Ozzy Osbourne et la Russie, de tentateur du diable à idole du rock

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ALEXEÏ TIMOFEÏTCHEV
Figure incontournable de Black Sabbath et l’un des fondateurs du métal, Osbourne a autrefois été vivement critiqué en URSS, mais a par la suite fait l’objet d’une folle adoration. Russia Beyond vous présente ici ce qui lie cette icône de la musique à la Russie.

« Les musiciens de Black Sabbath ont mené vers le feu de la diablerie des wagons de bois de première classe. Que ne voit-on pas sur scène durant les concerts de groupes de black métal. Têtes ensanglantées, croix sciées, prêtres et Jésus Christ lui-même fusillés … », c’est ainsi que le magazine soviétique Sobriété et Culture décrivait en 1987 le groupe de heavy métal au sein duquel Ozzy Osbourne a entamé sa carrière.

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Dans un programme télévisé d’URSS, le présentateur a également déclaré que Black Sabbath « prêche la violence et l’obscurantisme religieux ». Le principal membre du groupe, Ozzy Osbourne, était alors décrit comme un « exemple classique de problèmes de santé mentale et de désintégration de la personnalité » causés par autant de temps passé dans le show business américain. Et cela reflète plutôt bien l’attitude officielle soviétique à l’égard du chanteur.

Pourtant, seulement deux ans après la publication de cet article de Sobriété et Culture, celui qui était il y a peu surnommé le « Prince de l’Obscurité » et dont le mode de vie impliquait des quantités phénoménales d’alcool et de drogues, s’est rendu en URSS. Depuis, il y est retourné à plusieurs reprises, tant avec Black Sabbath qu’en solo. Ses derniers concerts en Russie se sont tenus début juin, en cette année 2018.

« Un beau pays et un peuple misérable »

Sa première visite a certainement été mémorable. C’était le temps de la perestroïka et d’une nouvelle ouverture de l’Union soviétique vers l’Occident. Moscou était alors un lieu accueillant désormais un Festival musical de la paix. En dehors d’Osbourne, d’autres stars du heavy métal de l’époque s’y sont rendues : Skid Row, Cinderella, Mötley Crüe, Bon Jovi ou encore Scorpions.

Se remémorant sa première visite en URSS, Osbourne a confié qu’il avait été « extrêmement surpris » par le fait que tant de personnes le connaissaient. « Je ne pensais pas qu’ils connaissaient quoi que ce soit à mon sujet, et j’ai été surpris de voir des affiches faites à la main "J’aime Ozzy". C’était très touchant et je me suis senti reconnaissant pour cette forme d’amour », a-t-il témoigné.

Lors d’un plus récent séjour, il a souligné à quel point le pays avait changé au cours des dernières décennies. Il a alors assuré espérer que ce serait « le début de quelque chose de génial, de grand et de merveilleux pour la Russie ».

« C’est un beau pays. Vraiment, ça l’est. Mais la population est si misérable, ils n’ont rien … Il y a des files d’attentes … Hier j’ai vu une file pour du chou. C’est ridicule et vraiment triste », avait-il déclaré en 1989, évoquant les pénuries qu’a subies l’URSS à la veille de sa chute. Et effectivement, aujourd’hui, nous n’avons définitivement plus à faire la queue pour acheter du chou !

Perdu au stade

D’après un journaliste ayant rencontré Osbourne à l’époque et l’ayant également récemment interviewé, Ozzy était absolument saoul durant ce fameux Festival musical de la paix et s’est retrouvé perdu dans le stade Loujniki, où l’événement se déroulait.

C’était alors le début de l’ouverture de l’URSS et les membres des patrouilles bénévoles aidant la police n’avaient jamais eu la chance de voir Osbourne à la télévision et ne savaient donc pas de quoi le « dieu du métal » avait l’air. Ainsi, ils ne l’ont pas reconnu et ont pris le chanteur éméché et désorienté pour un plombier ayant atteint sa limite de tolérance à la boisson, et l’ont par conséquent rapidement interpelé en vue de le placer en détention.

Ce n’est que grâce à l’intervention à temps du journaliste et à l’apparition des gardes du corps personnels d’Osbourne que la star a pu échapper à une visite d’un commissariat de police de Moscou. Dans un certain sens, le rockeur a finalement manqué une occasion de se familiariser encore mieux à la réalité de la société soviétique.

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Ancêtres impériaux de Russie

Ozzy n’a pas été accueilli avec enthousiasme par ses fans russes qu’en 1989. Presque 30 ans après, à l’occasion de ses concerts de 2018, l’excitation générale était tout autant palpable, lorsqu’il a signé son étoile personnelle à Moscou (comme les fameuses étoiles au sol à Hollywood) et exprimé son amour pour le pays. Cela pourrait sembler être de la politesse d’usage que de faire l’éloge de la nation hôte, mais peut-être cela cache-t-il quelque chose de plus profond ?

Selon une étude ADN réalisée il y a quelques années, le « Prince de l’Obscurité » serait en réalité un lointain parent du dernier tsar, Nicolas II. Par ailleurs, Osbourne possède du sang royal, par le roi de Grande-Bretagne George Ier, mais aussi celui du hors-la-loi américain Jesse James.

Certains diront que ce dernier est sûrement à l’origine du comportement sauvage du chanteur et de son mode de vie fortement critiqué. Mais par le biais de son origine impériale, il s’est ainsi découvert un lien indirect avec un personnage qui l’avait toujours fasciné : Grigori Raspoutine. En réalité, à cette époque, le rockeur composait un morceau à propos de ce mystique et favori de l’épouse de Nicolas II, l’impératrice Alexandra.

Décrivant Raspoutine, Osbourne a souligné ses habitudes de grand amateur d’alcool, d’homme à femmes et toutes ces choses qui ont fait de ce proche du tsar « la rock star originelle ». Il a ainsi fait de manière évidente le parallèle avec son propre mode de vie, une proximité sans doute accentuée par ses résultats sanguins.

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