Trois attentats ont été déjoués en 2015 en Russie et sept autres au cours des six premiers mois de l'année 2016.
RIA Novosti« Où est ton frère ? ». « En Syrie ». « Qu’est-ce qu'il y fait ? ». « Le djihad », répond par monosyllabes un jeune homme d’apparence asiatique sur une vidéo d'interrogatoire publiée par le FSB. Abdoukholeb Mirzoïev, citoyen du Tadjikistan, déclare devant la caméra qu’il avait l’intention d’organiser un attentat à Moscou.
Mirzoïev et deux autres terroristes présumés ont été appréhendés le 12 novembre à Moscou, leurs sept « collègues », à Saint-Pétersbourg. Selon les informations du FSB, des armes à feu et quatre bombes artisanales de grande puissance ont été saisies lors de l’arrestation des suspects (originaires du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan et du Kirghizistan).
Les hommes interpellés à Saint-Pétersbourg travaillaient comme chauffeurs de taxi et gardiens, ceux de Moscou étaient vendeurs dans un marché spécialisé dans la construction et le bricolage.Se référant à des sources au sein des services de sécurité, le journal Rossiyskaya Gazetaindique que les terroristes voulaient organiser un attentat semblable à l’attaque terroriste du 13 novembre 2015 à Paris : actionner plusieurs bombes simultanément dans plusieurs lieux publics et tirer sur la population dans les rues.
Une source du quotidien Kommersantsouligne pour sa part que tous les hommes sont des repris de justice. Des avis de recherche ont été lancés dans leurs pays respectifs où ils étaient soupçonnés non de relations avec les islamistes, mais de crimes de droit commun.
Toutefois, toujours d’après le FSB, tous les suspects ont avoué avoir eu des contacts avec des responsables de Daech et avoir planifié des attentats au nom de cette organisation terroriste. Le Comité de sécurité nationale du Kirghizistan, qui a étroitement coopéré avec les services secrets russes dans le cadre de cette affaire, a déclaré que les suspects avaient suivi une formation dans des camps de Daech.
Youri Sapounov, général de brigade du FSB à la retraite et ancien chef du département de lutte contre le terrorisme international, estime que les terroristes en herbe ont été enrôlés sur le territoire russe.
« C’est sans doute le résultat de l’activité de recruteurs, comme en Europe et partout dans le monde, a-t-il expliqué à RBTH. Les hommes engagés forment une cellule et agissent indépendamment pour organiser des attentats. Ces « foyers » de Daech existent toujours et malheureusement, ils poursuivent leurs activités ».
Sergueï Gontcharov, président de l’Association internationale des anciens combattants de la section antiterroriste Alpha, estime que les hommes arrêtés à Moscou et Saint-Pétersbourg sont plutôt des néophytes que des membres expérimentés de Daech.
« Il me semble que ces jeunes se sont retrouvés sous l’effet de la propagande des fanatiques islamistes », a-t-il noté. Quoi qu’il en soit, le danger était tout à fait réel et si l’attentat a été déjoué, c’est un grand succès des services russes, a-t-il constaté.
Selon les statistiques officielles, les services secrets russes ont réussi ces dernières années à déjouer la totalité des attentats planifiés dans le pays. Ainsi, le journal Izvestiacite les chiffres du Comité antiterroriste national qui précise que trois attentats ont été déjoués en 2015 et sept autres au cours des six premiers mois de l'année 2016.
La menace terroriste reste présente en Russie, ce qui est notamment lié à l’opération en Syrie, a poursuivi Youri Sapounov. Dans le même temps, il estime que le danger d’un attentat à Moscou ou Saint-Pétersbourg n’est pas plus élevé que dans toute autre grande ville du monde.
« Le danger terroriste dans le monde moderne est à peu près au même niveau partout, a-t-il affirmé. La concentration de criminels de droit commun et de terroristes est plus élevée dans les grandes villes. Mais face à cela, les forces de sécurité déploient un intense travail en vue de déjouer les attentats ».
Le FSB et les services secrets doivent en partie leurs succès à une coopération étroite avec leurs collègues des pays d’Asie centrale, a poursuivi Sergueï Gontcharov. Ainsi, le coup de filet à Moscou et à Saint-Pétersbourg a pu être opéré après que les forces de sécurité du Tadjikistan eurent arrêté un complice des terroristes et communiqué les informations à la Russie.
« Il existe tout un réseau chargé de faire face aux hommes de Daech tant en Russie que dans les pays d’Asie centrale, ce qui augmente l’efficacité de nos activités communes, a-t-il fait remarquer. Pour l’instant, nous accomplissons notre mission et j’espère que nous continuerons à nous en acquitter ».
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