Сomment les Bolcheviks mirent un monument en cage?

Domaine public
La statue équestre de l’empereur Alexandre III (1845-1894) par Paolo Troubetzkoy est certainement le monument de Russie qui aura eu le sort le moins enviable de tous.

Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr

Le comte Witte se souvenait que le grand-prince Vladimir Alexandrovitch avait prévenu qu’il « ne permettrai[t] jamais que soit érigé un monument fondu d’après le modèle du prince Troubetzkoy parce qu’il s’agit d’une caricature de [s]on frère ». En 1909 pourtant, cette statue fut installée sur la place de la Vierge du Signe (aujourd’hui place du Soulèvement) en face de la gare Nicolas (aujourd’hui gare de Moscou)  à Saint-Pétersbourg. La veuve de l’empereur fut satisfaite de la ressemblance qu’elle présentait avec son défunt mari.

Les gens du peuple avaient l’habitude de se moquer de ce monument en disant : « Une commode ; sur la commode, un hippopotame ; et sur l’hippopotame, un gros ballot ». Le peintre Boris Koustodiev écrivit à propos de cette statue : « Vraiment ridicule et extravagante. Le cheval n’a pas de queue. Il a la bouche ouverte comme s’il criait affreusement. Il regimbe et refuse d’avancer. Il est lui-même ridicule et lourd. L’impression qu’il fait de l’arrière est particulièrement comique ! Son dos est semblable à la poitrine d’une femme et son postérieur est privé de queue ».

Après la Révolution d’Octobre, ce monument devint le symbole de l’aversion pour l’autocratie. En 1919, on grava sur le piédestal le poème L’Epouvantail de Démian Bedni : « ... je suis planté là, épouvantail de fonte pour un pays qui a à tout jamais brisé le joug de l’autocratie ». Jusqu’en 1937, les autorités de Pétrograd, devenue Léningrad en 1924, ne trouvèrent pas l’argent pour retirer cette statue du centre de la ville. C’est pourquoi elles le firent dissimuler sous différentes constructions. En 1927, à l’occasion du dixième anniversaire de la Révolution d’Octobre, la statue fut mise en cage.

En 1937, le monument fut soustrait à la vue des habitants de Leningrad. Il fut installé dans un coin de la cour intérieure du Musée Russe. Durant la Grande Guerre patriotique, pour le protéger, on construisit autour de lui une structure en bois qu’on remplit de sable. Au sommet, on versa de la terre dans laquelle on planta de l’herbe. En 1953, il retrouva sa place dans la cour du Musée Russe. En 1994, la statue fut déplacée à l’endroit où l’on peut la voir aujourd’hui : devant le palais de marbre.

Symboliquement, elle repose sur le piédestal sur lequel avait longtemps été exposée l’automobile blindée dite « Ennemi du Capital » du haut de laquelle Vladimir Lénine s’adressait au peuple.

Dans cette autre publication, découvrez quel sort les bolcheviks ont réservé aux églises les plus connues de Russie.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies