Dix faits marquants sur le compositeur russe Sergueï Rachmaninov

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Sergueï Rachmaninov n'a pas son pareil en matière d'intensité émotionnelle, de technique et de perpétuation des traditions intemporelles. Il a défini le romantisme russe dans le domaine musical et est devenu l'un des plus grands compositeurs et pianistes de tous les temps. Nous avons rassemblé dix faits intéressants sur l’auteur des Danses symphoniques.

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Talent polyvalent

Sergueï Rachmaninov s'est avant tout fait un nom en tant que grand compositeur, mais c’était également un brillant pianiste et chef d'orchestre. « Je n'ai jamais été capable de déterminer quelle est ma véritable vocation, ce que je suis - compositeur, pianiste ou chef d'orchestre... Parfois, il me semble que je suis d'abord compositeur ; parfois je trouve que je ne suis capable que de jouer du piano. Alors que la majeure partie de ma vie est déjà derrière moi, je suis constamment tourmenté par des soupçons selon lesquels, après m'être essayé à de nombreux rôles, je n'ai peut-être pas vécu ma vie de la meilleure façon. Selon le proverbe russe, j'ai essayé de faire d'une pierre trois coups », a avoué Rachmaninov.

La musique était toute sa vie

Né le 1er avril 1873 dans une famille aristocratique, Rachmaninov commence à jouer du piano à l'âge de quatre ans. Apparemment, la musique était dans son sang. Le grand-père de Sergueï, Arkadi Rachmaninov, était un musicien professionnel qui avait étudié le piano auprès du compositeur irlandais John Field, l'inventeur du terme « nocturne ». Lorsque Sergueï avait neuf ans, sa famille a déménagé de la région de Novgorod à Saint-Pétersbourg, où le garçon s'est inscrit au conservatoire. Rachmaninov apprend vite, mais sèche souvent des cours, il est donc décidé d'envoyer le chenapan à Moscou et de le mettre dans un pensionnat privé. Là, sous la direction du célèbre pianiste et professeur Nikolaï Zverev, qui maintenait une discipline de fer, Rachmaninov a pratiqué le piano pendant des heures. Le plan a fonctionné et le jeune homme fut bientôt diplômé du Conservatoire de Moscou avec mention.

Grand sens de l'humour

L'un des plus grands violonistes de tous les temps, Fritz Kreisler, a un jour interprété une sonate de César Franck avec Sergueï Rachmaninov au Carnegie Hall de New York. Le virtuose jouait avec confiance sans partition lorsque, tout à coup, sa mémoire a flanché. Kreisler s'est rapproché de Rachmaninov et a regardé nerveusement la partition de son partenaire, essayant de repérer le meilleur mouvement possible pour rejoindre le pianiste.

- On est où ?! On est où?!, chuchota Kreisler désespéré.

- Au Carnegie Hall, riposta Rachmaninov, sans réfléchir ni ralentir.

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Énormes mains

« Rachmaninov est fait d'acier et d'or : de l'acier dans ses mains et de l'or dans son cœur », a déclaré un jour le pianiste de génie polonais Josef Hofmann. Bien que sa description puisse sembler exagérée, on peut affirmer sans se tromper que Rachmaninov avait de très longs doigts et d'énormes mains, peut-être la plus grande paire du monde de la musique classique. Le pianiste, qui mesurait 1,98 m, avait en effet des paumes d’une envergure de près de 20 cm. Il pouvait mettre l'index de sa main droite sur la touche do et atteindre le si avec son pouce. Rachmaninov, en concert, donnait parfois l’impression d’avoir dix mains.

Au début des années 1900, Rachmaninov se produit régulièrement en Europe en tant que pianiste et chef d'orchestre. En 1907, il participe à des concerts historiques organisés par l'imprésario de russe Sergueï Diaghilev à Paris et, en 1910-1911, il donne des concerts au Royaume-Uni et en Allemagne.

Rongé par le doute

Tout au long de sa vie, le compositeur a souffert d'un manque chronique de confiance en lui. Il est né terriblement autocritique. Même après que son Prélude en ut dièse mineur, écrit en 1892, alors que Rachmaninov n'avait que 19 ans, a catapulté le compositeur vers la renommée mondiale, il est resté piégé dans un cycle de doute et d’autocritique. « Je suis las, c’est parfois insupportable pour moi. Dans un de ces instants, je vais me fracasser la tête », a déclaré le compositeur de génie. En 1903, Rachmaninov épousa Natalia Satina, qui était sa cousine germaine, et les choses commencèrent à s’améliorer. « La femme d’un artiste doit dire trois choses à son mari : qu’il est un génie, qu’il est un génie et qu’il est un génie », fit remarquer Rachmaninov avec une pointe d’ironie.

Recours à l’hypnose

Rongé par le doute et la culpabilité, Rachmaninov a perdu confiance en lui à 22 ans après la première de sa Symphonie n° 1. Le chef d'orchestre, Alexander Glazounov, était ivre lors de la soirée d'ouverture en 1897 et a gâché la performance. La symphonie de Rachmaninov a obtenu des critiques négatives et le compositeur a sombré dans la dépression. Il n'a pas écrit de musique pendant trois ans, s'étant convaincu qu'il n'était qu’un bon à rien. Heureusement, Rachmaninov a accepté de contacter un médecin moscovite bien connu du nom de Nikolaï Dal, qui l'a aidé à faire face à l'anxiété et à la dépression. L'hypnose a fait des merveilles et le sceptique a réussi à surmonter ses peurs, recommençant à créer de la musique.

Il a composé le « plus grand concerto pour piano »

Son Concerto pour piano n° 3 est, de l’avis de pianistes de renom comme Nikolaï Louganski et de musicologues du monde entier, le « plus grand concerto pour piano jamais écrit ». Composé en 1909 pour piano et orchestre, il a été créé à New York lors d’une tournée de Rachmaninov à travers les États-Unis. « Je suis un compositeur russe et ma patrie a laissé une empreinte sur mon caractère et mes opinions. Ma musique est le fruit de mon caractère et, par conséquent, c'est de la musique russe », a déclaré Rachmaninov.

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Pilote de talent

Rachmaninov avec sa famille

Rachmaninov était un fou du volant. Le compositeur a reçu sa première voiture – une Lorelei rouge – en cadeau de sa femme et de ses deux filles. Rachmaninov a surnommé sa voiture de sport « Laura ». Selon les souvenirs d’un ami du compositeur, le pianiste Alexander Goldenweiser, Rachmaninov était un conducteur hors pair. Il avait même sa propre théorie sur les avantages de la conduite. « Un bon chef d'orchestre doit naturellement être un bon conducteur. Tant l'automobiliste que le conducteur ont besoin d'une volonté de fer, d'une attention concentrée et d'une présence d'esprit constante. À ces qualités, le chef d'orchestre n'a qu'à ajouter quelques connaissances musicales », a-t-il dit un jour.

En raison de nombreux problèmes techniques, Rachmaninov a rapidement été déçu de sa « Laura » et s'est procuré une Mercedes flambant neuve. Il avait du goût pour les voitures et aimait conduire vite. Toutes ses voitures étaient assurées contre à peu près tout, y compris l'incendie, la collision et le vandalisme. Alors qu'il vivait dans sa résidence d'été, la Villa Senar, en Suisse, Rachmaninov et sa famille ont fait de longs voyages en voiture - à Bayreuth, sur le Roter Main en Bavière et à Paris. Même pendant son traitement dans un sanatorium de Baden-Baden, en Allemagne, Rachmaninov ne s'est pas séparé de sa voiture. En route pour Aix-les-Bains, en France, avec sa femme Natalia, Rachmaninov a déclaré : « Ce n'est qu'à 344 kilomètres. Nous aurons la voiture avec nous. S'il arrive quelque chose, nous partirons en un rien de temps, en atteignant la vitesse maximale. »

Immigration aux États-Unis

Rachmaninov a accueilli sans grand optimisme la Révolution de février 1917. Craignant qu'en raison de l'effondrement de l'ancien système, son activité artistique de pianiste et de compositeur soit réduite à néant, il profita d’une offre venue de Suède pour donner un concert à Stockholm. En décembre 1917, Rachmaninov partit en tournée en Scandinavie, d'où il ne revint jamais en Russie. En 1918, sa famille s'installe définitivement aux États-Unis. Le talent de Rachmaninov était apprécié à l'étranger. En Amérique, il était considéré comme un pianiste de classe mondiale et il donnait des concerts pour gagner sa vie. Et pourtant, malgré un énorme succès, c’était pour lui une terre étrangère et le travail de compositeur de Rachmaninov a été mis en veilleuse pendant une longue période. Faute d’inspiration, il n'a rien composé pendant près de huit ans.

« Je suis né sans ambition et, par conséquent, je supporte les difficultés intrinsèques à ce statut. Il y a cinq ans, quand j'ai commencé à jouer, je pensais que je pouvais obtenir satisfaction dans le milieu du piano : désormais je suis convaincu que c'est impossible », écrivait Rachmaninov en 1923.

Ce n'est qu'en 1926 que le Concerto pour piano n° 4 sort de sa plume. La nostalgie de l'air de sa patrie, de sa Russie natale, a généré une formidable puissance tragique, qui a atteint son paroxysme dans ses Danses symphoniques, son dernier grand opus, composé aux États-Unis en 1940.

Il a aidé l'Armée rouge

Maison de Rachmaninov à Beverly Hills

Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté en 1941 et que Rachmaninov a vu à quel point la Russie souffrait, son esprit était rempli de tristesse et de préoccupation pour son peuple. Le compositeur a envoyé au moins quatre mille dollars (soit l'équivalent d'environ 74 000 $ en 2021) à l'armée russe. Des avions de combat ont été construits avec cet argent. Le pianiste a également appelé les émigrés russes à l'étranger à unir leurs efforts pour aider l'Union soviétique dans sa lutte contre le nazisme, ce qui lui a même valu le surnom de « Rachmaninov le Rouge ». Cette décision a également changé l'attitude du gouvernement soviétique envers Rachmaninov. Les relations se sont sensiblement réchauffées. Rachmaninov, qui n'avait pas pris la citoyenneté américaine alors qu'il vivait aux États-Unis, s’est rendu à l'ambassade soviétique et a écrit une demande aux autorités soviétiques afin de lui permettre de rentrer chez lui dès que possible. Il n'a reçu aucune réponse. Ce n'est qu'à ce moment-là, affaibli et luttant contre le cancer, qu'il a finalement pris la décision de devenir citoyen américain, afin de mieux subvenir aux besoins de sa famille.

Malheureusement, Rachmaninov n'a plus jamais revu sa Russie natale et est décédé en 1943 à Beverly Hills, en Californie.

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