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Veuillez noter que, pour l’instant, l’adaptation francophone des Patins d’argent n’est disponible que sur les versions canadienne, suisse et belge de Netflix.
Le personnage principal, Matveï, un coursier, doit, en 1899, livrer un gâteau chez des aristocrates. Au lieu d'une trottinette électrique, moyen de locomotion préféré des livreurs de nos jours, il possède une paire de patins argentés, héritée de son père, un lanternier. Il sort d'une pâtisserie huppée aux colonnes dorées, s'accroche adroitement à une voiture hippomobile, saute avec assurance sur la Neva et se précipite vers son client.
Dès lors, le spectateur de ce long métrage, primé Meilleur film lors de l'édition 2022 de la cérémonie de l'Aigle d'Or, dont le jury est composé de membres de l'Académie nationale des arts et des sciences cinématographiques de Russie, est plongé dans la beauté de l'hiver à Saint-Pétersbourg, qui ne se dément pas tout au long du film. Il y a un marché de Noël sur la glace du fleuve, des ponts ornés de guirlandes, de majestueux bâtiments historiques à chaque pas, des églises et des cathédrales, dont les toits se couvrent lentement de neige.
Chaque plan de l'architecture et des intérieurs des véritables palais de Gatchina, de Marbre et de Cheremetiev mérite une pause et une observation sans fin, afin de s’imprégner plus longuement de ce conte de fées à saveur russe.
Par malchance, Matveï perd son emploi alors qu’il a un besoin urgent d'argent – non pas pour lui-même, mais pour son père, qui a contracté une phtisie et doit être opéré à l'étranger. À la recherche d'argent, le protagoniste entre par conséquent en contact avec une société marxiste secrète dont les membres se battent pour un changement de pouvoir et volent en même temps les riches citoyens lors du marché sur glace.
De manière générale, dans ce film du réalisateur Michael Lockshin, le plus intéressant se passe sur la glace, y compris l'entraînement, les poursuites, les combats et les danses. Chacun des acteurs a d’ailleurs suivi un cours de patinage de trois mois, et le comédien Fiodor Fedotov, qui joue Matveï, y a l'air particulièrement dans son élément grâce à son passé de hockeyeur.
Toutes les scènes de glace sont filmées de façon dynamique, avec des ralentis à tous les bons endroits – les poursuites et les combats rappellent le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, tandis que les danses ressemblent à un conte Disney.
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La vie de voleur dans l'équipe marxiste amène Matveï à rencontrer la jeune aristocrate Alissa, dont le protagoniste tombe irrémédiablement amoureux. Les voleurs ne peuvent s'offrir que de simples pardessus gris et des pulls en laine, mais Alissa et son entourage portent de somptueuses robes avec de la dentelle, des fleurs et des plumes, des manteaux en fourrure blanche, de nombreux chapeaux (parfois extravagants), des coiffes traditionnelles russes et des uniformes militaires bleus avec blasons impériaux dorés.
De nombreux costumes ont été cousus à la main en un seul exemplaire. Galina Solodovnikova, l'artiste principale du film, s'est inspirée à la fois du travail des couturiers qui fournissaient la cour impériale de Nicolas II et des collections de maisons mondialement connues telles que Dior, Alexander McQueen et Yves Saint Laurent, révèle Vogue Russie.
« L'objectif était de faire de la stylisation, de créer des images qui seraient perçues comme du luxe et du raffinement aujourd'hui », a déclaré Solodovnikova au magazine.
En concevant les costumes, les réalisateurs n'ont effectivement manifestement pas cherché à être très précis sur le plan historique. Par conséquent, les vêtements ressemblent davantage à des tenues de carnaval à la russe, mais dans le contexte de l'atmosphère générale de l'œuvre, ils sont appropriés.
Bien que Les Patins d'argent soit avant tout un film de divertissement avec beaucoup de féérie et d'éléments fantastiques, certains événements et détails de la vie dans la Russie prérévolutionnaire y ont été transposés très précisément par les réalisateurs.
Par exemple, le patinage était vraiment l'un des passe-temps les plus populaires de l'époque : la « jeunesse dorée » et les aristocrates allaient patiner dans le jardin de Tauride, tandis que la patinoire du jardin Ioussoupov était un lieu de prédilection pour les saint-pétersbourgeois ordinaires, comme l'a expliqué Tatiana Volodina, docteur en histoire et professeur, au site de films à la demande Okko. C'est sur la glace du jardin Ioussoupov que se tenaient les bals, masqués ou non, ainsi que les célébrations festives. En outre, dans les années 1860 et 1870, une école de patinage artistique y a été ouverte, au sein de laquelle le premier champion olympique russe dans cette discipline, Nikolai Panin-Kolomenkin, a étudié.
Par ailleurs, le père du personnage principal ravitaille et éteint les lampes à pétrole de la ville, ce qui était un travail difficile – un employé devait entretenir 50 lanternes dans la cité chaque jour. L'éclairage électrique était quant à lui encore exotique, les gens ordinaires ont mis du temps à s'y habituer. Dans le film, la servante d’Alissa est ainsi plus à l'aise assise à la lumière de simples bougies.
Ensuite, les cours supérieurs pour femmes, auxquels Alissa rêve d'accéder, existaient également, bien qu'à Saint-Pétersbourg, ils s'appelaient cours Bestoujev, et qu'il était impossible de s’y rendre sans la permission de son mari ou de son tuteur. Le célèbre scientifique russe Dmitri Mendeleïev, qui apparaît dans plusieurs scènes du film, y a bel et bien donné des conférences.
Enfin, des bals à la russe ont eux aussi été organisés à Saint-Pétersbourg, dont le plus spectaculaire a eu lieu en 1903 au Palais d'hiver et a coïncidé avec le 290e anniversaire de la Maison Romanov. Les femmes ont à cette occasion revêtu des costumes de nobles du XVIIe siècle, des robes de paysanne et des kokochniks, tandis que les hommes se sont déguisés en streltsys (un ancien corps militaire) et en fauconniers. Le bal a donné lieu à des danses folkloriques russes exceptionnelles, que les invités avaient apprises à l'avance.
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Vers la moitié du film, le spectateur se rend compte que Les Patins d’argent n'est pas seulement un conte de fées du Nouvel An.
Matveï est un pauvre coursier privé de ses droits qui se fait rouler dans son travail et dont le seul moyen de gagner de l'argent est de se mettre au service d’un groupe de voleurs révolutionnaires.
Le rôle d'Alissa dans le film permet de son côté de traiter les sujets du féminisme et de l'égalité. Toute la société lui assure qu'une femme n'a pas besoin d'éducation et que le seul bonheur « féminin » est le mariage. Pendant ce temps, la moitié des femmes du film croient à la magie et aux médiums, faisant preuve d'une profonde ignorance.
Dans la Russie prérévolutionnaire, illustrée dans Les Patins d’argent, la bureaucratie était omniprésente – les rues de Saint-Pétersbourg étaient bloquées pour laisser passer les riches, tandis que les stalactites n’étaient enlevées des toits que si l'une d'elles tombait sur le maire. Les fonctionnaires mettaient en œuvre des projets de corruption sous couvert de production de produits nationaux, brûlaient des livres indésirables et présentaient la ruine du pays comme une vertu : « Les trous et nids-de-poule sont notre avantage stratégique par rapport à nos partenaires occidentaux ». Un spectateur attentif à l'actualité russe contemporaine verra ici aisément une satire de la Russie d'aujourd'hui.
Or, les parallèles ne s'arrêtent pas là. Dans le film, le fossé entre les classes sociales du pays s'accentue et les autorités suggèrent d'introduire des matraques à la place des sabres pour contrôler les émeutes dans les rues. De plus, l'un des personnages principaux, le prince Troubetskoï, qu'Alissa est censée épouser, est un agent des services spéciaux brutal dont la seule véritable passion est le pouvoir et l'argent. Tantôt, il affirme que le peuple devrait avoir peur d'un « policier armé d'un sabre », tantôt, il déclare avec assurance : « Vous aurez du mal à le croire, mais je suis un libéral » (ce qui, dans la Russie moderne, est presque devenu synonyme d'« opposant »).
Par conséquent, Les Patins d’argent est une sorte d'hommage à des épopées comme Titanic, dans lequel les divisions de classe et les problèmes sociopolitiques sont montrés avec une saveur russe prérévolutionnaire unique. Les fans de comédies romantiques et les amateurs d'histoires sur le triomphe de la liberté face à une cruauté injustifiable apprécieront assurément ce film.
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