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L’ère des dirigeables a connu son apogée dans les années 1910-1930, tant en URSS que dans le reste du monde. Le premier à avoir établi la production de masse de ces mastodontes était un entrepreneur allemand, le comte Ferdinand von Zeppelin. Plus tard, son nom est resté fermement associé aux dirigeables, raison pour laquelle ils ont été surnommés « zeppelins ». Sur toute la période de leur production en série, les dirigeables civils ont effectué environ 2 500 vols et transporté plus de 28 500 personnes.
Du record à la chute
En 1929, le dirigeable Graf Zeppelin a réussi à faire le tour du monde en 20 jours, en effectuant seulement trois atterrissages intermédiaires. Mais le record du monde de durée de vol a été établi par l’URSS W6 Ossoaviakhim soviétique, qui a passé 130 heures dans les airs sans atterrir.
Les dirigeables non seulement volaient plus longtemps, mais offraient une taille et donc une capacité de charge accrues. Le plus remarquable par sa taille était un gigantesque dirigeable des années 1930, le Hindenburg. Rappelant un paquebot, il a poussé les ingénieurs à penser qu’un énorme réacteur nucléaire et un blindage lourd conviendraient parfaitement à un tel géant.
On supposait que les dirigeables atomiques s’élèveraient dans les airs, comme auparavant, grâce à de l’hélium, de sorte que la masse de l’appareil lui-même et du réacteur qu’il embarquait revêtaient une importance secondaire. Pour cette raison, beaucoup ont considéré l’idée comme tout à fait réalisable. Les avantages étaient évidents : grâce au réacteur nucléaire, le dirigeable aurait un poids constant et une autonomie de vol illimitée.
De plus, les dirigeables nucléaires étaient considérés comme des opportunités pour la mise en valeur de territoires difficiles d’accès. L’Italien Umberto Nobile, qui a travaillé dans un bureau de Dolgoproudny dans la région de Moscou et a construit le dirigeable Norge, a déclaré : « Il existe au moins un autre pays au monde où les dirigeables pourraient être développés et utilisés. Il s’agit de l’Union soviétique, avec son vaste territoire en grande partie plat... Surtout dans le nord de la Sibérie, d’énormes distances séparent les colonies les unes des autres. Cela complique la construction de routes. Mais les conditions météorologiques sont très favorables aux vols en dirigeable. »
Malheureusement, ses espoirs n’ont pas porté leurs fruits. À la fin des années 1930, la construction de dirigeables a été purement et simplement interrompue après une série d’accidents majeurs survenus dans différentes parties du monde. En URSS, le coup de grâce était lié au W6, celui-là même qui avait établi un record de durée de vol. En 1937, au milieu de la nuit polaire et par mauvais temps, il a perdu son orientation, a heurté une montagne et s’est écrasé.
La construction de grands dirigeables semblait donc très compromise, tandis que celle d’avions, au contraire, avait le vent en poupe. Mais qu’est-il advenu du projet atomique ?
Tentative de résurrection
Curieusement, l’ambitieux projet nucléaire soviétique est né alors que tout indiquait que l’on avait fait une croix sur les grands dirigeables.
En 1971, le candidat ès sciences techniques Guennadi Nesterenko, dans les pages du magazine scientifique populaire Technologie pour la jeunesse, a présenté un concept de dirigeable nucléaire de la plus haute qualité et très abouti.
Il était à peine plus massif que les dirigeables conventionnels du passé, mais pouvait transporter beaucoup plus de marchandises et de passagers. De plus, en raison de la puissance du réacteur nucléaire, il pouvait développer une vitesse de vol de 200-300 km/h.
Surtout, les créateurs du projet se sont concentrés sur le confort de l’appareil. Technologie pour la jeunesse écrivait que beaucoup préféraient encore le paquebot à l’avion, malgré sa lenteur, précisément en raison de son confort. Pourquoi ne pas combiner les atouts des avions et des paquebots dans des dirigeables, en mariant vélocité et confort ?
On supposait qu’il s’agirait d’un appareil de 300 mètres, soit la taille d’un porte-avions nucléaire. Un seul de ces dirigeables aurait pu transporter 180 tonnes de fret ou 600 passagers en classe luxe. En faisant des concessions sur le confort, il aurait pu accueillir 1 800 passagers.
Le dirigeable devait être propulsé par des hélices de 20 mètres et par un réacteur nucléaire de 200 mégawatts (un réacteur similaire est installé aujourd’hui, par exemple, sur le brise-glace russe Arktika).
Cependant, le projet est resté sur le papier. Dans les années 1970, et encore plus par la suite, plus personne ne jugeait pertinent de se lancer dans un tel projet.
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