Pourquoi seules douze lettres différentes peuvent figurer sur les plaques d’immatriculation russes?

Éducation
ALEXANDRA GOUZEVA
«Щ», «Ы» et bien d’autres lettres ne peuvent être aperçues sur les routes du pays. Nous vous narrons aujourd’hui quelles normes régissent les plaques d’immatriculation du pays.

Les premières plaques d’immatriculation de Russie sont apparues dans les années 1920, mais ce n’est que durant la décennie suivante qu’a été établie une norme unifiée les concernant. Ce numéro était alors composé de deux lettres (le code de la région) et de deux paires de chiffres séparées par un tiret. Au début, l’inscription était noire sur fond blanc (pour les motos et remorques le fond était toutefois orange clair).

En 1959, un nouveau format a été introduit : fond noir et chiffres blancs pour les voitures des particuliers, le fond blanc et les chiffres noirs devenant alors la caractéristique des véhicules diplomatiques. En URSS, il était possible d’utiliser n’importe quelles lettres de l’alphabet cyrillique, à l’exception de « Ё », « Й », « Ь », « Ы » et « Ъ ». Il était également recommandé d’éviter, si non nécessaire, d’avoir recours au « Щ ». Les lettres de l’alphabet latin, différentes du cyrillique, étaient évidemment exclues.

En 1990, les républiques soviétiques ont commencé à ajouter à leurs plaques des lettres de leurs alphabets nationaux : par exemple, le « I » a ainsi fait son apparition en Ukraine, et le « L » en Lituanie.

En 1993, soit après la chute de l’URSS, a été mise en place une nouvelle norme gouvernementale pour les plaques russes. Elles arborent donc aujourd’hui trois chiffres et trois lettres. Par ailleurs, ces lettres ne peuvent qu’être celles ayant un équivalent graphique dans l’alphabet latin, c’est-à-dire А, В, Е, К, М, Н, О, Р, С, Т, У et Х. À droite figure ensuite l’inscription « RUS », le drapeau fédéral, ainsi que le code de la région.

Ce choix réduit de lettres, l’alphabet cyrillique en comptant 33 au total, s’explique en réalité par le fait que les autres seraient incompréhensibles pour les conducteurs étrangers. Par exemple dans le cas où il leur faudrait retenir le numéro d’un véhicule ayant causé un accident, un étranger ne pourrait tout simplement pas prononcer ou réécrire le « Ж ». Ainsi, la Russie a rejoint les 77 pays de la Convention de Vienne sur la circulation routière, signée en 1968, et a donc adopté ses standards en matière de code de la route, de signalisation routière et de plaques d’immatriculation.

D’ailleurs, les nations arabes ayant signé cette convention sont elles aussi dans l’obligation d’utiliser des lettres de l’alphabet latin, mais les doublent généralement dans leurs langues nationales, comme en Arabie saoudite.

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En Russie contemporaine, beaucoup d’automobilistes essayent de recevoir des plaques plus à leur goût. Officiellement, les numéros sont choisis de manière aléatoire, mais sur Internet il existe une multitude d’agences proposant de choisir facilement une autre combinaison de chiffres et de lettres, parfois pour une somme importante.

À cet égard l’histoire des codes régionaux de Moscou est révélatrice, puisque toutes les combinaisons possibles de numéros s’épuisent rapidement, en raison de la taille du parc automobile local. Par conséquent, ont été introduits plusieurs codes régionaux : 77, 97, 99, 177, 197 et 199. Or, quand, en 2013, un nouveau code est devenu nécessaire, le Département central de garantie de la sécurité routière (organe du ministère de l’Intérieur), a opté pour 777, au lieu de 277, comme l’aurait voulu la suite logique. Les représentants de l’institution ont expliqué cela de plusieurs façons : le chiffre 7 occuperait moins de place sur la plaque et s’y intégrerait mieux. Ou encore que les caméras et radars reconnaîtraient plus aisément ce chiffre. Mais il semblerait que les Moscovites souhaitaient tout simplement obtenir un code plus esthétique, afin d’afficher des combinaisons plus heureuses, telles que А777АА777.

Dans cet autre article nous vous expliquons en images comment les Russes vivant aux USA choisissent d’arborer leur langue natale sur leurs plaques d’immatriculation.