Ayant visité l’entièreté du pays, cet Anglais raconte sa Russie

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Luc Jones est célèbre parmi ses compatriotes pour sa capacité à révéler la vraie vie russe. Or, elle diffère fortement de la façon dont se l’imaginent souvent les étrangers.

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« Moscou est l'endroit [le plus] confortable où vivre, mais si vous voulez voir la vraie Russie, allez à 50 km de la ville », déclare Luc Jones, 48 ans. Il est l'un de ces rares étrangers qui ont été témoins de l'évolution du pays depuis la chute de l'URSS jusqu'à aujourd'hui. Luc a quitté le Royaume-Uni au début des années 1990 pour venir étudier le russe.

Au début, il était motivé par la curiosité et le désir de voir de ses yeux cet ancien État fermé. Cependant, plus il vivait ici, plus il appréciait le pays et il est ainsi vite devenu un grand amateur de voyages, qui a visité les 15 anciennes républiques soviétiques et les 85 régions russes.

Des ressources humaines au blog vidéo

En réalité, Luc n'est pas connu en Russie en tant que voyageur : pendant la majeure partie de sa carrière, il a été un cadre supérieur des agences de recrutement Antal, puis Fircroft, et était souvent invité à des événements professionnels. Il a également rédigé des articles spécialisés sur le recrutement et expliqué comment se vendre à un employeur.

Sur la base de sa grande expérience, il a rédigé un guide pour les étrangers qui veulent trouver un emploi en Russie. Son livre Why Russians Don't Smile (Pourquoi les Russes ne sourient pas) révèle comment s'installer ici et comment faire partie d'une équipe russe.

Cette année, il a décidé d’entreprendre un nouveau voyage à travers la Russie et la CEI, comme à l'époque où il était étudiant.

« L'été dernier, j'ai parcouru la totalité de la Magistrale Baïkal-Amour de Bratsk à Tynda en platzkart [wagon-couchettes, option la moins chère]. Et je mangeais des nouilles instantanées dans le wagon », raconte Luc. Il a alors visité la République des Komis, celles de Khakassie et du Touva, ainsi que le district autonome de Iamalo-Nénétsie et a posté quelques vidéos. « Elles sont devenues populaires et j'ai décidé de continuer et de faire un vlog sur YouTube ».

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Où est la vraie Russie ?

« L'idée de départ était de faire des vidéos pour les étrangers », explique le quadragénaire. Toutefois, désormais, il compte de nombreux fans russes qui lui demandent de faire des vidéos en russe ou au moins d'ajouter des sous-titres. « Il s'avère que beaucoup de Russes s'intéressent à ce que les étrangers pensent d'eux, ce qui est drôle, car je pense que nous, les Britanniques, ne nous soucions pas de ce que quiconque pense de nous ».

Sur sa chaîne intitulée Russia! The Other Way, il dévoile des endroits parfois pas si évidents à apprécier en tant que touriste. Que faire à Kirov, Penza ou Ijevsk ? Il trouve des valeurs touristiques partout. « Quand je vais quelque part, je demande aux habitants de me montrer la ville ou je rencontre mes anciens collègues et amis qui y vivent », affirme-t-il.

« Dans les années 1990, le tourisme était un cauchemar », se souvient Luc. Aujourd'hui, la plupart des villes russes disposent d'hôtels internationaux avec des niveaux de service élevés, de nombreux restaurants partout et vous pouvez réserver des billets et des hôtels en ligne, donc voyager est devenu beaucoup plus pratique. « J'ai étudié le russe à Iaroslavl et j'y suis retourné plusieurs fois. Dans les années 1990, il n'y avait rien à faire, mais maintenant tout est différent. Il y a de bons hôtels, des magasins et des cafés. Pour moi, c'est la vraie Russie, quand l'architecture de la ville combine les styles ancien, soviétique et nouveau ».

Comme il le confie, les voyages restent son principal hobby. « J'ai l'habitude de plaisanter en disant que je ne cultive pas de pommes de terre à la datcha et que je ne bats pas de tapis le week-end. Mais il y a un groupe d'étrangers avec qui je vais parfois au bania ».

S’imprégner de la mentalité russe

La vie ici est plus facile si vous connaissez le russe, surtout dans les régions, décrit Luc. Or, la langue russe ne lui semble pas très difficile, sauf pour certaines lettres comme « ы » et les quelque 108 terminaisons de mots. Il parle aussi très bien l'espagnol (qu'il a appris à l'école), le français (sa mère vient du Canada) et le polonais : lorsque la crise économique de 1998 a frappé la Russie, il est parti en Pologne et est revenu en 2002. « Moscou a toutes les commodités de n'importe quelle autre grande ville et on peut s’envoler vers n’importe quelle destination à partir de là. De plus, la concurrence est très faible en Russie et il est facile de gagner en affaires, avance-t-il. Des fois, les Russes me disent qu'ils veulent travailler en Europe et je leur réponds toujours : "Jetez un œil aux impôts, vous donnerez la moitié de votre salaire !" ».

D'autre part, les étrangers qui viennent en Russie, ont aussi parfois des problèmes de communication : « Je pense que la plus grande erreur est de penser que les Russes ont le même caractère que les étrangers et qu'ils doivent agir comme eux, explique-t-il. Les Russes sont plus spontanés, notre vie est basée sur la logique et le pragmatisme, alors que les Russes sont plus émotionnels et ne planifient généralement rien, parce qu'ils ont survécu à de nombreuses périodes turbulentes et que la planification dans le passé était inutile ».

Néanmoins, l'une des principales choses que Luc apprécie vraiment chez les Russes est qu'ils font beaucoup de choses de bon cœur – « ot douchi » (« qui vient de l’âme »), comme il dit. « Les Occidentaux font quelque chose pour quelqu'un parce que cette personne les a aidés dans le passé ou qu'ils espèrent que ce sera le cas à l'avenir, mais les Russes ne s'attendent pas à ce que l'aide leur revienne. Et j'ai l'impression d'avoir commencé à être comme ça, moi aussi. Pas beaucoup, mais quand même... », conclut Luc avec le sourire.

Dans cet autre article, découvrez le témoignage d’un Grec ayant visité les 85 régions de Russie.

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