Faute de vaccination, quelles terribles maladies pourraient faire prochainement leur grand retour?

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EKATERINA SINELCHTCHIKOVA
La rougeole est de retour, et les médecins à travers le monde tirent la sonnette d’alarme. Des milliers de cas ont été enregistrés aux quatre coins du globe, entrainant des morts par centaines. Cette maladie ne pourrait cependant qu’être le début d’un phénomène bien pire encore.

À l’âge de cinq ans, Elaine, de l’État du Wisconsin, est tombée malade. La fièvre était si forte qu’elle essayait sans cesse de se débarrasser de ses vêtements. La pièce était sombre, un linge humide couvrait ses yeux. Elle comprendra par la suite que c’est ainsi que ses parents ont tenté de l’empêcher de devenir aveugle, l’une des complications les plus graves de la rougeole. « Mon frère l’a attrapée après moi, donc nous avons été littéralement dans l’obscurité pendant presque un mois. Ça a semblé être une éternité », se rappelle-t-elle.

La maison d’Elaine était alors en quarantaine. Un représentant du département de la santé avait même suspendu à sa porte une pancarte, et était le seul à avoir l’autorisation d’y pénétrer. La nourriture devait être déposée sous le porche, et tout détritus devait être brûlé.

Cinquante années se sont écoulées depuis, mais le virus mortel que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pensait autrefois disparu à jamais est réapparu ce printemps, avec des foyers dans les États de Washington, de Californie, du Texas et de l’Illinois. Plusieurs districts de New York ont par conséquent déclaré l’état d’urgence. En parallèle, la situation en Europe se détériore depuis maintenant plusieurs années.

Quelle en est la cause ? « Un refus des parents de se vacciner eux-mêmes et de vacciner leurs enfants, combiné à un afflux croissant de migrants non vaccinés vers les pays développés » sont les facteurs clefs contribuant à la propagation de la rougeole, a affirmé à Russia Beyond Sergueï Netessov, directeur du laboratoire de virologie, de microbiologie et de bionanotechnologie au sein de l’Université d’État de Novossibirsk (Sibérie).

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L’Europe a ainsi enregistré 83 000 cas de rougeole pour la seule année 2018, un record pour ce siècle. C’est en effet trois fois plus qu’en 2017 et la situation est si inquiétante que l’OMS a inclut la réticence à la vaccination sur sa liste des dix plus grandes menaces sanitaires dans le monde.

Les États-Unis ont-ils été contaminés par la Russie?

Selon certains médias traditionnels américains, l’État de Washington aurait été contaminé par le biais d’immigrants russophones originaires tant de Russie que des anciennes républiques soviétiques.

En réalité, la situation en Russie n’est pas aussi mauvaise, les virologues la qualifiant de « contrôlable ». En 2018, 2 558 cas de rougeole y ont été recensés. En Ukraine néanmoins, le bilan est loin d’être aussi réjouissant puisqu’en 2016 seuls 31% des enfants âgés de six ans étaient vaccinés, l’un des taux les plus faibles d’Europe. Il en résulte que pas moins de 54 000 cas ont été déclarés dans le pays en 2018, et déjà 15 000 en 2019.

 « Il arrive souvent que chaque russophone soit pris pour un citoyen russe, alors qu’en fait la plupart dans cette catégorie appartiennent à la diaspora asiatique ou ukrainienne », explique à Russia Beyond Mikhaïl Chtchelkanov, virologue et professeur de l’Université fédérale d’Extrême-Orient, à Vladivostok. Le New York Times a de son côté précisé que les épicentres des infections se trouvaient habituellement au sein de groupe ultrareligieux aux fortes convictions anti-vaccins, ainsi que parmi les communautés d’immigrants de pays souffrant de normes de vaccination inadéquates, tels que l’Indonésie, les Philippines, Madagascar, l’Inde et le Pakistan. Or, l’Ukraine figure également sur cette liste.

La rougeole est considérée comme extrêmement virulente, et même plus dangereuse que le virus Ebola ou la tuberculose. Cette maladie circule en effet aisément dans l’air, et être dans la même pièce qu’une personne infectée est donc suffisant pour la contracter à votre tour. Pour cette raison, créer une barrière sécurisée autour des communautés atteintes tout entières est la seule méthode viable pour vaincre la rougeole et les autres maladies similaires, ajoute Chtchelkanov. Cela sous-entend également de vacciner 93-95% de la population. « Une simple rupture de dix ans dans le système peut conduire à ce que nous observons aujourd’hui en Ukraine, et tous les efforts doivent être recommencés à zéro ».

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Nous avons décidé de nous entretenir plus en profondeur avec cet expert au sujet d’autres maladies « inactives » qui pourraient faire leur retour dans un avenir proche, en cas de persistance de la méfiance à l’égard de la vaccination.

La rubéole

La rubéole est classée comme faisant partie de la même famille que la rougeole, étant donné qu’elle est tout aussi facile à contracter, et se déclare d’ailleurs souvent de pair avec elle, éclaircit Chtchelkanov. Il n’est ainsi pas rare de développer les deux maladies simultanément.

Fièvre, éruption cutanée et sensibilité accrue à la lumière – même les symptômes sont similaires à ceux de la rougeole. Néanmoins, la maladie se révèle moins grave chez les enfants que chez les adultes, et se limite fréquemment pour les plus jeunes aux signes d’une simple grippe. Le groupe le plus à risque sont alors les femmes enceintes : la rubéole peut entrainer de sérieuses complications pour le bébé, incluant cataracte, troubles cardiaques et perte de l’audition.

La polio

Franklin Roosevelt, Arthur C. Clarke et Frida Kahlo, tous ont souffert de la polio, résultant d’une infection s’attaquant à la moelle épinière des enfants.

Fièvre, vomissements, sécrétion de mucus, atroces douleurs musculaires  en sont les symptômes, qui peuvent durer plusieurs jours et soudainement cesser pendant un temps, avant de reprendre. Cependant, lorsque le souffrant tente de bouger un membre, celui-ci se trouve être paralysé.

La polio est potentiellement létale. En 1916 par exemple, plus de 2 000 enfants en sont décédés à New York. La maladie s’est ensuite répandue en Europe et aux États-Unis au milieu du XXe siècle, mais a été stoppée grâce au vaccin. En URSS, elle a officiellement été éradiquée en 1961.

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La parotidite

La parotidite est, de manière générale, la moins grave des maladies mentionnées ici, ses effets étant habituellement faibles et de courte durée. Fièvre et inflammation des glandes salivaires peuvent survenir, entrainant un gonflement du visage durant jusqu’à une semaine. Généralement, cela ne va pas plus loin, mais des complications peuvent apparaître dans de rares cas.

Le virus s’en prenant aux glandes salivaires, le pancréas et le système reproducteur sont en effet susceptibles d’être également affectés. Chez les patients de sexe masculin, cela peut provoquer une atrophie testiculaire et, ultérieurement, l’impuissance.

Le vaccin contre la parotidite est normalement inclus dans ceux de la rougeole et rubéole.

La variole

Au XXe siècle, la variole était capable de décimer des villes entières en Europe. La maladie pouvait en réalité tuer chaque année des centaines de milliers de personne et ceux qui avaient la chance d’y survivre risquaient quant à eux d’être défigurés à jamais par les plaies.

On juge que la variole a été vaincue par immunisation, le dernier cas ayant été enregistré en 1977. « Mais cela ne signifie pas que le virus s’en est allé et ne représente plus une menace pour l’humanité, assure Chtchelkanov. Par exemple la variole du singe inquiète de plus en plus … Il y a un risque qu’il puisse être transmis à l’homme, ce qui n’est qu’une question de temps ».

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Il y a en réalité d’ores et déjà eu des cas d’infection humaine en Afrique, aux États-Unis et à Singapour. L’on peut toutefois se consoler en soulignant que cette forme de la maladie est moins dangereuse que la variole ordinaire, la mort ne survenant que dans environ 10% des cas (contre 20-40%, voire même 90% selon certaines estimations, constatés pour la variole habituelle).

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