Ilia Mouromets: que sait-on du plus puissant des preux chevaliers russes?

Histoire
ALEXANDRA GOUZEVA
Découvrez comment un fils de paysan paralytique est devenu le plus grand guerrier russe, et ce qui le relie à un moine canonisé de la Laure des grottes de Kiev.

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Chaque enfant russe sait dès son plus jeune âge qui est Ilia Mouromets, le plus fort et le plus courageux des héros russes. Un alter ego russe d’Hercule. Un guerrier invincible capable de vaincre n’importe quel adversaire, qu’il s’agisse d’un autre chevalier ou de monstres divers et variés.

Dans le célèbre tableau Les Bogatyrs de Viktor Vasnetsov, Ilia Mouromets est représenté au centre. Il semble plus grand et plus puissant que ses camarades, et même son cheval est plus imposant.

C’est très probablement Ilia Mouromets que Vasnetsov a représenté dans son autre tableau. Le preux y est représenté portant une épée, un bouclier, une lance et un fouet, et son étalon se dresse vers les cieux.

Adaptant littéralement les peintures de Vasnetsov, le réalisateur soviétique Alexandre Ptouchko a également placé Ilia Mouromets sur un cheval noir. (Regardez son film Ilia Mourometsici.) 

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Qui est Ilia Mouromets?

Avant tout, c’est un héros populaire issu du folklore qui est présent dans de nombreuses histoires épiques populaires. La figure légendaire de Mouromets était si célèbre qu’elle est même mentionnée dans des épopées scandinaves et allemandes ; Mouromets y jouait le rôle d’un preux chevalier russe.

Pendant les 33 premières années de sa vie, Ilia, habitant de la ville de Mourom, était paralysé. Il est resté allongé sur un poêle sans se lever, et ses parents âgés s’occupaient de lui. Mais un jour, des starets sont venus le voir ; ils l’ont guéri de sa maladie et lui ont également insufflé une force surhumaine. Ils lui ont ensuite intimé l’ordre d’aller servir le prince Vladimir le Soleil rouge (dont le prototype semble être, à quelques détails près, le prince Vladimir le Grand, qui a converti les Russes au christianisme).

Ilia Mouromets a donc commencé à se battre pour la Russie et à protéger le pays des attaques des ennemis et des mauvais esprits. Les coachs modernes devraient examiner de plus près cette légende et l’utiliser pour inspirer leurs pupilles : à tout âge, vous pouvez changer radicalement le cours de votre vie et réussir.

Quels personnages réels se cachent derrière la figure d’Ilia Mouromets?

Bien qu’Ilia Mouromets soit l’un des héros les plus célèbres du folklore russe, on ne trouve aucune mention de lui dans les chroniques anciennes. L’épopée russe n’a été consignée qu’au XVIIIe siècle, avant d’être transmise oralement, chaque région ayant donc ses propres variantes de l’intrigue. Il existe même plusieurs versions de la façon dont le héros est mort : il a été pétrifié, s’est volontairement couché dans un cercueil, ou a navigué vers des contrées inconnues.

Les événements décrits dans le folklore remontent approximativement aux Xe-XIe siècles. Le décalage temporel étant trop important, il est impossible de dire avec certitude si Ilia Mouromets a réellement existé, ni quelles figures réelles se cachent derrière cette image collective.

La figure d’Ilia Petcherski étant la plus proche de ce héros, ce saint est généralement considéré comme le prototype d’Ilia Mouromets. Originaire de Mourom lui aussi, c’était un moine de la Laure des grottes de Kiev (un monastère appelé en russe « Kievo-Petcherski »). Il y avait de nombreuses légendes sur sa force physique et sur la façon dont il combattait les ennemis qui attaquaient le monastère avec une simple botte. Avant de devenir moine, il a peut-être servi le prince de Kiev en tant que soldat.

La première mention écrite de ce moine remonte à 1638 et en 1643, il a été canonisé (avec d’autres moines de la Laure des grottes de Kiev).

Dans les grottes de la Laure se trouvent les reliques d’Ilia. Sa main droite, pliée comme pour se signer, est particulièrement remarquable : l’index et le majeur sont tendus, tandis que l’auriculaire et le petit doigt sont repliés (ce signe de croix était en vigueur avant les réformes de l’Église du XVIIe siècle).

À l’époque soviétique, des scientifiques ont inspecté la dépouille. Il a été établi que les reliques appartenaient à un homme de forte corpulence, mesurant environ 1,77 m, ce qui était supérieur à la taille moyenne des hommes au XIIe siècle. L’âge approximatif du décès a été estimé à 40-45 ans. Une blessure causée par une lance a également été découverte sur la main, ce qui a confirmé la théorie du passé militaire du moine.

Par conséquent, Ilia est considéré comme le saint patron de différents types de troupes et sur de nombreuses icônes et sculptures, il est représenté sur un cheval, tenant une épée ou une lance.

Mais le plus intéressant est que les experts soviétiques ont identifié des anomalies de la colonne vertébrale qui pourraient indiquer une maladie musculo-squelettique dont il aurait souffert dans sa jeunesse... On peut dès lors supposer que ce saint, comme son alter ego épique, serait resté immobile dans sa jeunesse, avant d’être miraculeusement guéri et de devenir très puissant.

Cependant, dans la conscience orthodoxe, le prophète biblique Elie (Ilia en russe) était souvent confondu avec le personnage folklorique qu’était Ilia Mouromets. Et si le tonnerre grondait et que des éclairs illuminaient le ciel, en Russie, on disait que c’était Ilia galopant à travers le ciel sur son char.

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