Les sept lieux les plus saints de la Russie orthodoxe

Tourisme
ALEXANDRA GOUZEVA
70 ans d’athéisme ne sont pas parvenus à venir à bout de l’orthodoxie russe. Depuis la fin des années 1980, les monastères et les églises détruits ont été restaurés à vitesse grand V et, aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes y affluent chaque année.

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1. Laure de la Trinité-Saint-Serge

La laure (monastère) de la Trinité-Saint-Serge, située à 70 km de Moscou, a été fondée par saint Serge de Radonège, l'un des saints russes les plus vénérés. Il a créé un type de monachisme radicalement nouveau et son monastère s’est imposé comme le centre spirituel de la Russie ancienne (en savoir plus ici). L'une des icônes les plus vénérées de Russie, la Trinité d'Andreï Roublev, a été peinte spécialement pour ce monastère.

Aujourd'hui, la laure est le plus grand monastère du pays, et il n'a jamais fermé, même à l'époque soviétique. Les autorités l'ont conservée pour en faire une « vitrine » de l'orthodoxie russe destinée aux étrangers. En 1993, l'ensemble architectural de la laure de la Trinité-Saint-Serge a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Le monastère est l'un des lieux les plus visités de Russie (après la place Rouge, Peterhof et le Kremlin de Kazan). Environ 2 millions de personnes s’y rendent chaque année !

2. Monastère de Diveïevo

À la fin du XVIIIe siècle, dans le village de Diveïevo (région actuelle de Nijni Novgorod), la Vierge Marie est apparue à la religieuse Alexandra et lui a ordonné de créer un monastère. C'est ainsi qu'est née la communauté monastique féminine de Diveïevo, dont le patron était saint Séraphin de Sarov, devenu plus tard l'un des saints russes les plus vénérés. Après sa mort, le monastère a commencé à s'appeler Saint-Seraphim de Diveïevo.

À l'époque soviétique, le monastère a été fermé, mais les sœurs, en secret, continuaient à mener une vie monastique et à assurer des services. En 1988, le monastère a été remis en service et les reliques de saint Séraphin de Sarov, conservées pendant de longues années au musée de l’athéisme, y ont été transférées.

Environ 400 000 personnes viennent chaque année visiter le monastère et vénérer les reliques des saint Séraphin de Sarov.

3. Pogost de Kiji

La petite île de Kiji, au bord du lac Onega, est connue dans le monde entier pour son ensemble d’édifices en bois des XVIIIe et XIXe siècles.

Le bâtiment le plus célèbre de l'île de Kiji est l'église de la Transfiguration du Seigneur, construite fin XVIIe - début XVIIIe siècle. Son toit à plusieurs niveaux est couronné de 22 coupoles. Selon la légende, le charpentier Nestor a construit l'église sans un seul clou ; une fois son ouvrage terminé, il a jeté sa hache dans le lac pour que personne ne répète sa création (aujourd'hui, des clous provenant de restaurations ultérieures peuvent cependant être observés dans l'église). À l'intérieur, une iconostase sculptée à quatre niveaux a récemment été restaurée.

Il existe des légendes sur les miracles que le futur abbé du monastère des Solovki et métropolite Philippe a accomplis ici au XVIe siècle, avant d'être tonsuré. Ouvrier embauché par un paysan local, il pêchait des esturgeons du lac Onega, alors que l'on ne trouve pas cette espèce ici. Il existe de nombreuses autres légendes sur la façon dont de futurs saints se rendant aux Solovki se sont arrêtés à Kiji en cours de route. Même le gouvernement soviétique n'a pas touché à Kiji, soulignant l'importance culturelle et historique du pogost (enclos paroissial), qu’il a placé sous la protection de l'État en 1920 en tant que monument de l’architecture. En 1990, le pogost de Kiji a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Kiji est également inclus sur la liste nationale des sites d’importance particulière du patrimoine culturel des peuples de la Fédération de Russie.

En 2022, plus de 360 ​​000 personnes l'ont visité, et chaque année, le nombre de touristes et de pèlerins sur l'île augmente, bien qu’il soit difficile d’accès (en été, il faut s’y rendre en ferry et en hiver en aéroglisseur).

4. Monastère de Kirillo-Belozerski

À la fin du XIVe siècle, un disciple de Serge de Radonège, le moine Kirill Belozerski, a atteint ces terres septentrionales et fondé sur les rives du lac Siverskoïé un monastère, qui serait nommé plus tard en son honneur. Selon la légende, la Vierge elle-même aurait montré à Kirill l'endroit où il devait fonder le monastère, et des forces mystiques lui auraient évité la mort à plusieurs reprises. En raison de son ascèse et de son exploit monastique, il a été canonisé. Ses reliques constituent l'un des pôles d’attraction du monastère.

Le monastère de Kirillo-Belozerski, avec sa puissante enceinte, est l'un des plus grands de Russie et d'Europe. Des lieux de culte de la fin du XVe au XVIe siècle ont été conservés ici, et c'est l'un des principaux centres d’intérêt de la région de Vologda.

Depuis 1997, le complexe du musée de Kirillo-Belozerski est inscrit sur la liste des lieux d’importance particulière du patrimoine culturel des peuples de la Fédération de Russie. Depuis 2000, une branche du musée, le monastère de Ferapontov, où ont été conservées des fresques uniques de Dionisius du début du XVIe siècle, est classé site du patrimoine mondial de l'Unesco. Chaque année, le musée et le monastère de Kirillo-Belozerski attirent 330 000 visiteurs.

5. Monastère de la Dormition de Pskov-Petchory

L'histoire du monastère débute en 1473, lorsque le premier moine s’est installé dans des grottes locales et y a construit une église en l'honneur de la fête de la Dormition de la Vierge. Au fil du temps, tout un réseau de grottes s'est formé dans le monastère ; les moines y étaient enterrés, et leurs reliques restaient intactes.

C’est l'un des rares monastères qui n'a pas été fermé à l'époque soviétique, raison pour laquelle de nombreuses personnes voulant devenir moines en URSS y ont afflué. Parmi elles se trouvaient d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. Ioann (Krestiankine), un sage très vénéré, y a vécu pendant environ 40 ans. Un autre résident célèbre du monastère, l'actuel métropolite de Pskov, Tikhon (Chevkounov), a parlé de la vie quotidienne et des miracles survenus dans le monastère dans le livre Les saints non sanctifiés.

En 2022, le monastère situé à la frontière avec l'Estonie a attiré environ 230 000 touristes et pèlerins.

6. Monastère de Valaam

La date exacte de la fondation du monastère sur l'île de Valaam, sur le lac Ladoga, est inconnue ; il est fort probable que des moines vivaient ici dès le Xe siècle. Selon la légende, l'apôtre André en personne s'est rendu ici.

Dans les chroniques, l'histoire du monastère remonte au XIVe siècle, mais en raison d’une attaque des Suédois, il a pratiquement été abandonné et n'a été restauré que sur ordre de Pierre Ier, lorsque l'empereur a commencé à construire Saint-Pétersbourg et à développer les terres conquises.

Le monastère a souffert de la guerre soviéto-finlandaise, et tous les moines ont été évacués ; pendant la Seconde Guerre mondiale, les bâtiments du monastère a abrité une école d’élèves officiers, puis un foyer pour handicapés. Le culte a repris en 1989.

Valaam a toujours été une destination populaire pour le pèlerinage et le tourisme. En 1996, l'archipel de Valaam a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Et bien qu’il ne soit accessible que par bateau ou par navire à grande vitesse Meteor, jusqu'à 160 000 touristes et pèlerins viennent ici chaque année.

7. Monastère des Solovki

L'archipel des Solovki, en mer Blanche, est devenu tristement célèbre au XXe siècle pour avoir accueilli l'un des premiers goulags. Les prisonniers vivaient dans les églises du monastère, sur des couchettes construites sur plusieurs niveaux. Les gardes du camp y ont commis des massacres et des exécutions.

Après la fermeture du lieu de détention, une école militaire et un musée y ont fonctionné. En 1988, une église paroissiale a ouvert ses portes et les services ont repris. Depuis, le monastère a été minutieusement restauré.

Le monastère possède une longue histoire et de grands exploits spirituels et monastiques y ont eu lieu. Elle a commencé avec plusieurs ermites qui erraient sur ces îles lointaines. Zossima et Savvaty de Solovki, qui ont fondé le monastère au XVe siècle, ont été canonisés. Leurs reliques constituent l'un des principaux points d’attraction de ce lieu. Au XVIIe siècle, le monastère a été le dernier bastion des vieux-croyants, qui ont résisté pendant près de 20 ans à la réforme de l'Église orthodoxe et se sont retranchés derrière ses puissants murs, subissant un siège.

En 1992, les îles Solovki ont été inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et sur la liste nationale des sites culturels d’importance particulière de Russie. Et si avant la pandémie, l'archipel isolé attirait environ 20 000 touristes et pèlerins par an, en 2022, ce chiffre a atteint 60 000. En raison de l'éloignement des îles, l'accès des touristes n'est possible que pendant la saison chaude.

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