Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Une série sans violence, et même sans méchants !
Ici, pas de vilains sorciers ou de prédateurs à l’affut de gentils herbivores. La base de l’intrigue de chaque série est la relation entre les personnages principaux, qui explorent le monde qui les entoure avec une curiosité inépuisable, essaient de s’entendre et ne se battent que contre leurs démons intérieurs. Fait encore plus rare dans les séries animées pour enfants, dans Smechariki, il n’y a pas ce rabat-joie en chef qu'est une didactique trop directe. Au total, neuf héros vivent dans la vallée de la Camomille (lapin, mouton, cochon, élan…). Les auteurs ont abandonné les chats, souris et chiens « traditionnels » dans le domaine l’animation car ils recherchaient des animaux plus intéressants, principalement originaires du centre de la Russie. Pour obtenir une touche d’exotisme, ils ont ajouté un pingouin. Tous les personnages sont presque parfaitement ronds. Les artistes ont spécifiquement conçu les personnages afin qu’un enfant puisse les dessiner facilement.
Chaque série est une parabole philosophique, mais toujours avec une touche d’humour.
Smechariki a été spécialement conçue pour accompagner les enfants qui grandissent. Les enfants d’âge préscolaire constituent donc son cœur de cible. Cependant, la série est intéressante aussi bien pour les ados que pour les adultes, et de nombreux épisodes gagnent à être regardés une deuxième fois. L’intrigue dynamique fait référence à des genres variés - des westerns aux comédies musicales en passant par la science-fiction et les polars pour enfants – et pose avec tact des questions intemporelles : comment vivre en société, comment être heureux, quel est le sens de la vie ? Et tout cela en 6 minutes ! D’ailleurs, un enfant repensera en grandissant aux choses qu’il n’avait pas comprises à 5 ans. La constante de toutes les séries est, bien sûr, l’humour. En russe, le nom de la série est la contraction de deux mots : « drôle » et « boule ». Ce qui correspond bien à la série : les personnages sont effectivement de petites bouboules tordantes.
D’Hitchcock à Tarkovski, des références au septième art à gogo
Les auteurs ne se privent pas de parsemer leur création de clins d’œil. On trouve de nombreuses allusions aux classiques russes, de la comédie culte d’Eldar Riazanov Attention, automobile à la pièce de théâtre mondialement connue La Cerisaie d’Anton Tchekhov. Il y a même tout un remake du dessin animé culte Le Hérisson dans le brouillard de Youri Norstein ; cependant, comme toujours, l’histoire est revisitée de façon décalée : le hérisson vit dans la vallée de la Camomille ; un jour, il joue dans un film de science-fiction, mais le tournage part en vrille - tout est enveloppé de la fumée artificielle, et le héros ne manque pas l’occasion de se promener et de philosopher dans le brouillard. Smechariki est bourrée de références aux classiques. On y cite Forrest Gump (notamment lorsqu’ils crient au mouton : « Cours, Barache, cours ! »). Les réalisateurs ont en outre reproduit la scène de la douche de Psychose et celle des pétales de rose d’American Beauty (dans les deux scènes, le cochon est le personnage principal). Et dans un épisode intitulé Le sens de la vie, les créateurs mêlent carrément Dead Man de Jim Jarmusch et Stalker de Tarkovski.
Smecharikiéveille l’imagination, et les fans élaborent les hypothèses les plus folles !
Il n’y a pas de trame dans la série - vous pouvez la regarder à partir de n’importe quel épisode et dans n’importe quel ordre. Cependant, les téléspectateurs les plus attentifs s’efforcent de combiner toutes les aventures en une seule intrigue, tentent de déceler des trames pas vraiment évidentes de prime abord, ou reconstituent en détail la « vraie » biographie des héros. Par exemple, certains téléspectateurs sont convaincus que l’ours est un ancien militaire, et que sa suspicion paranoïaque s’explique par un trouble du stress post-traumatique. La théorie la plus folle affirme que Smechariki se déroule dans un multivers similaire à l’univers Marvel. La série a changé de format régulièrement : elle a commencé en deux dimensions, puis a acquis une troisième dimension, avant de revenir à la 2D. Et il existe une version selon laquelle ce sont des univers parallèles qui meurent avec la fin de la saison, tout comme dans Avengers : Endgame. Soit dit en passant, les théories du complot sont un thème abordé dans Smechariki - dans un épisode, le lapin croit dans l’existence d’un complot généralisé.
Un petit monde passionnant qui vous trotte longtemps dans la tête
C’est toujours triste quand quelque chose qu’on aime se termine… Les enfants de Russie connaissent cette vérité mieux que de nombreux bambins d’autres pays, car les anciennes séries animées russes ont une fâcheuse tendance à être très courtes. Attends un peu ! ne comprenait que 16 épisodes, tandis que le Winnie l’ourson soviétique en comptait trois, et Karlson deux. Smechariki a mis fin à cette funeste tradition. Si l’on compte tous les spin-offs - et en excluant trois longs métrages – on dénombre près de 700 épisodes, et la durée totale de la série a largement dépassé les 80 heures. D’ailleurs, Smechariki continue. C’est toujours agréable quand quelque chose qu’on aime continue, n’est-ce pas ?
Dans cette autre publication, découvrez dix dessins animés emblématiques du studio soviétique Soyouzmoultfilm.