Les dix plus grands chefs d'orchestre russes

Grigori Sisoïev/Sputnik; Alexandre Kourov/TASS; Getty Images
Les chefs d'orchestre sont généralement considérés comme des rois sans couronne. Ils créent des ponts entre le public et la musique. Leur seul instrument est leur baguette.

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1. Vladimir Spivakov (né en 1944)

Spivakov est devenu célèbre comme l'un des violonistes soviétiques les plus expressifs, les plus polyvalents et les plus originaux. Ayant remporté des médailles dans presque tous les grands concours internationaux entre 1965 et 1970, le jeune virtuose a parcouru le monde en tant que soliste, jouant avec la « crème de la crème » des orchestres de classe mondiale. Malgré ce succès retentissant, Spivakov s'est rendu compte que sa véritable vocation était la direction d'orchestre. Vladimir a pris des leçons de nul autre que le brillant chefd'orchestreaméricain Leonard Bernstein. Il a également appris son métier auprès de Lorin Maazel, l'un des plus grands musiciens de son temps. Bernstein a enseigné à ses élèves que les chefsd'orchestre sont avant tout les messagers du compositeur. En signe d'amitié, il a donné à Spivakov sa baguette de chefd'orchestre, que ce dernier garde précieusement comme une relique jusqu'à présent.

Spivakov, connu pour sa quête spirituelle de l'excellence, a fait ses débuts en tant que chefd'orchestre en 1979 avec l'Orchestre symphonique de Chicago. Sur le podium, il dégageait un charme et une tension puissants. L'année suivante, le musicien aux multiples talents fonde l'orchestre de chambre Les Virtuoses de Moscou. Chef invité très recherché, Spivakov est vénéré comme l'un des meilleurs maestros du monde, démontrant une capacité rare à maîtriser une extraordinaire gamme de styles.

2. Valeri Guerguiev (né en 1953)

Guerguiev est connu pour sa présence hypnotique sur scène. Large d'épaules et grand, le maestro dirige l'orchestre avec ardeur et sensibilité et remarque les moindres nuances sonores. Ossète d'origine, il est né à Moscou, mais a passé toute son enfance et sa jeunesse en Ossétie du Nord. Il a étudié la direction d'orchestre au Conservatoire de Leningrad et a fait sensation en 1977 lorsqu'il a remporté le Concours international pour chefs d'orchestre de la Fondation Herbert von Karajan à Berlin. Peu de temps après, le jeune homme charismatique fait ses débuts au théâtre d'opéra et de ballet Kirov (aujourd'hui Mariinsky) de Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg). C'était un premier pas sérieux vers la réussite. Guerguiev était responsable de la production hautement intellectuelle Guerre et Paix de Sergueï Prokofiev en tant qu'assistant du chefd'orchestre principal de la troupe. Au cours des cinq années suivantes, le musicien soviétique est allé de plus en plus loin sur la voie de la mise en place de normes élevées de direction. En 1988, il est finalement nommé chefd'orchestre du théâtre Kirov, qui est devenu un deuxième chez-soi pour Guerguiev. Sous sa direction, l'institution artistique a été transformée en un opéra de première classe au monde.

En 1993, Guerguiev est nommé « chefd'orchestre de l'année » aux Classical Music Awards à Londres. Il consacre une grande partie de son temps à travailler avec des musiciens célèbres. Guerguiev a également été chef principal de l'Orchestre symphonique de Londres et de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam.

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3. Teodor Currentzis (né en 1972)

Ce chef d'orchestre gréco-russe de 47 ans au look gothique est inégalé lorsqu'il s'agit d'interpréter de la musique flamboyante que vous avez sans doute déjà entendue mille fois. Currentzis a acquis une renommée vertigineuse après avoir été nommé directeur musical du Théâtre d'opéra et de ballet Tchaïkovski de Perm en 2011. Il a adopté une approche non conventionnelle du répertoire et a changé les relations entre la musique classique et le public du XIXe siècle. On peut dire que Currentzis a fait de l'opéra de Perm la Mecque des mélomanes hétérodoxes. En 2019, il décide de prendre sa retraite afin de se consacrer pleinement à sa création, l'ensemble MusicAeterna. Les billets pour les concerts de son collectif musical se vendent comme des petits pains pour les mois à venir. Ce chef d'orchestre innovant peut presque tout réinventer, de Lady Macbeth du district de Mtsensk de Chostakovitch au Requiem de Verdi, tout en conservant une partition vivante et riche.

La personne de Currentzis en elle-même est tout simplement fascinante. Il est soit en mouvement quasi ininterrompu, soit immobile, comme un prédateur se préparant à attaquer. Ses mouvements discordants et chaotiques et son approche chargée d'émotion de la musique ont enflammé le cœur du public. Il est actuellement chef principal de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart. 

Né à Athènes, Currentzis a commencé à prendre des cours de piano alors qu'il n'avait que 4 ans. À l'âge de 12 ans, il entre au département de violon du Conservatoire national grec. De 1994 à 1999, il étudie la direction d'orchestreau Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg et tombe amoureux de la Russie. En 2014, Currentzis a reçu la nationalité russe en récompense d'un travail exceptionnel. Le flamboyant chefd'orchestre a récemment fait sensation dans l'industrie cinématographique. Currentzis a joué le légendaire physicien soviétique Lev Landau dans le film Dau d'Ilia Khrjanovski, dont la première mondiale a eu lieu en 2019 à Berlin.

4. Iouri Bachmet (né en 1953)

Avant de prendre la baguette, Bachmet a obtenu une réputation d'altiste talentueux qui était loué pour sa technique et son expressivité exceptionnels. Il s'est produit en tant que soliste avec certains des plus grands orchestres du monde, dont l'Orchestre philharmonique de Berlin, l'Orchestre philharmonique de New York et l'Orchestre philharmonique de Vienne. Bachmet, qui est né dans la ville russe de Rostov-sur-le-Don située dans le sud de la Russie, a commencé sa carrière en 1985. L'année suivante, l'altiste ambitieux a fondé l'orchestre de chambre Les solistes de Moscou. Au début des années 1990, Bachmet a été contraint de réorganiser complètement ce collectif musical, dont les membres originels avaient pris la décision de rester en France pour toujours après la chute de l'URSS. Son orchestre nouvellement formé était composé des diplômés les plus prometteurs du Conservatoire de Moscou. Des musiciens de premier plan, dont Sviatoslav Richter et Mstislav Rostropovitch, ont collaboré avec Les solistes de Moscou.

En 2008, Bachmet et son orchestre ont défrayé la chronique en remportant un Grammy pour leurs interprétations d'œuvres d'Igor Stravinski et Sergueï Prokofiev. Depuis 2002, Bachmet est également directeur artistique et chef principal de l'orchestre symphonique d'État Novaïa Rossia (La Nouvelle Russie). Son répertoire comprend plus de 350 œuvres de classiques russes et mondiaux.

5. Iouri Temirkanov (né en 1938)

Peu de chefsd'orchestre ont réussi à faire carrière aussi longue et aussi illustre que Temirkanov, qui reste fidèle à la Philharmonie de Saint-Pétersbourg depuis 1988. Comme beaucoup de garçons soviétiques de sa génération, Iouri est entré à l'école de musique. Il a étudié au Conservatoire de Leningrad et voulait devenir altiste. Cependant, Temirkanov a dû suspendre ses plans initiaux après avoir remporté le concours de direction de l'Union soviétique en 1966. Le lauréat a été invité à faire une tournée en Europe et aux États-Unis avec le brillant altiste soviétique David Oïstrakh et l'Orchestre philharmonique de Moscou.

Temirkanov a fait ses débuts à la Philharmonie de Saint-Pétersbourg en 1967. Il s'est avéré qu'il travaillait littéralement main dans la main avec le maestro Evgueni Mravinski. Il a également été chef principal de l'Orchestre symphonique de Leningrad de 1968 à 1988. Temirkanov a dirigé plusieurs des plus grands orchestres du monde. Selon les critiques musicaux, peu de maestros peuvent faire sonner aussi bien les œuvres de Tchaïkovski et de Chostakovitch. En 1992, il est nommé chefprincipal de l'Orchestre philharmonique royal. De 1992 à 1997, il a également été chef principal invité de l'Orchestre philharmonique de Dresde, de l'Orchestre symphonique de la radio nationale danoise et du Théâtre Bolchoï.

6. Evgueni Mravinski (1903-1988)

Issu d'une famille aristocratique, Mravinski était une véritable légende et sans aucun doute l'un des chefs d'orchestre et professeurs les plus respectés de tous les temps. Mravinski était un représentant éminent de l'école de direction soviétique dans ce qu'elle avait de meilleur, dans laquelle la technique de direction et la plus grande précision étaient d'une importance primordiale. C'est pourquoi le chef d'orchestre exceptionnel ne s'est jamais concentré sur le côté émotionnel de la performance.

En dirigeant l'orchestre sans bâton, Mravinski a créé une symbiose du son et de la manière de jouer, qui est toujours reconnue dans le monde de la musique. La légende soviétique a travaillé dans la Philharmonie de Leningrad pendant un demi-siècle, de 1938 à 1988. Il dirigeait son collectif musical avec sang-froid, dignité et précision. Son répertoire révolutionnaire comprenait six symphonies de Chostakovitch.

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7. Evgueni Svetlanov (1928-2002)

Svetlanov est né avec la musique dans le sang. Son père était un soliste du théâtre Bolchoï et sa mère était une artiste de pantomime. En 1951, Evgueni est diplômé de l'institut de musique Gnessine en tant que pianiste. Son professeur au Conservatoire de Moscou, Heinrich Neuhaus (dont les élèves célèbres comprenaient Sviatoslav Richter et Emil Gilels), lui a appris à penser au piano en termes d'orchestre. C'était une personnalité très brillante qui n'a jamais suivi aveuglément les traditions ni affiché une soif de succès rapide.

Svetlanov a travaillé pendant deux ans comme chef d'orchestre à l'alma mater de son père, le théâtre Bolchoï. Puis, il quitte le Bolchoï pour diriger l'Orchestre symphonique d'État d'URSS, où il a travaillé pendant 35 ans (de 1965 à 2000). Dans les années 1970-1980, Svetlanov était à son apogée créative et personnelle, gagnant la reconnaissance pour ses interprétations non conventionnelles des œuvres de Rachmaninov, Prokofiev, Chostakovitch et surtout Mahler. Sur le podium, il semblait hypnotiser son orchestre, le contrôlant sans exercer trop de pression.

8. Mikhaïl Pletnev (né en 1957)

Mikhaïl Pletnev est né dans une famille de musiciens à Arkhangelsk (1 250 km de Moscou). Il a suivi les traces de sa mère en apprenant à jouer du piano au Conservatoire de Moscou. À 21 ans, Mikhaïl a fait irruption sur la scène internationale en tant que pianiste en remportant le premier prix du prestigieux Concours Tchaïkovski. Il a fait de nombreuses tournées à travers le monde et a collaboré avec de grands orchestres en tant que pianiste (Pletnev est considéré comme l'un des plus grands interpréteurs mondiaux de Piotr Tchaïkovski). Cherchant élargir ses possibilités musicales, Pletnev s'est essayé comme chefd'orchestre en 1980. Depuis lors, il s'est produit en tant que chef invité avec un certain nombre d'orchestres de premier plan, dont l'Orchestre symphonique de Londres, l'Orchestre symphonique de Birmingham et l'Orchestre philharmonique de Los Angeles.

En 1990, Pletnev crée enfin son propre ensemble, l'Orchestre national de Russie, qui devient l'un des meilleurs ensembles symphoniques au monde. Le conte symphonique pour enfants Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev narré par Bill Clinton, Sophia Loren et Mikhaïl Gorbatchev et interprété par Pletnev et son orchestre a reçu un Grammy Award en 2004. Selon le magazine mensuel publié à Londres et consacré à la musique classique Gramophone, Pletnev est également l'un des interprètes les plus fins et les plus stylés de Tchaïkovski.

9. Alexandre Vedernikov (1964-2020)

Vedernikov a été chefd'orchestre du Théâtre royal danois et directeur musical du théâtre Michel de Saint-Pétersbourg. Tragiquement, sa vie a été écourtée à l'âge de 56 ans. Atteint d'une infection à coronavirus, il est décédé en 2020. Vedernikov était le fils d'un basse du théâtre Bolchoï et professeur d'orgue au Conservatoire de Moscou. Pas surprenant, qu'il ait été élevé dans le respect des traditions musicales. Vedernikov a débuté comme assistant du chefd'orchestre puis second chef de l'Orchestre symphonique Tchaïkovski de la Radio de Moscou.

En 1995, il a fondé l'Orchestre national philharmonique de Russie et est resté directeur artistique et chefd'orchestre de ce collectif musical jusqu'en 2004. Vedernikov était à la tête du théâtre Bolchoï pendant près de 10 ans. Sa présence donnait vie à la scène, et ses doux coups de baguette et sa personnalité magnétique ont conquis le cœur du public du monde entier. De 2009 à 2018, il a été chef principal de l'Orchestre symphonique danois d'Odense. En 2018, Vedernikov s'est attiré des louanges pour avoir dirigé l'Orchestre symphonique de la BBC lors de l'interprétation des opéras de Glinka et Tchaïkovski et de la première mondiale du Concerto pour guitare de Joby Talbot.

10. Guennadi Rojdestvenski (1931-2018)

Les débuts professionnels de Rojdestvenski ont eu lieu au théâtre Bolchoï en tant qu'étudiant. Il a remporté des distinctions impressionnantes pour sa direction de l'orchestre local lors de l'interprétation de la musique du ballet classique de Tchaïkovski La Belle au bois dormant. Peu de temps après, il devient le chef d'orchestre de la troupe du Bolchoï. En 1959, Rojdestvenski a dirigé la première production complète de l'opéra épique Guerre et Paix de Prokofiev. Il a également dirigé l'Orchestre symphonique de la radio de Moscou pendant plus de dix ans.

Lorsque la guerre froide battait son plein, Rojdestvenski était l'un des rares artistes soviétiques autorisés à se produire à l'étranger. Il devient également le premier chef d'orchestre soviétique à être nommé chef de prestigieux orchestres étrangers : l'Orchestre symphonique de la BBC, l'Orchestre symphonique de Vienne et l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm. Rojdestvenski était fascinant à regarder. Son intensité émotionnelle, son énergie irrépressible et ses mouvements extrêmes sublimaient la musique.

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