Avis aux collectionneurs et aux passionnés d’art russe : une collection de chefs-d’œuvre de la maison Fabergé ainsi que des objets de provenance impériale et des toiles d’artistes russes et soviétiques, dont celles de Nicolas Roerich et de Natalia Gontcharova - 310 lots au total -, seront placés sous le feu des enchères chez Christie’s le 27 novembre prochain. Selon les estimations de Margo Oganesian, spécialiste du département d’art appliqué et décoratif, la majorité des clients - entre 70 et 80% - seront des russophones.
L’orfèvrerie Fabergé
Une rare collection d’objets conçus par la célèbre maison de joaillerie, qui a connu le privilège d’être nommée fournisseur de la Cour impériale de Russie, est d’ores et déjà désignée comme favorite des prochaines enchères. Soigneusement recueillie il y a plus de 30 ans par un fervent amateur de Fabergé, elle ne comporte pourtant pas d’œufs ou de pittoresques fleurs, avec lesquels certains ont tendance à associer Fabergé.
Comme le rappelle Alexis de Tiesenhausen, directeur international du département russe chez Christie's, on oublie souvent les pièces miniatures signées Fabergé, dont on ne compte qu’une dizaine d’exemplaires. L’une d’entre elles, une chaise à porteurs en or et en émail guilloché, couverte à l’intérieur de nacre, sera justement mise en vente. La dernière fois qu’un meuble en miniature similaire a fait son apparition aux enchères date d’il y a plus de dix ans, précise-t-on à Christie’s. Ce lot est alors parti pour la bagatelle de 2,28 millions de dollars (1,97 million d’euros, selon le taux de change actuel).
L’une des principales fiertés des prochaines ventes est un rhinocéros mécanique en argent, estimé à 394 200 - 525 600 dollars (340 000 – 453 000 euros environ). Ce lot est extrêmement rare - seules quatre pièces ont été préservées jusqu’à nos jours.
Lire aussi : L'épopée Fabergé de la splendeur à la chute de la Russie impériale
Celle qui sera mise en vente par Christie’s a été offerte par l’impératrice Maria Fiodorovna de Russie à son petit-fils, le prince Vassili Alexandrovitch, alors qu’il souffrait du typhus. C’est au descendant de ce dernier que le collectionneur aujourd’hui décédé avait racheté ce rhinocéros.
Encore un incontournable joyau, sera proposé à l’achat une broche Fabergé en forme de flocon de neige. Réalisée en argent, en or, en diamant et en cristal de roche, elle a été créée à partir des esquisses d’Alma Pihl, première et unique femme ayant travaillé pour la fameuse maison de joaillerie.
Lire aussi : Ces joailliers qui fournissaient les tsars
D’autres témoins de l’époque impériale
Outre les pièces fabriquées par la maison de joaillerie Fabergé, d’autres œuvres de l’époque prérévolutionnaire seront présentées aux enchères, dont le porte-cigares offert par Maria Fiodorovna à son époux Alexandre III en 1890 à l’occasion du 24e anniversaire de leur alliance.
On y verra par ailleurs un vase monumental fabriqué par la Manufacture impériale de Saint-Pétersbourg et datant de l’époque de Nicolas Ier, des ordres impériaux de Saint-André Apôtre le premier nommé, ainsi qu'une dague en or et en ivoire qui a appartenu, à en croire l’inscription en or sur son étui, à l’imam Chamil, chef de guerre des tribus caucasiennes entre 1834 et 1859.
Des décennies d’art pictural russe
Des toiles d’artistes tels que Natalia Gontcharova, Vassili Verechtchaguine, Apollinaire Vasnetsov, Abram Arkhipov et Nicolas Roerich trouveront également leur place aux enchères de Christie’s.
Parmi les lots les plus convoités, Christie’s cite Nature morte avec théière et oranges de Gontcharova, qu’on avait pris pendant de longues années pour une œuvre du peintre russe naturalisé français Michel Larionov. Ce tableau peint à l’huile est évalué entre 656 000 et 918 200 dollars (565 600 – 791 850 euros environ). Méritent également une attention particulière La Sainte famille de Verechtchaguine, peinte entre 1884 et 1885 et influencée par la Vie de Jésus de Joseph Ernest Renan, Café de la Rotonde de Marie Vassilieff, élève d’Henri Matisse et figure de Montparnasse.
Lire aussi : Une exposition d’œuvres de Chaïm Soutine débarque finalement en Russie