Portrait de Nicholas Roerich. Crédit : Sviatoslav Roerich
Nikolaï Roerich appartient à la pléiade des figures marquantes de la culture russe et mondiale. Artiste, scientifique, voyageur, militant, écrivain, penseur, son talent polyvalent n'est comparable par son étendue qu'à celui que des géants de la Renaissance.
Le patrimoine artistique de Nikolaï Roerich est énorme – plus de sept mille tableaux dispersés à travers le monde, d'innombrables œuvres littéraires – livres, essais, articles, carnets...
En Russie, les principales collections d'œuvres de Roerich sont conservées à la Galerie Tretiakov et au Musée d'art oriental de Moscou.
Après avoir terminé le lycée Karl May en 1893, Nikolaï Roerich entre simultanément à la faculté de droit de l'Université de Saint-Pétersbourg (diplômé en 1898) et à l'Académie Impériale des Beaux-Arts. À partir de 1895, il étudie dans l'atelier du célèbre Arkhip Kouïndji.
À cette époque, il est en contact étroit avec des figures culturelles éminentes de l'époque : V. Stassov, I. Repine, N. Rimski-Korsakov, D. Grigorovitch, S. Diaghilev. En 1897, N. Roerich est diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg et sa peinture de diplôme Le messager a été achetée par le célèbre collectionneur d'art russe P. Tretiakov.
À 24 ans seulement, Nikolaï Roerich devient directeur adjoint du Musée de la Société impériale pour l'encouragement des arts, et dans le même temps rédacteur artistique associé de la revue « Le Monde de l'art ».
Beaucoup de toiles de l'artiste ont été créées à partir des images, des pensées et idées créatives de sa femme Elena. Mais les idées de son épouse ne sont pas incarnées uniquement dans ses peintures – difficile de mentionner un seul domaine de l'activité de N. Roerich dont elles seraient absentes.
Derrière chaque acte créateur de Nikolaï Roerich, chaque poème et chaque conte, chaque peinture et chaque voyage, on devine la figure d'Elena. En 1902 naît leur fils Youri, futur chercheur-orientaliste, et en 1904 Sviatoslav, qui choisira la même voie que son père.
En 1903 - 1904, N. Roerich et sa femme voyagent dans les anciennes villes de Russie. Ils ont séjourné dans plus de 40 villes connues pour leurs monuments anciens. Le but de ce « voyage dans le temps » était l'étude des racines de la culture russe. Le voyage donna lieu non seulement à une vaste série de peintures de l'artiste, mais aussi aux premiers articles de Nikolaï Roerich, dans lesquels il fut l'un des premiers à noter l'immense valeur artistique de la peinture d'icône et de l'architecture anciennes de Russie.
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C'est à cette période que voient le jour des peintures de l'artiste sur des thèmes religieux, exécutées sous la forme de fresques murales et de croquis de mosaïques pour les églises russes.
Le talent multiforme de Nikolaï Roerich s'est clairement manifesté dans ses œuvres pour des productions théâtrales. Au cours des fameuses « Saisons russes » de Diaghilev, N. Roerich a conçu les décors pour les « Danses polovtsiennes » du « Prince Igor » de Borodine, « La Pskovitaine » de Rimski-Korsakov, le ballet « Le Sacre du Printemps » de Stravinsky.
Grâce à Elena, Roerich découvre les œuvres des grands penseurs de l'Inde – Ramakrishna et Vivekananda – et les œuvres littéraires de R. Tagore, avec lequel il étudie les Upanishads.
La découverte de la pensée philosophique orientale influence l'œuvre de Nikolaï Roerich. Si dans les œuvres précoces de l'artiste les sujets principaux étaient tirés de la Russie païenne antique, des images colorées de la poésie épique populaire, et de la splendeur primitive de la nature intacte (Ville en construction, Idoles, Visiteurs d'outre-mer, etc.), à partir du milieu des années 1900 le thème de l'Inde et de l'Orient apparaît de plus en plus souvent dans ses toiles et ses œuvres littéraires.
En mai 1917, en raison d'une grave maladie pulmonaire, N. Roerich déménage en Finlande (Serdobol), sur les rives du lac Ladoga, à la demande des médecins et de sa famille. La proximité de Petrograd lui permettait de temps à autre de séjourner dans la ville sur la Neva et de s'occuper des affaires de l'École de la Société d'encouragement des Arts.
Cependant, après les événements révolutionnaires de 1917, la Finlande ferme sa frontière avec la Russie, et N. Roerich et sa famille se retrouvent coupés de la mère patrie. En automne 1919, il accepte sur demande de S. Diaghilev de réaliser à Londres les décors d'opéras russes de M. Moussorgski et d'A. Borodine. Il part avec sa famille pour l'Angleterre.
Un homme ne connaît la beauté qu'à travers la Culture, indissociable de la créativité. C'est ce qui était écrit dans les livres Ethique Vivante, dans la création desquels les Roerich étaient directement impliqués. Elena notait, et N. Roerich immortalisait les idées cosmiques de l'Ethique Vivante dans de superbes images artistiques.
Incarnant ces idées, N. Roerich déploie en Amérique une intense activité culturelle et éducative. En novembre 1921, à New York, il inaugure le Master-institut des Arts Unis, dont l'objectif principal était le rapprochement des peuples à travers la culture et l'art.
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Presque simultanément à Chicago est fondée l'association d'artistes « Соr Ardens » (Cœur ardent), et en 1922 apparaît le Centre culturel international « Corona Mundi » (Couronne du Monde). À l'issue d'une expédition en juillet 1928, N. Roerich fonde l'Institut d'études sur l'Himalaya « Urusvati », qui signifie en sanskrit « Lumière de l'Etoile du Matin ». C'est là, dans la vallée de Kullu dans l'Himalaya occidental, que Nikolaï et sa famille élisent domicile. C'est ici, en Inde, que se déroulera la dernière période de la vie de l'artiste.
En 1930, pressentant la menace d'une guerre, N. Roerich planche sur l'élaboration d'un projet de Pacte pour la protection des biens culturels en temps de guerres et de conflits civils. Le Pacte Roerich possédait une importante valeur éducative. « Le Pacte pour la protection des trésors culturels est nécessaire non seulement en tant qu'organisme officiel, mais comme loi éducative, qui dès les premiers jours d'école inculquera à la jeune génération des idées nobles sur la préservation des vraies valeurs de l'humanité tout entière ».
Cette initiative culturelle a été soutenue dans les cercles les plus larges de l'opinion publique mondiale. L'idée de l'artiste a été accueillie favorablement par R. Rolland, B. Shaw, R. Tagore, A. Einstein. La signature du Pacte a eu lieu le 15 avril 1935 à la Maison Blanche de Washington.
Durant ces années terribles pour la Russie, l'artiste revient une fois encore dans son travail au thème de sa terre natale. Durant cette période, il crée une série de peintures : Prince Igor, Alexandre Nevski, Partisans, Victoire, dans laquelle, utilisant les images de l'histoire russe, il prédit la victoire du peuple russe sur le fascisme.
En 1923, Sviatoslav Roerich réalise sa première visite en Inde. Là, il rencontre les principaux chefs-d'œuvre architecturaux de la culture indienne, ainsi que l'art ancien et moderne du pays. En Inde, il jette les bases de sa collection unique d'art oriental, qui a été presque entièrement perdue.
Sviatoslav a commencé sa carrière d'artiste en tant que portraitiste et a atteint dans ce genre un haut niveau de maîtrise. Beaucoup d'éléments des œuvres de l'artiste témoignent de l'influence de son père. À partir de 1931, résidant de manière permanente en Inde, Sviatoslav prend une part active à la vie sociale et culturelle du pays. S. Roerich est décédé le 30 janvier 1993.
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