Cinq technologies mises au point en Russie

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Extincteur d’incendies, appareil pour mesurer la pression artérielle, lait en poudre et même soudure des métaux - ce ne sont que quelques-unes des nombreuses percées scientifiques remarquables réalisées ou appliquées pour la première fois en Russie.

Soudure

Les premières expériences qui ont conduit à la découverte du soudage (un processus qui associe les métaux en utilisant une chaleur élevée pour fondre des pièces) ont été menées au début du XIXe siècle, simultanément et indépendamment, par l'ingénieur russe Vassili Petrov et l'ingénieur anglais Humphry Davy. Tous deux ont découvert l’arc électrique, mais tandis que le premier arc de Davy était court et à basse température, celui de Petrov pouvait durer plus longtemps et produire des températures suffisantes pour fondre les métaux.

Au début du XIXe siècle, l'expérience de Petrov n'était que de la science pure. Cependant, en 1881, l'ingénieur et inventeur russe Nikolaï Benardos, qui travaillait pour Pavel Iablotchkov (inventeur de la lampe à arc au carbone), a découvert qu'un arc électrique pouvait être utilisé pour la fusion des métaux.

Dans le même temps, un autre ingénieur russe, Nikolaï Slavianov, a suggéré d’utiliser des électrodes en métal à la place de ceux en carbone, ce qui permettait de souder les métaux avec un point de fusion très élevé. Par exemple, Slavianov a créé son célèbre « verre », un cylindre composé de huit métaux ayant un point de fusion élevé soudés les uns aux autres.

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Lait en poudre

Le lait en poudre est un ingrédient essentiel des aliments pour bébés que nous avons tous mangé/bu lorsque nous étions enfants, mais peu de gens probablement savent qu'il provient de régions éloignées de la Sibérie.
En 1792, un interprète de Mongolie, Ivan Erich, a pour la première fois écrit qu'à Dauria (région de Transbaïkalie), les Mongols locaux gelaient le lait en hiver sur des assiettes, puis faisaient sécher la glace au soleil, faisant évaporer l’eau, ce qui produisait du « lait en poudre ». Bientôt, un médecin travaillant dans la même région a présenté ce moyen de stockage du lait au grand public.

Ossip Kritchevski, l'inventeur original du lait en poudre, travaillait comme médecin à la fonderie d'argent de Nerchinsk (région de Transbaïkalie, à plus de 5 000 km de Moscou). Il a noté que les Iakoutes, dont beaucoup travaillaient dans l'usine, séchaient le lait de cette manière. Kritchevski a suggéré que le lait en poudre pourrait être utile « lors de voyages en mer, où des aliments frais et nutritifs sont nécessaires ». Il a également noté que « les Européens ne connaissent pas encore ce produit de Sibérie ».

Kritchevski a utilisé cette technologie pour stocker le lait à Nerchinsk, où il est mort en 1832. La production de lait en poudre a également commencé à Saint-Pétersbourg en 1832. Cependant, le premier brevet pour cette technologie a été acquis par un anglais, T.S. Grimwade, en 1855.

Extincteur avec de la mousse

Éteindre un feu avec de l'eau n'est pas aussi efficace qu'il y paraît. Ainsi, un Russe a décidé de « faire mousser » tout cela.

Alexander Loran, ingénieur russe d'origine française, cherchait un moyen de créer un extincteur efficace, car il avait été témoin de nombreux incendies. Au début du XXe siècle, Loran, qui avait étudié la chimie à Saint-Pétersbourg et à Paris, a enseigné à Bakou, la plus grande ville de l’Azerbaïdjan, sous contrôle russe, qui était à l’époque le centre de l’industrie pétrolière de l’empire. Les incendies liés à des fuites de pétrole étaient un problème majeur et ils ne pouvaient pas être éteints avec de l’eau ou des extincteurs à poudre.

La légende raconte que Loran buvait de la bière avec un ami quand il a crié : « Eurêka! ». Bientôt, Loran a mené sa première expérience en essayant d'éteindre une flaque d'huile enflammée avec de la mousse de bière - et cela a fonctionné ! Loran a ensuite inventé une substance moussante et a fondé une marque produisant des extincteurs, baptisée Eureka. Il a breveté son système en Russie et aux États-Unis en 1907.

Grille diagonale

Il est intéressant de voir comment une technologie mise au point au XIXe siècle a trouvé sa pleine application au XXIe. L’architecte et ingénieur russe Vladimir Choukhov était un génie qui avait des années en avance sur son temps.

La structure de grille diagonale (également diagrid ou gridshell) a été inventée et brevetée par Choukhov en 1895-1899. Ses avantages sont son faible poids et sa capacité à résister à de fortes contraintes en raison de l’élasticité de la construction ; une faible corrosion, avec peu ou pas d'espace pour la pénétration de l'eau ; un faible coût et une haute durabilité.

Aujourd’hui, la plupart des tours et des pavillons de Choukhov en Russie sont encore intacts après plus de 100 ans d’entretien minime, voire inexistant.
Son invention a grandement contribué à définir l'architecture du XXIe siècle : le gridshell est maintenant utilisé par des architectes de renommée mondiale tels que Richard Buckminster Fuller, Norman Foster, Nicholas Grimshaw et bien d'autres.

Il n’a cependant pas été très populaire au XXe siècle, car sa construction exige des calculs très précis, bien plus faciles à effectuer sur ordinateur. Même s’il n’avait pas à sa disposition une telle technologie informatique, Choukhov lui-même a cependant réussi à le faire : il a créé les premières tours et pavillons industriels en gridshell pour l’exposition artistique et artistique panrusse de 1896 à Nijni Novgorod.

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Mesurer la pression artérielle

Cette méthode médicale courante est l’une des plus anciennes dans la pratique et elle est utilisée encore aujourd’hui en raison de sa précision.
La pression artérielle est l’une des mesures les plus importantes pouvant être effectuées sur le corps humain. Elle permet de diagnostiquer diverses maladies et affections. Lors de la mesure de la pression artérielle, les médecins utilisent généralement deux chiffres : la pression systolique (maximum pendant un battement de cœur) et la pression diastolique (minimum entre deux battements de cœur).

Il existait de nombreuses méthodes de mesure de la pression artérielle de faible précision avant que le pathologiste italien Scipione Riva-Rocci n’invente un brassard gonflable qui entoure le bras et est attaché à un sphygmomanomètre à mercure. Le brassard était placé sur le bras, gonflé, puis le médecin maintenait ses doigts sur le pouls du patient. Lorsqu'aucun pouls n'était détecté, cela signifiait que le brassard bloquait complètement le flux sanguin et que la pression interne du brassard était identique à la pression systolique. Cependant, cette méthode ne permettait pas de détecter la pression diastolique.

Nikolaï Korotkov était un médecin russe qui a d'abord exercé la profession de médecin de terrain avant de passer à la chirurgie vasculaire. En 1904, il a mesuré la tension artérielle d’un patient à l’aide du manchon Riva-Rocci et a utilisé accidentellement son stéthoscope sur l’artère brachiale du patient, quand il a entendu des bruits sourds qui ont ensuite été baptisés en son honneur. Dans ce cas, l’artère est semblable à un tuyau contenant du liquide qui est pincé par le brassard. Lorsque la pression dans le brassard est supérieure à la pression systolique, aucun son n'est entendu. Dès que les pressions sont égales, du sang peut passer sous le brassard et des sons sourds sont émis. Quand ils cessent, cela signifie que le sang coule librement. Ainsi, le moment où les sons se terminent indique la pression diastolique.

Korotkov a décrit cette méthode en 1905 dans un rapport d'une demi-page. En 1935, l’Organisation mondiale de la santé l’a approuvée comme étant la seule méthode officielle de détection du sang non invasive, et elle reste standard à ce jour.

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