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Depuis la révolution de 1917 jusqu'à l'effondrement de l'URSS, plus de deux millions de personnes ont quitté la Russie, principalement pour des raisons politiques. Parmi eux se trouvaient de nombreux artistes, musiciens, philosophes, scientifiques et, bien sûr, des écrivains qui ne supportaient pas le régime totalitaire.
Vladimir Nabokov (1899-1977), émigré en 1919
Que lire : Machenka, Invitation au supplice, Lolita, Le Don, Autres rivages
Nabokov était le fils d'un homme politique opposé aux bolcheviks. Ainsi, lorsque le pouvoir soviétique s’est finalement établi dans le pays, toute sa famille a quitté la Russie. Ils n'avaient pas le choix.
D'abord, Nabokov est allé à l'université en Angleterre, puis il a vécu en Europe, mais a été obligé de fuir à nouveau – cette fois des nazis. Il a longtemps vécu aux États-Unis, où il a donné des conférences sur la littérature russe et a passé les dernières années de sa vie en Suisse, à Montreux, où il est enterré.
L’écrivain est probablement le seul sur notre liste à être devenu aussi célèbre en tant qu’auteur russe qu’américain. Il a écrit plusieurs de ses premiers romans en russe, puis est passé complètement à l'anglais, langue qu'il maîtrisait depuis son enfance. Il a également participé à la traduction de ses propres œuvres.
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Ivan Bounine (1870-1953), émigré en 1920
Ce qu'il faut lire : La Vie d'Arseniev, L’Amour de Mitia, le recueil de nouvelles Les Allées sombres.
Dès le tournant des XIX et XXèmes siècles, Bounine s’est fait connaître en tant que poète et auteur de nouvelles. En outre, il a réalisé des traductions poétiques de l'anglais. Dans les années 1910, Bounine a beaucoup voyagé, notamment en Europe, au Moyen-Orient et en Égypte. L’écrivain était hostile à la Révolution d’Octobre et, il a composé le livre Jours maudits sur la base de ses journaux d’exil, qui décrit les événements de cette époque.
En 1920, Bounine quitte le pays et se rend à Paris. Il a beaucoup fréquenté les autres émigrés russes et critiquait ouvertement le pouvoir soviétique. En France, l'écrivain a écrit son premier grand roman, La vie d'Arseniev, et a reçu en 1933 le prix Nobel de littérature.
Plus tard, les autorités de l'URSS ont proposé à Bounine de rétablir sa citoyenneté, mais celui-ci a refusé. Comme beaucoup d'émigrés russes ayant vécu à Paris, il est enterré au cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois.
Gaïto Gazdanov (1903-1971), émigré en 1920
Ce qu'il faut lire : Une soirée chez Claire, Chemins nocturnes, Le Retour du Bouddha
Gazdanov a quitté son pays natal assez tôt, bien qu'il ait réussi à se battre contre les bolcheviks du côté de l'armée blanche. Il a commencé à écrire une fois en exil en France.
Il a vécu la plus grande partie de sa vie à Paris. Au début, il vivait dans la pauvreté, faisait des petits boulots et passait même la nuit dans la rue. Dans le même temps, il a réussi à étudier à la Sorbonne. Même après avoir publié un premier livre à succès, Une soirée chez Claire, il peinait à joindre les deux bouts et travaillait comme chauffeur de taxi de nuit, une expérience qui a servi de base à un autre livre, Chemins nocturnes.
Gazdanov a demandé à l'écrivain prolétarien N°1 Maxime Gorki de l'aider à retourner dans son pays, mais Gorki est décédé et ses plans ne se sont pas concrétisés.
Lire aussi : Ivan Bounine, le retour en Grasse
Joseph Brodsky (1940-1996), émigré en 1972
Ce qu'il faut lire : ses poèmes, ses essais Quai des incurables et Loin de Byzance
Dans la littérature soviétique non officielle des années 1960, c’était un poète célèbre qui n’avait toutefois pas terminé le lycée. Il a tout simplement fui de ce dernier, travaillant soit dans des expéditions géologiques, soit à la morgue. Toutefois, il était la plupart du temps oisif et composait des poèmes. Il a été emprisonné pendant deux ans pour parasitisme et, en 1972, avec l'aide des éditeurs Karl et Ellendey Proffer, il a émigré aux États-Unis.
Il a enseigné la littérature à l'Université Ann Arbor et a essayé d'écrire des poèmes en anglais, qui n’ont toutefois pas eu de succès. Puis il s'est tourné vers l’essai et est devenu célèbre en Amérique en tant qu'écrivain en prose.
En 1987, Brodsky a reçu le prix Nobel de littérature. Et bien qu’il ait refusé de retourner dans son pays natal après une courte visite, c’est en Russie qu’il est devenu une vraie star et un symbole du poète exilé combattant le régime.
Sergueï Dovlatov (1941-1990), émigré en 1978
Que lire : La Zone, La Réserve, Le compromis, La valise
C'est l’un des principaux écrivains soviétiques humoristiques. Dans ses récits, il n’y a pas de satire aiguë, seulement des souvenirs touchants et parfois absurdes de la vie en URSS. Tout son travail est autobiographique : il a décrit comment il avait exercé les fonctions de surveillant pénitentiaire, comment il avait travaillé comme guide au musée des collines Pouchkine ou comment il buvait comme un trou lors de missions journalistiques.
En URSS, Dovlatov n’était pas imprimé en raison de son humour « idéologiquement néfaste » ; on lui a ensuite demandé de quitter le pays pour la diffusion de samizdat (impression clandestine, ndlr) en 1978. Il émigre aux États-Unis et s'installe à New York où il publie avec d'autres journalistes soviétiques un journal, des magazines et crée une radio russophone.
L'écrivain est décédé assez jeune - à l'âge de 48 ans - et a été enterré à New York. La fille de Dovlatov, Ekaterina, a réussi à faire nommer l’une des rues de la ville en l’honneur de son père : Sergei Dovlatov Way. Elle a également traduit les œuvres de Dovlatov en anglais.
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Vassili Axionov (1932-2009), émigré en 1980
À lire : L’Île de Crimée, Une Saga moscovite, contes
Enfant, Axionov a souffert du régime soviétique : ses parents ont été condamnés à 10 ans de prison et il a été envoyé dans un orphelinat pour enfants de prisonniers (sa mère, Evguenia Guinzbourg, est l'auteur de mémoires intitulées Le Vertige, sur l'époque de Staline, une œuvre qui a été mise à l’écran en 2009 dans le film Dans la tourmente avec Emily Watson). Il a ensuite été autorisé à se rendre à Magadan et à y vivre avec sa mère. Il a décrit ces années dans son livre Une brûlure.
Dans les années 1970, Axionov a été accusé d'être antisoviétique, et ses romans ont cessé de paraître. En 1980, il a été invité aux États-Unis où il est parti après avoir perdu sa citoyenneté. Il a donné des conférences sur la littérature russe et écrit des livres.
En exil, Axionov a écrit un grand roman sur plusieurs générations de la même famille durant les 30 premières années de l’époque soviétique. Le roman a eu beaucoup de succès. En Russie, une série a été tournée sur la base de celui-ci. Intitulée Une Saga moscovite, l’œuvre a été comparée au Docteur Jivago de Pasternak.
Axionov est l'un des rares émigrés à être retourné en Russie après la perestroïka, vivant entre son pays natal et la France. Il est mort et a été enterré à Moscou.
Sasha Sokolov (né en 1943), émigré en 1976
Ce qu'il faut lire : L’École des idiots, Entre le chien et le loup, Astrophobia
La biographie de cet écrivain ressemble à un roman d'espionnage, même s’il a mené une vie de solitaire au Canada. Sokolov est né à Ottawa. Son père a servi auprès de l’attaché militaire et de la Chambre de commerce de l'URSS, mais était probablement un espion soviétique – raison de son envoi au Canada avec sa famille.
Sokolov a tenté de fuir d'URSS à l'âge de 19 ans, mais a été arrêté à la frontière avec l'Iran. Les relations de son père l’ont aidé à sortir de prison. Par la suite, il a travaillé comme journaliste. En 1975, il épouse une Autrichienne et quitte l'URSS après le départ de cette dernière.
Un an plus tard, il déménage aux États-Unis. Karl et Ellendea Proffer ont publié son roman, L’École des idiots, que Vladimir Nabokov (qui appréciait très peu de gens) a fortement loué.
Sokolov a vécu aux États-Unis, puis au Canada et en Grèce, a été moniteur de ski et a enseigné la littérature. Il s’est rendu plusieurs fois en Russie. En 2017, le documentaire Le dernier écrivain russe a été tourné à son sujet.
Dans cette autre publication, nous parlons de six écrivains russes passés à deux doigts du Nobel de littérature