Sept livres idéals pour s'immerger dans le quotidien de la Russie impériale

Film "Guerre et Paix" produit par Sergueï Bondartchouk, 1965

Film "Guerre et Paix" produit par Sergueï Bondartchouk, 1965

Global Look Press
La vie de la dynastie Romanov passionne les lecteurs du monde entier. Mais à quoi ressemblait à leur époque le quotidien d’un citoyen ordinaire de l'Empire, qu’il soit noble ou paysan? Nous avons rassemblé les œuvres les plus immersives pour vous en livrer une fidèle représentation.

Eugène Onéguine, Alexandre Pouchkine

Ce roman en vers est qualifié d’« encyclopédie de la vie russe ». On peut en effet y trouver des descriptions tant de la vie provinciale des propriétaires terriens, que des bals de la cour et sorties au théâtre. Pouchkine familiarise avec autant de ferveur le lecteur aux rêves secrets des jeunes filles de la noblesse, aux habitudes des dames de sang-froid, et même à la routine quotidienne d'un jeune dandy.

Guerre et Paix, Léon Tolstoï

Il est difficile de trouver un livre plus détaillé sur la vie russe : l’action se déroule à la fois à Moscou, à Saint-Pétersbourg et à la campagne. Propriétaires terriens, représentants de la haute société, paysans et soldats, l'écrivain semble s’être mis dans la peau de tous et parler en leur nom.

Tolstoï décrit un salon mondain, les conversations au sujet de la politique, les inquiétudes concernant la guerre contre Napoléon. Il n’est pas non plus avare de mots pour retranscrire les détails des scènes de bataille et les conversations des soldats dans les tranchées. Il explique clairement ce que c'était que d'être un hussard, de boire du champagne et d’amener un ours à une fête... Il aborde ainsi à merveille la réalité des différentes strates de la population.

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Le Manteau, Nicolas Gogol

Gogol met en scène, de manière fantasmagorique comme à son habitude, la vie d'un homme ordinaire, un fonctionnaire insignifiant. Akaki Akakievitch Bachmatchkine vit à Saint-Pétersbourg, et il est difficile d'imaginer le montant de son salaire, car il porte le même manteau depuis de nombreuses années. Quand le tailleur lui annonce qu'il est impossible de le raccommoder pour l'hiver prochain et qu’il faudra en coudre un nouveau, Bachmatchkine est terrifié. Néanmoins, toute sa vie repose à présent dans ce nouveau manteau et il en prend soin comme de la prunelle de ses yeux. Malheureusement, ce personnage solitaire et misérable n’est pas au bout de ses peines.

Oblomov, Ivan Gontcharov

Ne pas avoir à travailler et rester allongé sur son canapé toute la journée, connaissez-vous ce sentiment ? Telle est la vie du personnage central de cette œuvre, représentant celle de bon nombre d’individus aisés en Russie impériale. Il suffisait de toucher un important héritage pour se la couler douce et si en plus vous possédiez des terres à la campagne avec des serfs, vous pouviez considérer votre vie comme un succès.

Ilya Oblomov ne peut en réalité être soulevé du canapé que par amour, mais pas pour longtemps. Ce monument littéraire narre la vie d'un noble propriétaire ne se démarquant en rien, si ce n’est pas son oisiveté. Gontcharov l’oppose d’ailleurs à d’autres personnages, d’origines plus modestes mais plus actifs, et dont le portrait est ainsi plus élogieux.

Nid de gentilhomme (ou Pères et fils et Roudine), Ivan Tourgueniev

Le titre du roman est entré dans le langage courant : un « nid de gentilhomme » désigne en effet une propriété où vivait une grande famille et qui a été transmise en héritage. C'est aussi un lieu d’affinité mentale, où les enfants partis du « nid » peuvent toujours revenir.

Ces « nids » ont toujours eu leur propre mode de vie, leurs occupations habituelles. Tourgueniev, de son côté, observe avec tristesse sa « ruine » : les enfants ne veulent plus posséder des terres et des serfs, et n’aspirent qu’à décider eux-mêmes de leur destin.

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Les Démons, Fiodor Dostoïevski

Dostoïevski, profondément croyant, s’intéresse ici à la nouvelle génération apparue après l'abolition du servage en 1861, en quelque sorte de révolutionnaires défiant les normes sociales. Leurs idées nuisibles, tels des démons, se propagent dans la ville et empoisonnent la vie des provinciaux ordinaires.

Doté d’une sombre personnalité, Nicolas Stavroguine, l'un des personnages principaux, est communiste et athée. Il se comporte avec effronterie et crache sur les normes de bienséance : il entre même ouvertement en contact et sans intermédiaire avec des jeunes filles célibataires, du jamais vu au XIXe siècle. Suite à son arrivée de l'étranger dans une petite ville provinciale russe, les malheurs y commencent donc : incendies, duels, querelles.

Un autre révolutionnaire, le manipulateur et rusé Pierre Verkhovensky, fonde une société secrète dont l'idée principale est que c’est le peuple qui porte Dieu en lui, et non le Tsar. Afin de renforcer l’union, il organise le meurtre d'un parfait innocent.

La Cerisaie, Anton Tchekhov

Si Tchekhov traite également de l'appauvrissement des domaines aristocratiques et du rôle perdu de la noblesse dans ses fameuses LesTrois Sœurs, dans La Cerisaie s’offre au lecteur toute une palette de représentations des nobles de l'ancienne et de la nouvelle formation, mais aussi des immigrants oisifs et des entrepreneurs actifs.

Au début du XXe siècle, les gens d'autres classes sociales, comme les domestiques, ont joué un rôle de plus en plus important. Chez Tchekhov, ils apparaissent d’ailleurs comme des membres de la famille, alors qu'ils avaient auparavant une place très mineure dans la littérature.

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