« Dès que je me trouve dans un nouvel endroit, ça m’intéresse toujours de savoir combien gagne un local, par exemple un chauffeur. Je retire la somme nécessaire, et vis uniquement avec cela, affirme Vladimir Nessine, originaire de Nijnevartovsk (Sibérie occidentale, 2 309 kilomètres au nord-est de Moscou), dans un entretien avec Russia Beyond. Les chauffeurs en Asie touchent en moyenne 85-100 euros par mois, et je trouve encore plus facile de m’en sortir avec cela, étant donné qu’ils ont une famille à nourrir, et que moi j’ai cet argent rien que pour moi ».
Citoyen du monde pieds nus
Malgré les merveilles des transports modernes, Nessine préfère contempler le monde à pied. « Je courrais pieds nus quand j’étais petit, et dès que je retire mes chaussures c’est comme un retour à mon enfance. Je suis toujours frappé par un désir d’enlever mes chaussures », confie Nessine, qui assure n’en porter qu’en cas de circonstances extrêmes.
Il voyage seul la plupart du temps, mais il se fait parfois accompagner à différentes étapes de ses périples. Son principal compagnon de route est d’ailleurs sa troisième femme, Veronica, la petite-fille d’un chef amérindien du Canada. Ensemble, ils ont traversé 55 pays en 10 ans. Nikita, son fils issu d’un autre mariage, l’a également rejoint lors de 33 voyages. Ceux souhaitant en faire de même peuvent par ailleurs contacter ce sexagénaire sur Internet.
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« Personne n’est jamais effrayé à l’idée de voyager avec moi, ils savent qu’ils seront en sécurité à mes côtés », soutient-il.
En dépit du fait qu’il ait visité certaines des zones les plus risquées de l’Afrique sub-saharienne, Nessine n’a jamais ressenti un réel sens du danger et n’y pense tout simplement pas. « Je ne me renseigne jamais sur les lieux que j’aimerais visiter. Je les aborde à la manière d’un enfant, m’y familiarisant uniquement par mes propres yeux » Selon lui, il n’existe qu’un seul conseil crucial pour les personnes souhaitant se lancer dans de telles aventures : apprendre à faire confiance aux autres.
« On dit que ce monde n’est pas dénué de bonnes personnes, et c’est vrai. Il faut traiter les autres de la façon dont vous aimeriez être traité en retour », avance Nessine.
Au-delà de son passeport russe, Nessine possède également un passeport mondial. « Bien que cela n’aide pas réellement pour les demandes de visa, avec, je me sens comme un véritable citoyen du monde », précise-t-il, ajoutant qu’il n’y a aucun endroit qu’il considère comme sa maison, si ce n’est la Terre en elle-même.
Vladimir a des amis et connaissances dans le monde entier, et notamment au Canada, en Ukraine, en Allemagne et au Kazakhstan.
Ni médicaments, ni assurance santé
Nessine vit grâce à sa retraite russe de 12 000 roubles (173 euros), et la majeure partie de cet argent est allouée à la nourriture. Il n’a jamais logé à l’hôtel en 20 ans de voyage, privilégiant sa tente, voire même, si le temps le permet, les nuits à la belle étoile. Il se déplace également rarement en avion, mais fait occasionnellement de l’autostop et a recours à d’autres moyens de transports lorsque c’est absolument nécessaire.
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Ce voyageur est également ardemment opposé aux médicaments, et ne dispose même pas d’assurance santé.
Parcourir le monde est pour lui un jeu d’enfant et implique uniquement de choisir une destination et de s’y rendre. « Un jour, mon but était d’atteindre l’Australie, et tout ce que j’ai fait a été de marcher dans cette direction ».
Nessine trimballe en outre entre 15 et 17 kilos de bagages, qui le suivent partout au cours de ses 25 kilomètres quotidiens à pied. « Je porte toujours sur moi un t-shirt et un short, et j’ai un sac de couchage et une casserole de camping », note-t-il. Ce modeste équipement lui dure généralement 9-10 mois (son plus long voyage a été de 14 mois). Il s’est déjà absenté de Russie plus longtemps, mais il est dans l’obligation d’y retourner au moins une fois tous les trois ans afin de percevoir sa pension.
Un bagage conséquent
Nessine s’est pour la première fois aventuré dans les vastes étendues du monde à la fin des années 70, lorsque l’URSS était encore une réalité. Il est alors parvenu à traverser 15 républiques soviétiques en 20 ans. Ce n’est qu’en 1997, lorsqu’il a obtenu un passeport pour l’étranger, qu’il a finalement pu franchir les frontières du pays. Mais cela a cependant été synonyme de complications immédiates.
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« La première fois que j’ai voulu voyager à l’étranger, j’ai fait la demande pour un visa du Brunei, mais ils ont refusé de m’en fournir un, disant que mon passeport appartenait à un pays qui n’existait plus. Dans la nouvelle Russie, ils délivraient encore des passeports imprimés selon les modèles de l’époque soviétique ».
Il a cependant finalement reçu son visa et s’est, cette année-là, lancée à l’assaut de la Mongolie, de la Chine, du Laos, et enfin de Brunei, pour un total de 5 000 kilomètres en 11 mois, toujours pieds nus.
À ce jour, il a visité 146 pays, et ne compte pas s’arrêter là. En effet, il planifie d’ores et déjà de se rendre prochainement en Islande ou au Groenland.
Avant de prendre sa retraite, ce retraité voyageur a travaillé comme chauffeur, électricien et professeur de sport. De plus, lorsqu’il n’est pas à l’autre bout du monde, il enseigne le sambo (art martial russe) à des enfants de Nijnevartovsk.
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Mettre le pied dans chaque nation n’est toutefois pas son but. « J’apprécie juste le processus en lui-même », confie-t-il.
Vladimir Nessine admet qu’il existe des lieux qu’il pourrait visiter encore et encore, notamment le Vietnam, la Thaïlande, la Chine, et l’Asie du Sud-Est de manière générale. Il a appris l’anglais et l’espagnol par ses propres moyens et a également rédigé trois livres, tous au sujet du voyage pieds nus. Il est d’ailleurs actuellement à la recherche d’un éditeur pour son dernier ouvrage.
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