Pourquoi la Russie s’intéresse-t-elle à Vénus?

ESA
Le nouveau projet russe Venera-D porte sur la faisabilité d’un vol vers l’étoile du Berger en 2026. Mais pourquoi cette planète intéresse-t-elle les scientifiques ?

L’Agence spatiale russe (Roscosmos) et son homologue américaine, la NASA, mènent des discussions sur le projet Venera-D. La lettre D signifie, en russe, « longue durée ». Le projet porte sur la conception d’une nouvelle sonde, capable de rester plusieurs jours sur la surface de la planète Vénus.

Ressources naturelles spatiales

L’Union soviétique a envoyé des missions sur Vénus dès les années 1970. Cependant, avec les conditions extrêmes qui règnent à la surface de cette planète, la durée de vie des appareils spatiaux ne dépassait pas une heure. La nouvelle mission, prévue pour 2026, pourrait devenir unique en raison de sa durée.

Aujourd’hui, les chercheurs russes précisent que les États-Unis, la Chine et certains pays de l’Union européenne ont déjà exprimé leur souhait de participer au projet. Ce programme d’étude intégré implique également le lancement de sondes atmosphériques, et même d’un appareil orbital.

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« Ces recherches ont une composante économique à long terme. Avec le rythme actuel d’utilisation des ressources naturelles, nous serons, un jour ou l’autre, confrontés à une pénurie. Les minéraux provenant d’autres planètes formeront la base de l’industrie du futur », estime l’académicien Alexandre Jelezniakov, collaborateur de l’Académie russe d'astronautique Tsiolkovski.

Pourquoi pas Mars ?

Contrairement à Mars, où la présence d’eau est désormais avérée, Vénus ne laisse pas espérer la présence d’une vie quelconque car c’est un désert impropre à l’émergence de la vie.

En surface, la température atteint +467С° à l’ombre. L’ombre y est toujours présente. Une dense couche de nuages cache en effet le soleil et les étoiles des yeux de celui qui s’y trouverait.

L’atmosphère de la planète est composée de dioxyde de carbone à près de 100%, alors que la pression atmosphérique est de 93 bar, semblable à celle qu’on trouve sur Terre à une très grande profondeur sous les océans.

« L’évolution du climat sur Vénus a suivi un chemin catastrophique : avec la hausse des températures, les océans se sont évaporés, explique Lev Zeleni, vice-président de l’Académie russe des sciences. En outre, la planète ne tourne pas comme toutes les autres planètes autour de son axe, mais dans le sens inverse ».

Lev Zeleni précise que la nouvelle mission Venera-D permettra d’étudier des phénomènes physiques jusque-là inconnus pour l’homme. « Les données obtenues par les chercheurs soviétiques sur cette planète dans les années 1970–1980 sont toujours largement utilisées dans le monde entier […] L’information recueillie par les ballons qui survolaient la planète à 50–55 km reste toujours unique », explique-t-il.

Vénus soviétique

Crédit : Nikolaï Pachine / RIA NovostiCrédit : Nikolaï Pachine / RIA Novosti

Le premier lancement d’un appareil spatial sur Vénus eut lieu en août 1970, quand la station interplanétaire Venera-7 fit son premier atterrissage historique, en douceur, sur l’étoile du berger. En 1975, un autre appareil, Venera-9 transmit à la Terre les premières images de la surface de Vénus. En 1982, la sonde Venera-13 transmit des images panoramiques en couleur de Vénus, ainsi que des enregistrements sonores.

Lev Zeleni précise encore qu’un groupe de travail conjoint a déjà été créé en Russie. L’objectif qui lui est assigné ? Reproduire l’expérience des scientifiques soviétiques qui firent poser l’appareil Vega-2 sur la surface de la planète en 1985. Ce dernier servira de prototype pour le développement de Venera-D.

Qui accompagnera la Russie ?

« La Russie a tout intérêt à inviter des partenaires étrangers à participer aux expéditions, particulièrement les chercheurs américains, assure Alexandre Jelezniakov. Même dans le scénario le plus optimiste, c’est-à-dire avec un financement complet et ininterrompu, nos chercheurs ne pourront créer un nouvel appareil et tout ce qu’il faut pour étudier que d’ici dix ans au plus tôt. En revanche, les Américains, qui ont beaucoup avancé dans ce domaine ces dernières années, le feront en cinq-six ans au maximum ».

Alexandre Jelezniakov estime en outre qu’une coopération entre Roscosmos et la NASA serait bénéfique et efficace. Il précise que les chercheurs russes se chargeront de la création d’un centre de recherches portatif à bord de la sonde, alors que les Américains pourront assurer la « survie » de l’appareil avec des matériaux capables de résister aux agressions de l’environnement d’autres planètes.

Sans confirmer directement sa participation au projet Venera-D pour le moment, la NASA reconnaît toutefois être en discussions sur sa participation à une mission conjointe avec Roscosmos. 

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