Novodievitchi: à la découverte du couvent le plus célèbre de Moscou

Tourisme
ALEXANDRA GOUZEVA
Ce couvent, toujours en fonctionnement, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Et c’est l’un des plus beaux endroits de la capitale.

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À la fin du XIXe siècle, le couvent de Novodievitchi était isolé au milieu d’un champ à la périphérie ouest de Moscou...

À l’époque moderne, des bâtiments ont poussé tout autour, des routes et des estacades ont été créées. Cet endroit est désormais situé au centre-ville de Moscou et il se trouve au milieu d’un quartier huppé.

Son nom complet est monastère Bogoroditse-Smolenski de Moscou. Il a été fondé en mai 1524 par le grand-prince Vassili III (le père d’Ivan le Terrible). Lors de la guerre russo-lituanienne de 1512-1522, les troupes de la Rus’ ont repris la ville de Smolensk, qui appartenait depuis plus d’un siècle au Grand-duché de Lituanie. Le monastère a été consacré en l’honneur du principal objet saint de Smolensk - l’icône de Notre-Dame de Smolensk.

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Le nouveau couvent a été construit sur une boucle de la rivière Moskova. Historiquement, cette zone s’appelait le Champ des jeunes filles ou Diévitchié Polié (Selon la légende, des jeunes filles ont été rassemblées ici puis envoyées comme tribut aux Tataro-Mongols). « Novodievitchi » signifie « nouveau couvent de femmes » ; d’ailleurs, non loin du Champ des jeunes filles se trouvait un autre établissement religieux, le monastère Zatchatievski (de la Conception).

La cathédrale principale - et la plus ancienne - du monastère est dédiée à l’icône de Notre-Dame de Smolensk. L’architecte n’est pas connu, mais étant donné sa ressemblance avec la cathédrale de la Dormition du Kremlin de Moscou, elle est souvent attribuée aux architectes italiens qui ont travaillé sur l’ensemble du Kremlin (notamment Alosius le Jeune).

Des fresques du XVIe siècle, sur lesquelles des restaurateurs travaillent aujourd’hui, ont été conservées.

Lors du raid du khan de Crimée au XVe siècle, un incendie majeur a ravagé l’ensemble. Il fut donc décidé de renforcer le couvent, qui se trouvait à la frontière ouest de Moscou, et de l’entourer d’un puissant mur avec des créneaux et des meurtrières, ce qui n’était pas typique pour un établissement religieux de ce type.

La forme du mur de la forteresse rappelle un triangle irrégulier (l’un des coins est pour ainsi dire biseauté, suivant le relief de l’étang Novodievitchi). Il y a 12 tours de forteresse le long du mur.

Sous Ivan le Terrible, le monastère était officieusement rattaché à la cour : les veuves de la famille du souverain y étaient « exilées » (par exemple, la veuve du fils d’Ivan, qui, du moins selon Ilia Répine, aurait été assassiné par Ivan le Terrible en personne).

Plus tard, la tsarine Irina Godounova, veuve de Fiodor II Goudounov, a vécu ici. Les chambres d’Irina sont considérées comme l’un des plus anciens bâtiments du couvent.

Elles jouxtent l’église Saint-Ambroise du tournant des XVIe-XVIIe siècles.

C’est justement dans ce couvent que le frère d’Irina, Boris Godounov, a accepté le règne. Il favorisera grandement ce lieu saint, d’autant plus que sa sœur y était religieuse et allouera beaucoup d’argent pour son fonctionnement.

Plus tard, de nombreuses religieuses de haut rang issues de lignées de boyards, nobles et princières ont vécu dans le couvent, l’établissement fonctionnant grâce aux deniers publics. Au XVIIe siècle, la sœur de Pierre Ier, Tatiana, ainsi que sa première épouse, Eudoxie Lopoukhine, ont vécu ici en tant que religieuses.

Pendant le Temps des Troubles et l’intervention polonaise, le couvent est au centre des combats et est finalement ruiné et pillé. De nombreuses églises et palais du couvent ont été construites plus tard, à la fin du XVIIe siècle, sous les Romanov. Par exemple, l’église baroque de la Transfiguration, au-dessus de la porte nord, sous laquelle passent les visiteurs à l’entrée.

À la fin du XVIIe siècle, l’église de l’Assomption et le réfectoire ont été construits.

En 1690, un clocher baroque est construit. Plus tard, le monastère a accueilli plusieurs bâtiments administratifs et palais.

La princesse Sophie, sœur aînée de Pierre Ier et régente durant l’enfance de ce dernier, a passé ses derniers jours dans le monastère. Comme beaucoup d’autres religieuses nobles, elle a été enterrée dans la cathédrale Notre-Dame de Smolensk. Au total, plus de 50 religieuses issues de la famille du tsar, de familles princières et de boyards ont été inhumées dans le sous-sol de la cathédrale.

Peu à peu, en plus des religieuses, des nobles moscovites ont été enterrés dans le couvent, et toute une nécropole s’est formée sur son territoire (au début du XXe siècle, il y avait près de 3 000 sépultures).

La chapelle funéraire néo-gothique des industriels Prokhorov a été construite dans les années 1910 ; c’est l’un des derniers bâtiments « modernes » de l’ensemble.

Par conséquent, en 1898, le cimetière Novodievitchi a été construit à l’extérieur des murs du couvent. De nombreux membres de l’élite soviétique y reposent (c’est toujours l’un des cimetières les plus « prestigieux », seules des personnalités importantes y étant inhumées).

Aujourd’hui, le couvent et le parc situé près de l’étang Novodievitchi sont un lieu de promenade prisé des Moscovites.

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