Comment votre prononciation du russe trahit-elle votre statut d’étranger?

Éducation
VIKTORIA MALIK
Parfois, il suffit à un Russe d’entendre votre «Priviet!» («Salut!») pour comprendre qu’il ne s’agit pas de votre langue maternelle. Évitez donc les écueils suivants pour sortir du lot et passer incognito dans le pays.

Avez-vous déjà vécu cette situation où vous dites quelque chose d’extrêmement simple dans une langue étrangère, mais votre interlocuteur ne vous comprend absolument pas ? Cela est arrivé à la plupart d’entre nous, quelle que soit la langue en question. De subtiles différences auxquelles votre esprit, votre langue ou vos oreilles ne sont pas habitués peuvent causer de navrantes difficultés de communication. Passons donc en revue les problèmes les plus communs que rencontrent les étrangers dans leur pratique du russe.

Les sons

Des consonnes molles et dures ?

Même si vous êtes parvenu à surmonter la prononciation de « Priviet », il vous faut à présent vous mesurer à celle de « Меня зовут » (« Menia zovout »/« Je m’appelle », même si, pour être honnête, l’on se présentera rarement de la sorte dans la vie de tous les jours.). Cette phrase paraissant aisée renferme en réalité un piège, dans lequel tombent la majorité des étrangers apprenant la langue de Pouchkine.

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Comme vous le savez peut-être, en russe, les consonnes peuvent être « molles » ou « dures », en fonction de la lettre se trouvant juste après. Par exemple, les consonnes molles précèdent toujours les voyelles « я » (ia), « ё » (io), « е » (ié), « ю » (iou) et « и » (i), ainsi que le signe mou « ь », tandis que les consonnes dures viennent toujours avant « а » (a), « о » (o), « у » (ou), « э » (è) « ы » (y).

Dans « Menia zovout », le « н » (n) et le « я » (ia) sont collés, fusionnant presque en un seul son « nia ». Or, certains étrangers ont tendance à séparer ces composantes et à prononcer cela « ni-ia », ce qui est incorrect. Il convient donc de raccourcir la durée de prononciation du son « i » inclus dans le lettre « я » (ia).

Il en est de même pour d’autres mots fréquents, tels que « люблю » (« lioubliou »/« j’aime ») ou encore « Лёша » (« Liocha »/diminutif du prénom Alekseï).

La torture du Ы

La seule présence de la lettre « ы » (y) peut créer la confusion chez les étrangers. En réalité, il vous suffit d’imaginer que l’on vous donne un coup dans le ventre au moment où vous prononciez un « i » pour reproduire ce son étrange.

Le roulement du R

Le « р » (r) est un autre défi pour les étrangers, et notamment les Français. En effet, il nécessite d’être roulé, ce qui n’est pas évident pour tout le monde. N’abandonnez pas pour autant. Pour vous aider, il est possible de regarder des vidéos, telles que celle-ci, qui vous livreront de précieux conseils pour y parvenir. 

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Le double N

Si vous rencontrez un mot comme « длинный » (« dlinnyï »/« long ») ou « странный » (« strannyï »/«bizarre »), prononcez avec insistance les deux « н ». Par exemple, il est nécessaire de dire « dlin-nyï » et non pas « dlinyï », cela étant susceptible de porter à confusion avec d’autres mots.  

Le signe dur Ъ

Bien que l’utilisation de cette lettre ait grandement diminué depuis la Révolution, elle apparaît encore dans certains mots, et pause problème à de nombreuses personnes. De par sa présence, elle rend la consonne précédente dure. Au milieu d’un mot, elle fait ainsi en quelque sorte office de séparation. Par exemple, le mot « подъезд » (« pod-iesd ») possède donc un « д » (d) dur, alors que si ce signe n’avait pas été là, en raison de la présence du « е » (ié) juste après, il aurait été mou.

Le casse-tête des verbes

L’une des erreurs communes pouvant vous trahir est la confusion entre les verbes perfectifs et imperfectifs. Malheureusement, à cet égard, le seul moyen pour vous en sortir est d’avoir une bonne dose de pratique, car apprendre les règles ne suffira pas et les natifs seront généralement incapables de vous expliquer la différence (une tâche s’avérant même difficile pour les professeurs), cette logique leur étant presque innée.

Par exemple, si vous souhaitez dire que, aujourd’hui uniquement, il vous faut impérativement vous coucher tôt, vous traduirez le verbe « me coucher » par son équivalent perfectif « лечь » (« letch »). Par contre, si vous annoncez que, de manière générale, dorénavant il vous faudra vous coucher plus tôt, l’imperfectif « ложиться » (« lojitsia ») sera nécessaire. Bien évidemment, ce système recèle bien des subtilités, auxquelles vous vous familiariserez progressivement en pratiquant.

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Comment traduire la possession ?

Beaucoup d’étudiants ne savent pas quand utiliser « У меня есть » (« Ou menia est ») et « У меня » (« Ou menia »), les deux signifiant « J’ai ». Bien entendu, si vous dites « У меня есть урок завтра » (« Ou menia est ourok zavtra »/« J’ai un cours demain »), les Russes vous comprendront parfaitement, mais eux-mêmes opteraient pour « У меня урок завтра » (« Ou menia ourok zavtra »).

La plupart du temps, le verbe « есть » n’est pas utile si vous parlez de choses immatérielles (humeur, problème, pensées, désir), d’événements (cours, concerts), à moins que vous souhaitiez mettre en avant le fait de posséder ces choses. Pour ce qui est des objets physiques, la formule « У меня есть » est nécessaire pour les présenter pour la première fois : « У меня есть сестра » (« Ou menia est sestra »/« J’ai une sœur ») par exemple. Si vous évoquez quelque chose dont votre interlocuteur a déjà entendu parler, « есть » peut être omis : « Помнишь, у меня большой дом » (« Pomnich, ou menia bolchoï dom »/« Tu te souviens, j’ai une grande maison »). 

Accusatif ou génitif ?

Une autre erreur commune concerne la notion de partitif. Ainsi, si vous souhaitez dire « Je veux de l’eau », vous aurez certainement tendance à déclarer : « Я хочу воду » (« Ia khotchou vodou »), or, de par la déclinaison du mot « вода » à l’accusatif, vous oubliez de retranscrire la particule « de », alors que vous ne souhaitez sûrement pas toute l’eau du monde. Par conséquent, il convient d’avoir recours au génitif : « Я хочу воды » (« Ia khotchou vody »). Cela ne concerne cependant évidemment que des liquides ou substances difficilement quantifiables.

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La double négation

Allez, un dernier pour la route. Ce problème se retrouve également dans la bouche de nombreux étrangers. Si vous souhaitez dire en russe « Je n’ai jamais été en Australie », il vous faudra en réalité traduire littéralement « Je n’ai jamais PAS été en Australie » : « Я никогда не был в Австралии » (« Ia nikogda ne byl v Avstralii »).

Ne vous découragez cependant pas, ces quelques fautes vous rendront charmant aux yeux de bien des Russes, donc persévérez et, un jour, vous serez à même de vous exprimer avec la plus grande des fluidités !

Dans cet autre article, nous vous dévoilons huit autres erreurs fréquemment commises par les étrangers en russe.