Le légendaire baryton soviétique Eduard Khil était connu comme le « symbole de Leningrad » dans sa jeunesse. Cependant, il est surtout célèbre pour être devenu, bien malgré lui, une figure légendaire d’Internet.
En 2009, quelqu’un de visiblement désœuvré a retrouvé une performance de Khil aux paroles insensées qui remontait à 1976. Presque du jour au lendemain, le lauréat du Prix de l'artiste du peuple russe, formé au conservatoire, a été présenté à l'Occident sous la forme d'un mème : sa chanson Trololo incarnait à merveille l’idée du trollage, ce qui était encore renforcé par le grand sourire maladroit illuminant sur son visage. Avec son rictus maintenant copié-collé sur chaque forum et fil de commentaires, la chanson a été affectueusement surnommée « rickroll russe » pour certains, ou « hymne national » d’Internet pour d’autres.
Ce que la plupart des gens ne savent pas, c’est que Khil blaguait réellement en faisant ce tube. Intitulée à l'origine Je suis très heureux, car je rentre enfin chez moi, cette ballade en boucle racontait l'histoire d'un cow-boy américain. Un récit déclare que Khil a changé les paroles parce qu'elles risquaient d'être interdites par la censure soviétique. (Cependant, il a également été dit que Khil ne pouvait pas se mettre d'accord sur les paroles avec l'auteur de la chanson).
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Khil a remplacé les paroles par du charabia pour un concert, constituant une forme de protestation à son époque (plutôt qu'un symptôme de goûts musicaux « décalés» mal interprétés en Russie).
Fils spirituel d'Eduard Khil, avec ses sons insensés et ses expressions faciales déconcertantes, Vitas a acquis une renommée sur Internet en Occident vers 2015. Malgré sa gamme vocale de cinq octaves et un début de carrière assez prolifique en Russie et en Chine, Internet ne s’intéressait pas à lui jusqu'à ce que 7th Element ait été révélé dans toute son étrangeté.
Il est difficile de mettre le doigt sur l’attrait exact de cette vidéo, mais c’est probablement le mélange des expressions faciales étrangement enfantines de Vitas, de son costume et de l’impression d’ensemble du show qui crée un cocktail inimitable. Avec maintenant 111 millions de vues sur YouTube, la valeur de choc éternel de 7th Element en a fait un mème qui continue d’être diffusé.
Ce Backstreet Boys à trois copecks datant de 2002 a connu une explosion fulgurante en ligne en 2007, remportant le titre de « pire clip musical de tous les temps ». Il est facile de comprendre pourquoi : l'écran vert, les expressions faciales apathiques, les mèches blondes presque blanches et un playback affreux qui n'aide pas vraiment leur cas... Tout cela a joué un rôle. La chanson est devenue un phénomène remarquable du Nouvel an par la suite.
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Malgré l’hilarité initiale, il y avait une histoire touchante derrière Novi God (Nouvel an). Après tout, il ne s’agissait que de quatre jeunes gars venus d’un orphelinat qui tentaient de jouer le grand jeu. Regardez-les, ils font de leur mieux et s’amusent bien, et leurs voix ne sont pas si mauvaises non plus.
Alors oui, si vous ne trouvez pas Novi God au moins un peu attachant, vous êtes fondamentalement une personne méchante.
« L'hymne national du gopnik » est peut-être la chanson de hard bass la plus célèbre de tous les temps (un genre devenu un mème en soi). En dépit de son message anti-drogue sain, la chanson incarne tous les archétypes de la sous-culture « gopnik » (ces racailles en survêtement venues de Russie) : hédonisme extrême, ostentation, culture russe de bas étage et attitude « majeur en l’air ». En conséquence, la chanson a décollé parallèlement à la montée en puissance de pages de mèmes telles que Squatting Slavs in Tracksuits (Slaves accroupis en survêtement). Elle se targue désormais plus de 31 millions de vues sur YouTube.
Un montage de la chanson sur une danse de l'Armée rouge a également enregistré 22,5 millions de vues.
Ironique ou pas, la résurgence en ligne de l’hymne de l’URSS est une forme élaborée de trolling. Ce remix techno de 2014 serait l’un des premiers catalyseurs de sa mèmification :
Depuis lors, l'hymne a été recyclé d'innombrables fois comme un tube à hauteur valeur ajoutée en termes de choc et comme usine à mèmes. On l’utilise même volontiers dans des dessins animés pour enfants - consultez Soviet Bart:
Il en va de même pour ce montage de la tendance « YouTubers React » perpétuellement obsolète :
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Quant à ces enfants américains qui ont remplacé l’hymne national dans une assemblée d’école et obligé toute l’école à se lever pour l’hymne soviétique - leurs allégeances politiques ne sont pas claires, mais c’est probablement une blague. Peut-être...
Propulsées sur la scène internationale, les deux membres du groupe russe Tatu ont connu au début des années 2000 un succès fulgurant. Que sont-elles devenues depuis ? Nous vous l’expliquons dans cet autre article.
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