À l’Onu, Russie et Occident trouvent un terrain d’entente sur Alep

Reuters
Les experts indiquent que la résolution de l’Onu ne précise pas qui devra assurer la sécurité de l’opération humanitaire dans la deuxième plus grande ville de la Syrie et estiment que les insurgés profiteront de la situation pour organiser des attentats à Alep.

Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté à l’unanimité la résolution franco-russe qui définit le déroulement de la mission humanitaire dans la ville syrienne d’Alep.

François Delattre, représentant permanent de la France à l’Onu a précisé que le projet comportait trois volets :

  • L’évacuation des personnes blessées dans les combats conformément au droit humanitaire international ;
  • Le plein accès de la mission humanitaire de l’Onu à la ville libérée ;
  • La sécurisation du travail du personnel médical à Alep.

La mission comprendra plus d’une centaine d’employés de l’Onu, ainsi que des représentants du Comité international de la Croix-Rouge et la Société syrienne du Croissant-Rouge.

À l’issue de la session de l’Onu, la représentante permanente des États-Unis à l’Onu Samantha Power a déclaré qu’il fallait agir de toute urgence, car la population d’Alep souffrait de la faim et du froid et que de nombreux habitants avaient tout perdu à cause de la guerre.

Qui assurera la mise en œuvre de la résolution ?

« Les diplomates sont enfin parvenus à un accord sur le problème humanitaire sans rajouter de sous-entendus politiques dans le document. Il ne reste plus qu’à savoir comment ces efforts se traduiront en pratique », nous explique Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Russia in Global Affairs.

La principale question qui reste en suspens concernant cette résolution est de savoir qui assurera la sécurité du personnel de la nouvelle mission de l’Onu en Syrie. 

« À ces fins, l’organisation doit déployer un contingent militaire et constituer une mission correspondante. Pourtant, pour le moment, le document laisse entendre que toute la responsabilité pour la vie du personnel de l’Onu incombera automatiquement aux armées russe et syrienne », estime Vladimir Evseïev, expert militaire et directeur adjoint de l’Institut des pays de la CEI.

Il a souligné qu’avec l’arrivée d’une nouvelle mission humanitaire à Alep, on pouvait redouter des provocations de la part des insurgés.

En septembre dernier, le personnel de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avait été attaqué par des inconnus dans la banlieue de la deuxième plus grande ville syrienne. Washington avait alors accusé l’armée de Bachar al-Assad en disant qu’elle frappait « sans discernement ».

Plusieurs médias étrangers citant des sources anonymes au sein du gouvernement américain ont affirmé que le convoi humanitaire avait été frappé par deux bombardiers Su-24 de l’armée de l’air russe. Cette information n’a jamais été prouvée.

La nouvelle résolution rapprochera-t-elle la Russie et l’Occident ?

Les experts estiment que les nouveaux accords n’auront aucun impact sur les relations entre la Russie et l’Occident, ni sur le travail conjoint sur la Syrie.

« Le relations évolueront en fonction des évolutions « au sol ». La mise en place d’une nouvelle mission de l’Onu à Alep était une question routinière. Cependant, les résolutions humanitaires seront désormais adoptées beaucoup plus facilement : les diplomates ne pourront plus utiliser ces sujets pour obtenir des avantages militaro-politiques en Syrie », ajoute Loukianov.

Et après ?

Pour les experts, la province d’Idlib est le prochain lieu d’opérations militaires soutenues : plus de 30 000 insurgés accompagnés de leurs familles s’y sont dirigés via les corridors humanitaires.  

« On ne sait toujours pas clairement ce qu’il faut faire avec l’opposition armée qui s’est déplacée à Idlib – en comptant leurs familles, on estime leur nombre à 100 000 personnes », indique Evseïev.

Il précise que l’armée syrienne lancera l’assaut dans cette région avec le soutien de l’aviation russe : ils essaieront d’encercler les combattants tout en libérant l’ouest de la province d’Alep et le nord des provinces de Hama et de Lattaquié.

Les combats dans cette zone se poursuivront jusqu’à l’été, après quoi les armées russe et syrienne s’attaqueront au front de l’Est et aux villes de Raqqa et de Deir ez-Zor. « J’espère que nous commencerons à coopérer plus étroitement avec les É​tats-Unis sur cet axe et que la guerre en Syrie ne durera pas plus d’un an », ajoute Vladimir Evseïev.

Lire aussi :

Syrie : la guerre des résolutions

Batailles pour Mossoul et Alep : où sont passés les « gentils » ?

Daech parvient à reprendre le contrôle de Palmyre

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies