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Quand rester n’est plus une option
De retour en Russie après les vacances de Noël, Julien, 23 ans, étudiant à la faculté prépapratoire de la Haute école d'économie de Moscou, ne s'attendait pas à ce que son séjour dans le pays se prolongerait indéfiniment. « Je n’avais pas encore acheté mes billets de retour - impossible sur un délai de 6 mois -, mais je souhaitais quand même rentrer en France pour voir ma famille et pour travailler pendant l’été, afin de financer le coût de ma vie quotidienne », raconte-t-il à Russia Beyond.
Malheureusement, les plans de Julien n'étaient pas voués à se réaliser - le monde entier a été balayé par la pandémie de Covid-19, au tout début de laquelle il a d'ailleurs perdu son passeport français. « Cela aurait été difficile de rentrer en France, du moins pour les vacances. Je ne voulais pas prendre le risque de quitter la Russie, au risque de ne pas pouvoir revenir en septembre », explique le jeune homme qui sera admis en maîtrise en septembre.
Une histoire similaire est arrivée à Mathilde, une étudiante de 21 ans en master à l'Université européenne de Saint-Pétersbourg. La jeune femme avait prévu de se rendre à Lille pour quelques jours fin avril et avait même réservé des billets d'avion, mais début mars, pour des raisons évidentes, son vol a été annulé. « Je me souviens bien, il était clair que je resterais quelques mois de plus en Russie, mais certainement pas aussi longtemps », se souvient Mathilde. Après avoir appris la fermeture des frontières, elle a décidé de ne pas chercher de moyens de quitter le pays. « Cette période coïncidait plus ou moins au pic de la crise en France, et le nombre de cas journaliers n’avait pas encore décollé ici », explique la Française.
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Vivre dans de nouvelles conditions
Sentiment d'incertitude, anxiété… Voici ce à quoi les étudiants étrangers restés en Russie pour l'été sont confrontés au jour le jour. « Au tout début de la crise, la part d’optimisme en moi m’a poussée à actualiser les informations plusieurs fois par jours et à essayer de me rassurer (sur le fait) que les frontières ne resteraient pas fermées indéfiniment et que tout finirait par rentrer dans l’ordre très vite, confie Mathilde. Mais au lieu de me rassurer, je suis vite tombée dans une spirale anxiogène ». Au fil du temps, cependant, une routine se met en place, note la jeune femme.
Selon Julien, psychologiquement, il y a eu des hauts et des bas, avec plus de bas que de hauts. « Parfois on se sent très seul, et un peu abandonné. On a du mal à parler avec les gens qui nous entourent parce qu’on ne maîtrise pas forcément assez la langue pour faire passer des émotions complexes », explique le jeune Français, soulignant qu'après la levée des mesures restrictives, il avait ressenti du soulagement. « On a une bonne ambiance, un peu familiale ici au dortoir, beaucoup de gens sont partis au début de la pandémie, donc ça nous a permis de mieux nous connaître », dit-il.
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Que faire pendant les vacances d'été ?
S’étant retrouvés dans une situation de séquestration temporaire, les étudiants étrangers ne désespèrent cependant pas et prévoient de faire contre mauvaise fortune bon cœur, en cherchant à en apprendre davantage sur le pays. Ainsi, Julien est sur le point de se rendre au village de Charanga, situé non loin de Nijni Novgorod. « La famille de mon amie russe vit là-bas, elle a obtenu cette année sa licence à l'Université d'État de Moscou. Ce voyage sera pour moi l’occasion de voir autre chose que la capitale », déclare le jeune homme.
Contrairement à lui, Mathilde, qui après la levée du confinement avait encore peur des espaces publics, a été contrainte de renoncer à l'idée de voyager le long du Transsibérien, qu'elle planifiait depuis longtemps. « J’imagine qu’il faut apprendre à composer avec toutes ces variables incertaines qu’on ne peut pas contrôler et essayer de redécouvrir ces mêmes lieux du quotidien d’un nouvel œil, ou même d’explorer les alentours », dit-elle.
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Selon le ministère russe de l'Éducation et des Sciences, il y avait en 2019 plus de 300 000 étudiants étrangers dans le pays, et selon les prévisions, leur nombre ne devrait qu'augmenter au cours des années à venir. La plupart viennent en Russie pour étudier dans le cadre d’un programme d’échange, mais un tiers y bénéficie de l’éducation gratuite. Ainsi, pour les étudiants s’y étant rendus de leurs propres frais, comme par exemple dans le cas de Julien, un séjour prolongé dans le pays sans droit à travailler peut présenter des défis financiers.
Aujourd'hui, la Russie occupe la quatrième place mondiale en termes de nombre de personnes infectées par le coronavirus - 800 849, tandis que 5 811 nouveaux cas ont été enregistrés au cours des 24 dernières heures.
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