célèbre campagne se Souvorov. Sourikov a dépeint la traversée du col de Panix. Le chef militaire de 70 ans ressemble à un véritable héros national sur son cheval blanc, tandis que ses soldats-bogatyrs (chevaliers russes) descendent rapidement les pentes montagneuses. La peinture, qui représente si avantageusement le passé militaire glorieux, a aussi été rachetée par Nicolas II.
Sourikov s’est sérieusement préparé à la réalisation du tableau : il est parti en Suisse pour les études, s’est intéressé aux uniformes militaires. Le modèle pour représenter Souvorov est un officier cosaque retraité de Krasnoïarsk. Malgré tout, il y a quelques différences avec la réalité historique : entre autres, le spécialiste de la peinture de bataille Vassili Verechtchaguine notait que le cheval ne se serait pas approché si près de la falaise, et que les soldats auraient détaché leurs baïonnettes en descendant.
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Sur l’une des dernières et des plus colossales peintures de Sourikov, est représenté le jeune ataman cosaque Stepan (Stenka) Razine, descendant la Volga après un raid réussi. Pendant que ses collaborateurs boivent et se prêtent à la débauche – il est assis seul, pensif et grave, entouré de trésors volés (réfléchissant soi-disant à comment libérer le peuple russe).
Sourikov lui-même est un descendant cosaque, alors ce thème était très important pour lui. L’on considère que dans le visage de Razine, se devine l’autoportrait du peintre en personne. Sur la première esquisse, Sourikov a aussi représenté la princesse perse, avec laquelle Razine est revenu de sa campagne. Selon une version, le peintre l’aurait dotée de traits de sa défunte femme. Cependant, finalement, il a décidé de renoncer à la représentation de la princesse. Et si on lui demandait où elle était sur la toile, il esquivait la question, montrait les ronds dans l’eau et répondait que Razine l’avait déjà noyée.
Sourikov a été inspiré par le livre d’Ivan Zabeline La vie domestique des tsarines russes (1869). Le peintre était impressionné par le fait que les femmes de la famille du tsar dans l’ancienne Rus’ étaient véritablement recluses, et passaient leur temps derrière les murs des terems. Et s’il n’y avait pas de parti digne pour le mariage, alors elles n’avaient qu’une seule voie – celle du monastère. Le visage rougeâtre de la tsarine, les tenues cousues d’or et de pierres précieuses, ainsi que le kokochnik se démarquent singulièrement sur fond des habits noirs des nonnes.
C’est la petite-fille de l’auteur qui a posé pour le tableau – Natalia Kontchalovskaïa (la fille du peintre Pierre Kontchalovski et la mère des réalisateurs Andreï Kontchalovski et Nikita Mikhalkov).
La grande exposition des tableaux de Vassili Sourikov pour les 175 ans du peintre se tient au Bâtiment Benois du Musée russe jusqu’au 13 mai 2024.
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