Ivan Bounine, le retour en Grasse

À l’initiative de la Renaissance française, la ville de Grasse a inauguré samedi 3 juin un monument à un de ses célèbres résidents, l'écrivain russe et lauréat du Prix Nobel de littérature Ivan Bounine.

Sur la photo : le sculpteur Andreï Kovaltchouk, le consul du Consulat général de Russie à Marseille Aleksandr Kokorinov, le maire de Grasse Jérôme Viaud, l'ambassadeur de Russie en France Alexandre Orlov, la présidente de La Renaissance Française en Russie Zoya Arrignon et le sénateur des Alpes Maritimes Jean-Pierre Leleux (de gauche à droite). Crédit : Gouzel AGUICHINASur la photo : le sculpteur Andreï Kovaltchouk, le consul du Consulat général de Russie à Marseille Aleksandr Kokorinov, le maire de Grasse Jérôme Viaud, l'ambassadeur de Russie en France Alexandre Orlov, la présidente de La Renaissance Française en Russie Zoya Arrignon et le sénateur des Alpes Maritimes Jean-Pierre Leleux (de gauche à droite). Crédit : Gouzel AGUICHINA

La sculpture, qui représente un homme vêtu à la mode de la première moitié du XXe siècle marchant le regard plongé dans le lointain, a trouvé samedi sa place dans le jardin de la Villa Saint-Hilaire, à Grasse. Réalisée par le sculpteur russe Andreï Kovaltchouk, l’œuvre immortalise dans le bronze le grand écrivain russe Ivan Bounine qui a vécu à proximité, dans de La Villa Belvédère, durant la période de l’entre-deux-guerres.

Crédit : Gouzel AGUICHINACrédit : Gouzel AGUICHINA

Ivan Bounine, qui au moment de la révolution bolchevique en Russie était déjà un célèbre écrivain, a perçu ce bouleversement comme une catastrophe pour son pays et une tragédie personnelle. En 1920, il a dû s’exiler à bord d’un bateau français qui évacuait les rescapés de l’Armée blanche. La Côte-d’Azur attire Bounine pour sa ressemblance avec la Crimée. Après deux années à Juan-les-Pins, l’écrivain décide de s’installer en 1923 à Grasse où il trouve un paysage magnifique et la tranquillité nécessaire pour écrire. Il fut accueilli avec d’autres artistes russes à la villa Montfleury, puis il loue la villa Belvédère où il rédige La vie d'Arséniev (1933), texte à caractère autobiographique, pour s’installer quelques années plus tard à la villa Jeannette où il passe les dures années de la Seconde Guerre mondiale.

C’est à Grasse qu'en 1933 Bounine a appris qu'il avait reçu le prix Nobel de littérature. Cet homme de nature mélancolique a été extrêmement heureux de cette reconnaissance et de cet hommage que Stockholm lui exprimait. D’ailleurs, comme l’a rappelé le maire de Grasse Jérôme Viaud, à l’époque aucune autorité étatique grassoise n’avait pris la peine de le féliciter. «  C’est à présent en ce lieu, dans cette statue, que nous voulons donner cette reconnaissance. Nous avons voulu cette journée comme une journée historique. Je voudrais rendre hommage à votre travail, à votre soin de chacun des détails que vous avez voulu apporter », s’est adressé le maire au sculpteur Andreï Kovaltchouk.

L’auteur du monument a avoué lors de la cérémonie qu’il avait travaillé sur la représentation d’Ivan Bounine plus de 20 ans pour trouver celle qui reflétait le mieux le monde intérieur très complexe de cet artiste au destin difficile. « Le départ de Russie était un véritable arrachement pour cet artiste, car la notion de terre russe est profondément ancrée dans son âme, et l’élastique qui l’inspirait à retourner, s’il avait pu, dans sa terre russe était un élastique de très forte puissance. C’est ce que nous pouvons lire sur son visage aujourd’hui », a remarqué de son côté Jean-Pierre Leleux, le sénateur des Alpes Maritimes, maire honoraire de Grasse.

Il a également souligné que Bounine n’avait jamais été bien dans sa peau, et la posture dans laquelle le sculpteur avait représenté l'écrivain – un pied en avant, avec une canne – illustrait parfaitement cette recherche d’équilibre qu’il semble avoir perdu. « Avec l’expression sérieuse, un peu mélancolique et probablement un peu nostalgique, il regarde l’horizon qui est éventuellement sa vie, mais aussi sa Russie natale et les plaines de la paysannerie russe qu’il a beaucoup commentées. Le style d’Andreï Kovaltchouk est fortement inspiré du sculpteur Auguste Rodin  », a commenté le sénateur.

Crédit : Gouzel AGUICHINACrédit : Gouzel AGUICHINA

Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, a rappelé dans son intervention qu’Ivan Bounine était un des dizaines de milliers des Russes qui ont dû fuir la Russie à cause de la révolution bolchevique. « Je voudrais saisir cette occasion pour remercier la France et la ville de Grasse d’avoir accueilli ces Russes qui sont venus en orphelins et ont trouvé ici leur deuxième patrie », a déclaré l’ambassadeur russe aux participants de la cérémonie. Il a rajouté que grâce à la volonté de la ville, grâce à l’initiative de l’association la Renaissance française en Russie et au génie de l’un des meilleurs sculpteurs contemporains russe, Ivan Bounine était revenu à Grasse, la ville qu’il avait tant aimée et où il avait trouvé un havre de paix et une source d’inspiration.

« Pour nous, les Russes, son nom est pour toujours lié à la ville de Grasse. Je suis convaincu, que les nombreux touristes russes qui viennent sur la Côte d’Azur, feront le détour spécialement pour admirer cette belle œuvre d’Andreï Kovaltchouk », a dit l’ambassadeur.

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