Ankara a acquis deux batteries de missiles sol-air russes de modèle S-400. En outre, la possibilité de transférer des technologies à ce pays membre de l’Otan a été évoquée mardi par le président russe Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Il convient de noter que jusque-là, la Russie n’était prête à partager ces technologies avec aucun autre État. Par ailleurs, au cours de cette rencontre tenue sur le sol turc, il a été précisé que le contrat en question coûtera à Ankara la bagatelle de 2,5 milliards de dollars et que le début des livraisons était prévu pour juillet 2019.
Qu’est-ce qui a été vendu?
Chaque batterie compte quatre rampes de lancement, dont chacune est dotée de quatre missiles. Ainsi, chaque batterie comprend 16 missiles intercepteurs capables d’abattre des chasseurs de cinquième génération et des missiles de croisière à une distance de 200km. Et ce, sans prendre en compte une unité de feu de réserve, également incluse dans le contrat, qui sera déployée sur le champ de bataille. Aussi, le contrat prévoit la livraison de véhicules de ravitaillement en munitions, de radars, d’un véhicule de commandement et de toute une série de véhicules auxiliaires.
Parallèlement, des opérateurs turcs des systèmes S-400 suivront une formation en Russie.
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Comme l’a précisé à Russia Beyond Viatcheslav Davydenko, porte-parole de l’Agence russe d’exportation d’armements Rosoboronexport, les détails du contrat sont classés « top secret ».
« Les premiers véhicules du système S-400 seront livrés à la Turquie dès la mi-2019. Comme nous avons accepté de raccourcir les délais de livraison et d’envoyer le premier lot l’année prochaine, nous avons de moins en moins de temps. D’ici là, il sera malheureusement impossible de lancer une usine [en Turquie] - c’est plutôt vers le début des années 2020 que l’on transfèrera une partie de la production à nos partenaires », a-t-il expliqué.
À la question visant à savoir quelles technologies la Russie pourrait livrer à la Turquie, il a précisé que ceci dépendra des relations bilatérales entre les deux pays. « Ceci ne sera pas seulement décidé au niveau commercial entre le commanditaire et le producteur, mais au plus haut niveau politique. Bientôt tout sera éclairci », a ajouté M. Davydenko.
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Quels secrets la Russie n’est pas prête à partager
Selon l’observateur militaire de l’agence TASS, Viktor Litovkine, la Russie serait prête à ouvrir en Turquie plusieurs petites entreprises qui produiront des composants et une partie de l’électronique auxiliaire pour les S-400. Toutefois, il est peu probable qu’elle partage les principaux secrets de ses systèmes de missiles S-400 Triumph.
« On ne leur transfèrera ni les informations sur les composants internes, ni les codes électroniques des systèmes. La maintenance technique de fond se déroulera en Russie, dans le usines d’Almaz-Antei [producteur des S-400, ndlr] », a précisé M. Litovkine.
Les codes d’accès et les informations détaillées que la Russie devrait ainsi garder secrets concernent avant tout les systèmes d’identification ami ou ennemi.
« Ce sera un système de production russe, les mots de passe ne seront pas dévoilés et nous n’autoriserons personne à modifier le logiciel embarqué », a par ailleurs fait noter l’observateur.
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Quant aux missiles équipant le système, eux aussi seront fabriqués en Russie.
« Lancer une telle production est tout d’abord coûteux, puis cela prend du temps. D’ailleurs, ce n’est pas certain que les autorités russes soient prêtes à partager avec un pays membre de l’Otan l’un de ses secrets les plus subtiles à propos de la création des missiles intercepteurs qui sont actuellement considérés comme les meilleurs au monde », a conclu Viktor Litovkine.
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