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Vêtus de longues doudounes, des pêcheurs sont assis autour de trous creusés dans la glace d’une mer gelée. C’est non sans inquiétude qu’ils regardent une jeune femme aux cheveux longs et à moitié nue qui, munie d’une queue de sirène, plonge dans l’eau et y passe une minute environ. Venu avec elle, un photographe immortalise la scène.
C’est ainsi que l’infirmière Anastasia Slobotchikova, originaire de Vladivostok, passe pratiquement tous ses week-ends. « Je travaille dans un hôpital pédiatrique, dans la chirurgie d’urgence. Les patients arrivent 24h/24 et mon travail est très difficile. Qui plus est, je poursuis mes études. Mais grâce à ma passion, je peux me distraire et me sentir heureuse », raconte-t-elle.
Ses passions ? Le mannequinat et la baignade en eau glacée, qu’elle conjugue en adoptant l’allure d’une sirène. Un jour, alors qu’elle prenait part à un shooting sous-marin, elle a décidé de se déguiser en ce personnage mythique. C’est là que sa première queue a vu le jour : elle a simplement couvert de tissu sa monopalme. Avec le temps, la queue s’est améliorée : en silicone, elle avait l’air beaucoup plus naturelle. Ensuite, elle a commencé à les confectionner par elle-même.
« Enfant, je rêvais d’être une sirène, je nageais et plongeais beaucoup. On dirait que cela a joué un rôle », partage-t-elle.
D’abord, elle a essayé de créer un moule avec des écailles et une nageoire en papier mâché, mais n’a pas réussi. Elle a donc commandé un modèle 3D de queue en plastique. « Ce n’est pas donné, mais j'ai ainsi obtenu une moule que je remplis de silicone, puis je confectionne des queues à partir des couches obtenues », raconte-t-elle.
Créer une queue lui revient à 70 000 roubles environ (quelque 800 euros). Son poids varie de 13 à 17 kg, en fonction du design adopté. « C’est très difficile de la porter sur terre, mais dans l’eau c’est chouette, c’est comme si tu planais comme un vrai poisson ». Elle confie que, vu son emploi du temps bien rempli, elle ne peut confectionner qu’une queue par an.
Elle a découvert les plaisirs de la baignade en hiver il y a 4 ans non sans l’aide d’une amie. « Ne pouvant m’imaginer dans l’eau glacée – je suis très frileuse –, j’ai résisté pendant longtemps. Mais les émotions que j’ai ressenties en plongeant pour la première fois dans la trouée étaient si fortes que j’ai voulu le refaire encore et encore ».
Adoptant l’allure d’une sirène, elle nage donc dans une mer glacée et tourne des vidéos TikTok. Dans ces dernières, on peut la voir plonger dans l’eau couverte de glace et dire : « C’est très chaud ! ». Ou encore cuire des crêpes assise sur la glace et boire du thé à partir d’un samovar. Son compte TikTok compte déjà quelque 700 000 abonnés et cumule des millions de vues.
« "Vous êtes une vraie sirène ?", c’est la question qu’on me pose le plus souvent. Ce sont les enfants qui me le demandent et ils font tout pour trouver des preuves que je ne le suis pas », rit-elle.
« Pour être franche, les vidéos tournées en hiver cumulent beaucoup de vues en raison de la provocation. TikTok bannit souvent pour ce type de contenu expliquant qu’il s’agit d’actions pouvant être dangereuses. Les vues et les abonnés sont en gros dus aux détracteurs. On m’écrit souvent que je n’aurai pas d’enfants, que je n’ai pas de cervelle, mais que par contre j’attraperai une cystite. Mais tous ces gens ne savent rien sur les baignades d’hiver », avoue-t-elle.
En effet, Anastasia ne passe jamais plus de deux minutes dans l’eau glacée. Le plus souvent, elle y plonge pour une minute seulement. Sur son compte Instagram, elle écrit beaucoup sur les effets bénéfiques des baignades en eau glacée et essaie de les populariser.
« Pour résumer, cela marche de la manière suivante : quand tu te retrouves dans l’eau glacée, le corps est placé dans des conditions de stress. Les mécanismes de protection se mettent donc en marche : la température augmente pour réchauffer le corps. Alors que la température augmente, des immunoglobulines, ces cellules du système immunitaire qui neutralisent les virus, bactéries et champignons, sont générées. Si on fait régulièrement recours à cette pratique, les immunoglobulines restent en permanence à un niveau élevé », explique Anastasia, assurant qu’avant un simple courant d’air lui suffisait pour tomber malade.
« Auparavant, je détestais l’hiver, j’avais froid et j’étais triste. Je tombais souvent malade. Maintenant, rien de tel n’existe. Je sens que je vis une vie complète », conclut-elle.
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