Olga Rozanova
La seule des Amazones de l'avant-garde qui a réussi à inventer son propre courant moderniste – le tsvetopis. Comme de nombreux artistes d’avant-garde, Rozanova a beaucoup expérimenté dans de nouvelles directions avant de trouver sa voie. Elle était futuriste et, avec son amant, le poète Alexander Kroutchenykh, elle a créé un livre futuriste où le texte et les images se fondaient en un tout. Leur travail le plus célèbre était l'album en noir et blanc Guerre. Elle a brièvement rejoint le groupe Supremus de Kazimir Malevitch.
En 1917, elle a réalisé ses chefs-d’œuvre La Raie verte et Composition sans objet, qui ont anticipé de plusieurs décennies l’expressionnisme abstrait de Mark Rothko et Barnett Newman.
Varvara Stepanova
Épouse et alliée de l'avant-gardiste Alexander Rodtchenko, Stepanova est à l'origine du constructivisme. En 1921, elle quitte la peinture, déclarée « constructiviste bourgeoise », orientant son talent vers « l'art utile » - le design. Elle est devenue l'un des inventeurs du vêtement industriel, le basant sur un seul modèle qui changeait en fonction des exigences professionnelles.
Au début des années 20, avec Lioubov Popova, elle a travaillé à l’usine Sitsezabivnoï, où elle a mis au point des ornements pour les tissus dans l’esprit de l’avant-garde.
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Alexandra Exter
Un des premiers artistes femmes russes, Alexandra Exter s'est tournée vers la peinture abstraite. Elle découvre le cubisme l'année de son apparition, en 1907, lors d’une visite à Paris où elle rencontre Picasso, Braque et Apollinaire. Passée par le cubisme, elle est cependant devenue célèbre pour ses paysages urbains dans le style du cubo-futurisme avec ses vues de l'Italie.
En 1916, elle se tourne vers la peinture sans objet, qui se distingue par une couleur et une dynamique particulières. Elle a créé de brillants projets au théâtre de chambre de Moscou, transférant le cubisme sur la scène.
Zinaïda Serebriakova
Dans son art, on dénote de forts échos du modernisme. Les héroïnes de ses portraits sont l'incarnation de la beauté et de la poésie de l'âge d'argent. Romantiques et sereines, elles semblent vivre en dehors des tempêtes de la vie, dans un monde de féminité éternelle, où le rugissement des révolutions et des guerres n’arrive pas. Cependant, l’artiste elle-même a subi l’histoire de plein fouet. Après la révolution, son mari est décédé. Serebriakova et ses quatre enfants sont restés sans argent. Quand elle est partie à Paris au milieu des années 1920, deux de ses enfants sont restés en URSS.
Les œuvres les plus célèbres de Serebriakova sont Autoportrait pendant la toilette, ainsi que Blanchiment de la toile du cycle paysan.
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Natalia Gontcharova
La « suffragette de la peinture russe » est aujourd'hui l'artiste femme russe la plus chère - ses œuvres atteignent 6,5 millions de livres aux enchères. Le néo-primitivisme, l'iconographie et les dernières tendances artistiques d'avant-garde se sont rencontrées dans son art. Repensant la peinture religieuse, Gontcharova a créé sa version moderne dans sa série paysanne.
Dans sa jeunesse, elle a activement participé aux actions des futuristes, et a tourné dans leurs films seins nus. Après la révolution, elle a déménagé avec son mari Mikhaïl Larionov à Paris, où elle a principalement travaillé dans les saisons russes de Serge Diaghilev.
Lioubov Popova
Passionnée par le cubofuturisme et le suprématisme, Popova a trouvé sa voie dans le constructivisme. En 1921, les artistes se tournaient vers la « fabrication d'objets ». « Les activités de l'artiste contemporain se déroulent inévitablement dans les limites d'une production spécifique », écrivit Popova. Avec Varvara Stepanova, elle s'est concentrée sur la création de vêtements pour la production.
Dans ses costumes, le rôle constructif et fonctionnel était mis en avant. La coupe spéciale des poches, des coutures, des ceintures et des fermetures distinguait l’ouvrier, le pilote, l’agitateur et les autres professions « révolutionnaires ».
Vera Moukhina
Cette sculpteuse murale fait partie de ceux qui ont créé le style héroïque de la sculpture soviétique. Ses héros sont les titans de la nouvelle vie soviétique, les conquérants de l'histoire. Elle participe activement à la concrétisation du plan de propagande monumentale des années vingt.
L’œuvre principale de Moukhina est la sculpture de 24 mètres intitulée L’Ouvrier et la Kolkhozienne, créée pour le pavillon soviétique à l’exposition universelle de Paris en 1937, et qui domine aujourd’hui le parc VDNKh de Moscou. Après la guerre, elle a travaillé sur des portraits de l'intelligentsia soviétique.
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Tatiana Nazarenko
L’art de Nazarenko est devenu emblématique des années 1970-1980. Dans le cadre de l’école d'art réaliste, elle a réussi à incarner les aspirations de son temps en exprimant la voix de l'intelligentsia soviétique. Elle se concentre sur les sentiments personnels, la réflexion, un sentiment d'insatisfaction, la solitude, exprimés à travers les détours, la métaphore, l'allégorie. Elle s'intéresse à son propre destin, à celui des êtres chers, à la vie de sa génération.
En URSS, Nazarenko a été accusée de description laide de la réalité en raison de l’apparence grotesque des personnages inhérents à son style.
Lidia Masterkova
Un des rares artistes de sexe féminin appartenant au cercle des non-conformistes. Dans les années 1950, elle a rejoint le « groupe de Lianozovo », qui comprenait des poètes et des artistes non officiels - Oskar Rabin, Heinrich Sapgir et Vladimir Nemoukhine, avec lequel l'artiste a entretenu une relation pendant 14 ans. Masterkova peignait dans le style de l'abstraction métaphysique, conférant une signification sacrée aux formes géométriques.
Elle a également utilisé des techniques de collage dans ses compositions, notamment la dentelle, le brocart et les tissus antiques. Elle a participé à la légendaire Exposition Bulldozer, et est partie pour Paris en 1975 après son démantèlement par les autorités.
Irina Nakhova
Dans les années 1980, Nakhova entra dans le cercle du conceptualisme moscovite. Elle est devenue la première artiste de l'URSS à créer une installation complète de « Pièces » dans son appartement de Moscou. Au début des années 1990, elle a déménagé aux États-Unis.
Dans ses installations, elle utilise différents supports - peinture, photographie, collage, vidéo. L'une de ses œuvres les plus célèbres est le vagin géant de l'installation Reste avec moi, qui compresse étroitement le spectateur. En 2015, elle a représenté la Russie au pavillon national de la Biennale de Venise.
Aïdan Salakhova
La principale odalisque de l'art russe moderne explore le destin des femmes de l'Est dans le monde moderne. Son art brille de la tension qui apparaît à la croisée de l’Est et de l’Ouest, de la tradition et de la modernité, de l’éternité et du momentané. Ses beautés orientales évoluent dans le monde du bonheur et de la tentation, cachant une sexualité explosive derrière leurs voiles.
Dernièrement, Salakhova a quitté la peinture pour la sculpture, découpant dans le marbre les symboles de son univers artistique – minarets-phallus et vagins-kaabas.
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Irina Korina
Chercheuse ironique de la culture post-soviétique, Korina dissèque sans détours la vie russe moderne. Elle travaille dans le genre de l’installation, avec l'habileté d'un scénographe dirigeant la lumière, le son et l'espace. Mais le principal médium dans la palette des moyens expressifs qu’elle utilise est la texture. L’artiste sent le matériau si subtilement que dans la combinaison de sacs en toile cirée, de tuiles, de tôles ondulées, de parements, de laminés, de sacs plastique et de bouts de papier peint, qu’elle utilise dans ses œuvres, notre époque est décrite dans toutes caractéristiques.
Ses expositions se sont tenues dans de nombreux musées du monde. Elle a participé au projet principal de la Biennale en 2017.
Olga Tchernycheva
Tchernycheva travaille dans différents genres - peinture, graphisme, photographies, mais ce sont ses œuvres dans le genre de l'art vidéo lui ont valu la plus grande renommée. Sa thèse à l’école de cinéma moscovite VGIK était dédiée à Pavel Fedotov, l'artiste russe le plus sarcastique du XIXe siècle. Depuis lors, l'esprit de Fedotov hante l'artiste. Elle est une observatrice attentive et ironique de la vie post-soviétique avec tous ses espoirs, ses rêves déçus et ses contradictions.
Tchernycheva est l’une des artistes russes les plus exposées à l’Ouest et le seul artiste russe à figurer dans le nouveau livre « Femmes artistes » de Thames & Hudson.
Anna Jeloud
Anna est une artiste qui poétise la « beauté de la laideur ». Son attention se concentre sur les objets les plus prosaïques qui nous entourent dans la vie quotidienne - les vieilles canettes, casseroles, bouilloires et fers à repasser sont devenus ses héros, d'abord dans la peinture, puis dans les sculptures qu'elle crée à partir d'une tige de métal courbée. Jeloud ne laisse que les squelettes des choses, de sorte que, ayant perdu leur chair de fer, elles se transforment en idées d'objets, en doubles qui ont oublié leur but quotidien.
Elle a participé au projet Communications à l'exposition principale de la 53e Biennale de Venise.
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Taus Makhatcheva
Makhatcheva a consacré son art à l'étude de la manière dont les traditions et rites anciens coexistent avec la modernité dans la culture du Daghestan, une république du Caucase au sein de la Fédération de Russie. Diplômée de Goldsmiths et du King's College de Londres, elle travaille dans le genre de l'art vidéo, créant des mises en scène ironiques et collectionnant des histoires de vie.
Pour l'image de super-femme SuperTaus dans le projet Sans titre 2, Makhatcheva a reçu le prix russe Kandinsky en 2016.
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