Comment un Anglais est tombé amoureux de la Russie (et pourquoi il ne veut plus en partir)

Archives personnelles; Maison d’édition AST, 2021
Après sa première année de vie en Russie, Craig Ashton s'est rendu compte qu'il voulait rester ici pour toujours. Qu'est-ce que ce Britannique a tant aimé dans ce pays «inhospitalier» et dans le froid Saint-Pétersbourg?

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Craig Ashton vit à Saint-Pétersbourg depuis 15 ans. Tombé amoureux de la Russie et de la « ville sur la Neva », il a brillamment appris la langue, a travaillé comme professeur d'anglais dans une école, a traduit des jeux informatiques, tient maintenant un blog populaire sur sa vie en Russie et a même écrit un livre en russe. Après l’avoir lu, nous avons parlé à Craig du pays et de ses habitants.

Premier contact avec la Russie

Les dômes en bulbes des cathédrales, les chars sur la place Rouge, la soupe aux choux et aux pommes de terre, et les sourires uniquement pour les grandes occasions - c'est pratiquement tout ce qu'un gars des environs de Manchester savait sur la Russie avant 1999. Ah oui ! Il avait bien sûr regardé des films hollywoodiens, où tous les Russes sont des méchants.

Plus tard, Craig est entré à l'Université d'Exeter, a choisi d'étudier la langue russe et a réalisé « à quel point elle est belle, bien qu'incroyablement difficile. » En 2002, il s’est rendu pour la première fois en Russie avec un groupe d'étudiants anglais pendant une année entière - ils apprenaient la langue de Pouchkine. Il se souvient avec émotion de sa première impression, lorsqu'une femme nommée Lioubov Serdetchnaïa les a accueillis à l'aéroport de Saint-Pétersbourg. Il était étonné que cela se traduise littéralement par « Amour Cordial ». Fidèle à son nom, elle s'occupait des élèves comme une mère, mais pouvait cependant avoir une main de fer.

« Elle est probablement devenue pour moi l'archétype de la femme russe qui a grandi en URSS. Très semblable aux héroïnes des affiches soviétiques - un visage fier avec une expression sérieuse, la main levée, envoyant chacun au bon endroit pour une grand cause », écrit Craig dans son livre Désolé, je suis étranger (maison d’édition AST, 2021).

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Il lui était alors difficile de communiquer avec les Russes - son vocabulaire était trop restreint. Aujourd'hui, il parle déjà librement de son amour pour l'éperlan, de la salade Hareng sous un manteau de fourrure, de la datcha et bien d'autres réalités russes. À l’époque, il ne savait toujours rien de lui-même : « Je ne savais pas qui j'étais et ce dont j'avais besoin. Mais après la première année en Russie, j'ai su que je voulais y vivre ».

Pourquoi le russe ?

« À mon avis, tous mes amis et connaissances russes m'ont un jour posé cette question. Parfois sur le ton "Mais enfin, pourquoi-euh ??", et ça m'attriste. Comme si la langue russe n'était pas belle ou importante. Comme si des centaines de millions de personnes ne la parlaient pas. Comme si ce n’était pas la plus belle du monde !, écrit Craig. Vous ne savez peut-être pas que le russe sonne très bien pour les oreilles anglaises ».

À l'école, Craig avait des problèmes en mathématiques, mais il faisait des progrès en allemand ; il a décidé qu'il serait un bon linguiste et qu'il devait choisir une langue rare. Et que ce serait bien si l'anglais était tenu en haute estime dans le pays en question. Bien sûr, les films hollywoodiens avec des méchants et de jolies femmes ont joué un rôle.

« Dans l’ensemble, j'ai immédiatement aimé le russe passionnément et je suis tombé profondément (littéralement) amoureux de ses sons, de ses bizarreries et de sa grandeur », écrit Craig.

Au début, ses notes en russe étaient mauvaises, mais Craig a ensuite découvert les chansons de Tatu, Verka Serdioutchka, Valeria, Propaganda et Delfina... Après avoir commencé à écouter de la musique russe, il est devenu le meilleur du groupe. Il a également lu Anton Tchekhov et des livres pour enfants, mais c'est la musique, pense-t-il, qui l’a aidé à apprendre le russe.

Difficultés de traduction

« Il y a eu plusieurs moments traumatisants dans ma vie que je n’oublierai jamais. Mon premier coup de soleil, ma première bagarre, le premier refus à ma proposition d'aller à un rendez-vous et... mon premier cours sur la lettre "Ы" ». (En savoir plus sur les lettres Ы ici). Mais la lettre Ж, qui « ressemble à un insecte écrasé », fut du goût de notre héros.

Le deuxième moment difficile dans l'apprentissage de la langue a été la division « Tu / Vous » en s'adressant à une personne. Il est d'usage d’utiliser « vous » avec un étranger, ou des personnes plus âgées en signe de respect. Cette règle complexe a apporté de nouvelles nuances dans sa vie – désormais, Craig attendait avec impatience une question de son interlocuteur: « On se dit tu ? ». « Ensuite, j'ai l'occasion d'agiter ma main de manière magnanime et généreuse : "On se tutoie, on se tutoie, bien sûr !" », écrit Craig. « Comment refuser à une personne qui propose de se tutoyer... Elle propose de l'intimité, de l'amitié, peut-être de l'amour, et puis le mariage! » Cependant, Craig lui-même ne propose jamais en premier de passer au « tu », craignant de se tromper et de ne pas saisir le moment propice. Par conséquent, même avec les enfants, Craig utilise un « vous » plein de respect.

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Soit dit en passant, il tient un blog - il compte plus de 30 000 abonnés. Craig dit que les articles les plus populaires sont ceux où il raconte comment il a souffert - qu'il s'agisse des difficultés liées à la langue russe ou à la paperasse avec les visas et les documents.

Notes sur les Russes

Au début, Craig pensait que les Russes étaient grossiers, mais il s'est ensuite rendu compte que ce n'était pas le cas. « Les Russes ont tendance à être plus directs et à parler ouvertement de choses sur lesquelles les Britanniques préfèrent garder le silence. Ici, tout le monde appelle un chat un chat. Cela m'a beaucoup surpris quand je suis arrivé en Russie pour la première fois, car les 20 premières années de ma vie, j'ai été obligé de suivre diverses règles de comportement social », a déclaré Craig.

Pendant ses 10 premières années en Russie, Craig a vécu comme un Anglais et ne voulait pas changer. Mais des années plus tard, il a commencé à vivre « à la russe » et à essayer d'entrer dans des discussions dont il se serait abstenu plus tôt. « Bien sûr, cela ne signifie pas que je dis maintenant tout ce que je pense, mais cela a définitivement amélioré ma vie ».

Craig a aussi apprécié la façon dont les Russes font des affaires. Par exemple, lorsqu'il travaillait comme professeur d'école, grâce à des connaissances, on lui a proposé d’être traducteur de jeux vidéo. En Angleterre, cela aurait été impossible, il aurait dû soumettre un curriculum vitae, passer un entretien, mais dans ce cas il a été immédiatement pris. « Des amis et hommes d'affaires russes m’ont dit qu'en Russie, l'essentiel n'est pas ce que vous savez, mais qui vous connaissez ».

Craig est tombé amoureux des femmes russes, ou plutôt d'une seule - celle qu'il a épousée. Nous lui avons posé une question délicate : en quoi les femmes russes diffèrent des femmes anglaises ? Craig a répondu que, selon ses observations, la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes dans un couple était toujours forte en Russie. Les femmes s'attendent à ce que les hommes paient lors d’un rendez-vous, tiennent leurs manteaux, ouvrent la portière de la voiture, enfoncent un clou dans un mur, mais elles-mêmes sont prêtes à jouer leur « rôle de genre » en retour.

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En général, Craig dit que les Russes sont un peuple fort qui vit selon le principe « faites ce que vous avez à faire et advienne que pourra ».

Dans cette publication découvrez les portraits d'étrangers ayant décidé de prendre racine dans la province russe.

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