Les cinq meilleurs films russes de tous les temps selon le magazine Sight and Sound

Culture
ALEXANDRA GOUZEVA
Sight and Sound, le magazine du British Film Institute, a dévoilé la dernière édition de son classement des meilleurs films de tous les temps. Et il serait inimaginable sans ces classiques russes intemporels.

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Une fois par décennie depuis 1952, la rédaction de Sight and Sound (le magazine culturel du British Film Institute) demande à des critiques de cinéma, des programmeurs et des conservateurs renommés du monde entier de participer à un sondage pour déterminer les plus grands films jamais réalisés. Et tous les dix ans, cette liste est différente. Le classement le plus récent, révélé en décembre 2022, comprend ces cinq films russes.

Andreï Roublev (Andreï Tarkovski, 1966)

67e place

« Le portrait épique d’Andreï Tarkovski d’un artiste médiéval est peut-être la représentation la plus déchirante de la foi, de la créativité et de la quête de sens jamais filmée », écrit Sight and Sound au sujet du film.

Dans l’État soviétique athée, le réalisateur progressiste Andreï Tarkovski a réalisé un film sur un peintre d’icônes médiéval considéré comme un saint dans l’Église orthodoxe russe. Malgré les assauts de la censure soviétique et les critiques contre sa morosité, ce film est désormais considéré comme l’un des plus grands films de Tarkovski (et russes) jamais réalisés ; il est constamment inclus dans de nombreux classements de premier plan à travers le monde.

Le film présente huit épisodes de la vie d’Andreï Roublev, un artiste errant et peintre d’icônes débordant de foi bien qu’il vive dans le monde sombre et barbare du XVe siècle.

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Le Cuirassé Potemkine (Sergueï Eisenstein, 1925)

54e place

« Le célèbre drame d’agitation de Sergueï Eisenstein sur la mutinerie et la répression proto-révolutionnaires, souvent cité mais toujours puissant dans ses effets de montage. »

Un autre film soviétique emblématique, constamment inclus dans tous les classements possibles des « meilleurs films de tous les temps » (il figurait également sur la liste Sight and Sound de 1952).

En 1905, les matelots du navire de guerre de la marine impériale Potemkine, stationné dans le port de la ville d’Odessa (qui faisait alors partie de l’Empire russe), se sont révoltés car ils n’avaient pas d’autre nourriture que de la viande avariée. La police a violemment réprimé la révolte et les habitants qui ont soutenu les marins. Cet événement a été l’un des signes précurseurs de la révolution à venir en Russie. Le film d’Eisenstein a été tourné en 1925 pour commémorer le 20e anniversaire du soulèvement.

Le Cuirassé Potemkine est considéré comme un classique du cinéma mondial. La scène emblématique des soldats descendant les marches d’Odessa a été revisitée dans Les Incorruptibles, Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? et d’autres films.

Stalker (Andreï Tarkovski, 1979)

43e place

« Deux hommes recrutent un guide pour les emmener dans la "Zone", un royaume mystérieux où les désirs les plus intimes se réalisent, au sein d’une épopée de science-fiction métaphysique. »

Ce film de science-fiction de Tarkovski est basé sur le roman Pique-nique au bord du chemin des frères Strougatski. Dans un monde fictif, le protagoniste - Stalker - gagne de l’argent en réalisant des visites illégales dans la soi-disant « zone morte ». Il s’agit d’une zone de danger caché où se trouve une chambre qui permet aux visiteurs de réaliser leurs désirs les plus intimes.

Selon l’intrigue, Stalker part dans la Zone avec l’Écrivain et le Professeur. Les itinéraires à travers la zone désolée – qui est à la fois un état d’esprit et un lieu - ne peuvent être que sentis, pas vus, tel un labyrinthe métaphysique.

Et, bien sûr, dans le film de Tarkovski, le monde fantastique prend des airs de paysage mystique, chaque plan transmettant avec précision l’atmosphère de danger de cette zone brumeuse.

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Le Miroir (Andreï Tarkovski, 1975)

31e place

« Le cinéma a atteint de nouveaux sommets de poésie visuelle dans ce film profondément personnel et elliptique du maître de la "sculpture du temps". »

Le Miroir est rempli de souvenirs autobiographiques d’une enfance rurale avant la Seconde Guerre mondiale. L’approche kaléidoscopique du film n’offre aucun récit direct et combine des incidents, rêves et souvenirs avec des séquences d’actualités.

Dans ce film, le langage cinématographique de Tarkovski est aussi proche de la poésie que le Septième Art peut l’être. Le film reproduit également des poèmes d’Arseni Tarkovski, le père du réalisateur, qui était un poète reconnu de l’ère soviétique.

Le Miroir partage sa place avec Huit et demi de Federico Fellini, un opus également plein de souvenirs, de rêves et de fantasmes, ainsi que Psychose d’Alfred Hitchcock.

L’Homme à la caméra (Dziga Vertov,1929)

9e place

« Une invention sans fond et un montage frénétique, vertigineux font de cette symphonie urbaine l’une des expériences les plus pointues et excitantes du cinéma près d’un siècle après sa sortie »

L’Homme à la caméra n’offre pas de récit, il montre simplement la vie de la ville à travers l’objectif d’un caméraman. C’était le tout premier film de ce genre, entre expérience audacieuse et manifeste du tout nouvel art cinématographique.

Dziga Vertov est l’un des pionniers mondiaux du film documentaire. Il a été le premier à considérer le film comme un objet indépendant, distinct de la représentation théâtrale ou du document historique. Vertov considérait que l’efficacité de l’impression laissée par un film sur le spectateur n’était pas liée aux acteurs jouant devant la caméra. Il a pris conscience du fait que le cinéma peut faire plus forte impression grâce à l’alternance entre différents plans et gros plans, et à la façon dont les accélérations et les ralentis sont utilisés.

Dans cette autre publication, découvrez les sept films soviétiques et russes les plus primés.

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