Du 23 juin au 15 juillet, le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris accueille une exposition exceptionnelle intitulée Les splendeurs du patrimoine artistique de la Russie, présentant des œuvres réalisées par les maîtres et les élèves de l’Académie des Arts Folkloriques de Saint-Pétersbourg.
Cet établissement de l’enseignement artistique supérieur, spécialisé dans les arts artisanaux russes, est unique au monde. Sa mission est de préserver les riches traditions et l’héritage culturel du pays, de réintroduire et de développer l’artisanat traditionnel dans les centres historiques régionaux et de leur donner un souffle moderne.
Lire aussi : Comment les designers russes redéfinissent-ils l’artisanat traditionnel?
Les bases de L’Académie furent établies au XIXe siècle, lorsque l’impératrice Maria Fiodorovna (la mère de Nicolas II) fonda les premières écoles de dentellerie Mariinsky à Saint-Pétersbourg. L’épouse du tsar Nicolas II, Alexandra Fiodorovna, créa à son tour à Saint-Pétersbourg l’école des arts populaires. Les diplômées de l’école étaient ensuite envoyées enseigner dans des établissements régionaux. C’est grâce à ces deux impératrices que l’art folklorique russe commença à être promu au niveau international. Les artistes russes participèrent ainsi en 1895 à l’Exposition des arts populaires de Paris et obtinrent les premiers prix en dentellerie artistique.
Les œuvres faisant partie de l’exposition actuelle représentent les principaux domaines d'études proposés par l’Académie des Arts Folkloriques de Saint-Pétersbourg. Les visiteurs peuvent par conséquent admirer des robes et d’autres pièces de la garde-robe féminine, confectionnées avec les techniques traditionnelles de dentellerie et de broderie, mais aussi des œuvres de joaillerie et des sculptures de bois. Une autre partie de l’exposition met en valeur 49 peintures : icones, tableaux, miniatures et objets laqués.
Lire aussi : Les miniatures de Palekh s’inspirent des contes de fées et des motifs russes
La plupart des objets exposés au Centre culturel sont des travaux de fin d’études, celles-ci durant, selon la spécialisation des étudiants, de 3 à 6 ans. Il s’agit de véritables pièces de collection, fabriquées en un seul exemplaire et conservées à l’Académie. Certains objets ont demandé à leurs auteurs deux ans de travail - de la conception à la réalisation finale. Tout le matériel utilisé est naturel et correspond à ce qui était utilisé traditionnellement par les artisans d’antan. L’improvisation est cependant possible au niveau des modèles, formes et sujets interprétés.
Elena Saïfoulina, directrice du Département de broderie artistique et de dentellerie de l’Académie est venue à Paris afin de présenter les travaux de ses étudiants. Selon la pédagogue, certaines techniques régionales russes de dentellerie ont pratiquement disparu et ne sont plus exécutées, même dans leurs régions d’origine. C’est ainsi grâce au savoir-faire des spécialistes de l’Académie des Arts Folkloriques de Saint-Pétersbourg qu’elles seront « réintroduites » parmi les métiers artisanaux contemporains.
Lire aussi : Dans le secret des jouets de Dymkovo
Tous les enseignants de l’Académie sont des spécialistes de haut niveau, des connaisseurs rares et uniques des arts folkloriques, nombreux sont même des « artistes émérites » (un titre honorifique décerné par le gouvernement russe pour leurs réalisations exceptionnelles dans le domaine artistique).
Les étudiants viennent de toute la Russie, mais aussi d’Estonie, d’Ukraine et du Kazakhstan. L’Académie forme ses élèves dans 20 disciplines d’artisanat traditionnel russe, dont la dentellerie (de Vologda, de Kirichi, de Mikhaïlovo), la broderie artistique, la peinture miniature laquée (4 types différents : Misterskaïa, Kholouïskaïa, Palekskaïa, Fedoskinskaïa), la sculpture sur os, la joaillerie, l’ornementation décorative sur métal ou encore la peinture d’icônes.
Elena Saïfoulina souligne que chaque type d’art folklorique est étroitement lié au centre régional où il est né et s’est développé, et auquel il doit son histoire, sa technique, son esthétisme, ses particularités de couleur, de forme et de tradition. Il est inconcevable d’exporter un art particulier d’une région à une autre. Pour cette raison, l’Académie possède 8 filiales directement situées dans les centres régionaux historiques de ces arts populaires. Tout récemment, une filiale a été inaugurée dans la ville finlandaise de Porvoo - centre des arts folkloriques de Finlande.
Lire aussi : Le kokochnik, cette coiffe authentique russe qui tente de trouver un second souffle
C’est dans ces écoles que les gérants de fabriques d’objets d’artisanat viennent chercher de jeunes artistes et concepteurs, l'ancienne génération de maîtres disparaissant progressivement, et la plupart des artisans actuels ne répondant plus au niveau et à la qualité exigés par les consommateurs modernes. Ce ne sont plus les objets considérés comme kitchs, mais les produits de luxe, fabriqués selon le savoir-faire ancestral, qui sont en effet recherchés.
En moyenne, annuellement, environ 50 à 60 spécialistes reçoivent un diplôme de l’Académie des Arts Folkloriques de Saint-Pétersbourg. Ils sont demandés dans divers domaines artistiques et industriels – le design de vêtements et d’intérieur, la conception de costumes de théâtre, la restauration d’objets d’art, la muséologie, mais également l’enseignement.
Durant l’exposition, plusieurs ateliers ouverts au public auront en outre lieu sous la direction des professeurs de l’Académie de Saint-Pétersbourg.
Si l’artisanat russe vous intéresse, retrouvez ici notre grand catalogue des objets les plus célèbres de cette pratique ancestrale de Russie.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.