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1. L'un des auteurs du plan général de Saint-Pétersbourg - Jean Baptiste Leblond (1679-1719)
« Je veux créer un potager qui ne sera pas pire que celui de Versailles », a déclaré Pierre Ier après avoir visité la France en 1717. Ce qu’il a vu en France a eu un si grand impact sur les idées de l'empereur russe concernant l’architecture et la planification urbaine que pour l'élaboration du plan général de sa nouvelle capitale, il a décidé de trouver d'urgence un architecte français. Le sort est tombé sur Jean-Baptiste Leblond, dont l'œuvre La théorie et la pratique du jardinage avait fait la renommée.
On sait que Pierre fondait de grands espoirs sur le maître français. Il l’a non seulement mis à la tête de tous les autres architectes, mais lui a également accordé un salaire fabuleux pour l’époque. Cependant, Leblond n'était pas destiné à répondre aux attentes du monarque russe. Son plan, selon lequel la ville était réalisée sous la forme d'ellipse, était considéré comme trop éloigné de la réalité. Par exemple, la place Troïtskaïa (la plus ancienne de Saint-Pétersbourg) et le célèbre Jardin d'été étaient au-delà de ses frontières. De plus, le projet du Français allait à l’encontre des caractéristiques du paysage local. Selon ses plans, l'île Vassilievski aurait dû être entourée de fortifications la séparant de la baie. Le rôle de la Neva, artère de transport importante de la ville et dotée d’un rôle majeur par le créateur de la première flotte russe, n’était en outre pas bien pensé.
Et même si finalement le projet de Leblond a été rejeté par Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg ayant été construite selon le plan de l’Italien Domenico Trezzini, la ville contient tout de même des traces des idées du Français. C'est ainsi lui qui a proposé le plan du parc supérieur de Peterhof, de Strelna, du grand palais de Peterhof et du Palais d'été de l'empereur russe. Leblond a laissé une innovation : le lampadaire à pétrole, inconnu auparavant des habitants de Russie. Selon son projet, quatre de ces dispositifs d'éclairage ont été installés près du Palais d'hiver. Malheureusement, l'architecte français n'a réussi à travailler dans le pays que pendant deux ans. Son travail a été interrompu par sa mort subite des suites d'une maladie.
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2. Le premier professeur d'architecture de l'Empire russe, Jean-Baptiste Vallin de la Mothe (1729-1800)
Amour malheureux et liens familiaux : ces deux circonstances ont contribué au déménagement de M. de la Mothe dans l'Empire russe. Jeune architecte avec une brillante formation, Jean-Baptiste Vallin de la Mothe a réussi à obtenir dans son pays natal plusieurs années de pratique et à participer à un concours pour la conception de la future place de la Concorde. À l'invitation de son cousin, il rejoint les travaux sur le projet de construction de l'Académie des Arts de Saint-Pétersbourg. C'est ce moment que la maîtresse de de la Mothe a choisi pour lui briser le cœur. Profondément humilié, Jean-Baptiste est allé soigner ses blessures affectives au pays des tsars, où il est devenu le premier professeur d'architecture du pays et le fondateur du classicisme russe.
La première œuvre de l'architecte français dans l'Empire russe fut Gostiny Dvor. Le dessin du futur bâtiment avait déjà été réalisé par l'italien Bartolomeo Rastrelli, mais dans un style baroque dépassé. Par respect pour son prédécesseur, de la Mothe a conservé son plan et sa composition, mais a simplifié la façade. Ce tact n'a pas été apprécié de tous et l’architecte a rapidement été accusé de plagiat. Toutefois, Catherine II a empêché qu’il soit écarté de l'activité architecturale. À la demande de l'impératrice, de la Mothe a créé un nouveau projet pour Gostiny Dvor à partir de zéro.
Grâce au Français, le Petit Ermitage, le palais Ioussoupov, l'église Sainte-Catherine et l'arche d'entrée Nouvelle-Hollande sont apparus à Saint-Pétersbourg. Fondateur du classicisme dans l'architecture russe, de la Mothe a réalisé tous ses projets conformément à ses conceptions de la symétrie, de l'équilibre de la composition et avec une majesté solennelle, soulignés par le décor et les sculptures. Il a enseigné l'art de l'architecture à de nombreux étudiants russes, parmi lesquels, par exemple, Vassili Bajenov, l'auteur du projet du Grand Palais du Kremlin, de l’ensemble constitué par le palais et le parc de Tsaritsyno (Moscou) et du Château des ingénieurs (Saint-Pétersbourg).
La maladie de son père a obligé Jean-Baptiste à se rendre d'urgence en France. Après sa mort, il a décidé de rester dans son pays. Lorsque Louis XVI a été exécuté en France, l'architecte, qui avait survécu à une paralysie et était aveugle d'un œil, a cessé de recevoir sa pension de l'Académie russe des sciences. Oublié de tous dans la nouvelle France révolutionnaire, il est mort dans un grand dénuement.
4. L'architecte principal de Moscou et créateur de l’Anneau des boulevards - Nicolas Legrand (1737/1741 - 1798)
Comme beaucoup d'autres architectes étrangers, Legrand, diplômé de l'Académie royale d'architecture française, est arrivé en Russie à l'invitation de l'Académie des Arts de Saint-Pétersbourg. Cependant, ses activités se sont rapidement étendues à Moscou, où il a enseigné à l'Université impériale, et a finalement obtenu le poste d'architecte en chef. Selon les témoignages de ses contemporains, Legrand « a beaucoup construit à Moscou », travaillant non seulement pour l'État, mais aussi sur des commandes privées, réalisant en outre des travaux complexes de réparation et de restauration et des projets de quartiers entiers. Peut-être est-ce en raison de cette activité bouillonnante que le travail de cet adepte français du classicisme est parfois difficile à attribuer. Néanmoins, on sait avec certitude que c'est lui qui a créé le complexe du Kriegskomissariat principal sur le quai Sadovnitcheskaïa et l'église de la dormition de la Vierge sur Moguiltsy avec une composition rare pour la Russie comprenant deux clochers qui rappelle l'architecture des cathédrales catholiques.
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La réalisation la plus importante de Legrand est cependant le nouveau plan de la ville, développé selon le principe d’un anneau avec des rayons. Le besoin s'est fait sentir dès le milieu du XVIIIe siècle, lorsque les bâtiments en bois chaotiques ont commencé à être remplacés par des bâtiments en pierre. L'architecte français, qui, apparemment, connaissait bien la planification des capitales européennes, a décidé de supprimer les murs de la Ville blanche (quartier historique de Moscou, ndlr), et à leur place d’ouvrir de larges boulevards, appelés plus tard « Anneau des boulevards ». Les rues centrales de l'ancienne capitale devaient être agrandies et déboucher sur l’Anneau, en construisant des fortifications (porte de l’Arbat, Miasnitski, Petrovski, etc.) à leur intersection avec les boulevards.
Ayant vécu dans l'Empire russe pendant la majeure partie de sa vie - environ 35 ans - Legrand maîtrisait parfaitement la langue locale et était familier avec la culture artistique russe, ce qui, selon les chercheurs, a eu un impact sur son travail. « Pour cela, il peut et doit être vénéré comme un maître russe, tout comme son fils, un architecte provincial de Tver, qui était russe », a écrit Igor Grabar, célèbre critique d'art soviétique.
5. L'auteur du célèbre Tsentrsoyouz - Le Corbusier (1887 - 1965)
On dit que quand il s’est retrouvé pour la première fois sur la place Rouge, Charles-Edouard Jeanneret (vrai nom de l'architecte) a qualifié la cathédrale Saint-Basile d'« œuvre d'un pâtissier ivre ». Ce n’est pas surprenant, car en ardent partisan du fonctionnalisme architectural et du modernisme, il prônait la pureté des formes géométriques.
Evidemment, le maître français ne ressentait aucune hostilité particulière à l'égard de Moscou, mais la capitale de la Russie, comme Paris, a suscité en lui un désir de restructuration globale. Réformateur audacieux, Le Corbusier voulait tout démolir sauf le Kremlin, le théâtre du Bolchoï et Kitaï-gorod, et inonder le centre-ville de gratte-ciel. À la périphérie de la capitale, selon son plan, devaient se trouver de vastes espaces verts, ce qui aurait fait de Moscou une véritable « ville jardin ». Staline, en l'honneur duquel a été nommé le style architectural le plus célèbre de l'époque - « Empire stalinien » - n'a pas été sensible à cette approche créative. En outre, le dirigeant soviétique a rejeté le projet de Palais des syndicats proposé par Le Corbusier.
Néanmoins, l'infatigable Français a contribué à façonner l'apparence de la capitale russe. Outre le fait que ses idées ont été activement utilisées dans la création de bâtiments résidentiels standardisés de la ville, il y a à Moscou un bâtiment érigé par le maître. Il s’agit du bâtiment Tsentrsoyouz à l'intersection de la rue Miasnitskaïa et de l'avenue Sakharov. L'occasion pour Le Corbusier d'y travailler lui a été fournie par des architectes soviétiques, qui, comme un seul homme, ont renoncé au projet au profit de leur respecté collègue français.
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La construction a eu lieu de 1930 à 1936, donnant naissance au premier « centre d'affaires » de Moscou avec un espace de travail idéalement organisé. Ce chef-d'œuvre architectural n'a cependant pas séduit tout le monde. Par exemple, le célèbre poète russe Ossip Mandelstam a promis, faisant allusion aux supports du bâtiment et au vitrage inhabituel de la façade, de ne jamais entrer dans les « palais de cristal sur cuisses de poulet ».
On sait que Le Corbusier était très satisfait de son projet en Russie et a toujours été impressionné par l'énergie de la capitale. C'est une usine à projets, la terre promise des spécialistes, mais pas du tout dans l'esprit du Klondike, a-t-il déclaré dans une interview dédiée à Moscou, très probablement dans une allusion à la nature socialiste du développement de l'architecture soviétique.
En 2015, un monument au grand maître a été inauguré dans la capitale, non loin du bâtiment Tsentrsoyouz, dans un hommage à sa contribution à l'urbanisme moscovite.
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