Comment les Russes prédisaient-ils autrefois l’avenir grâce aux oiseaux?

Kira Lisitskaïa (Photo: imageBROKER.com; dpa/Global Look Press)
Cette prédiction de l’avenir est l’une des plus anciennes formes de divination, utilisée par tous les peuples dans les temps anciens. En Russie, l’Église a toujours persécuté ces pratiques, mais malgré les interdictions, elles n’ont pas cessé et les présages associés aux oiseaux sont encore connus aujourd’hui.

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Poule

Les divinations en fonction du comportement des poules étaient les plus populaires – ces oiseaux se trouvaient dans presque toutes les cours. Le plus simple consistait, la veille de la nouvelle année, à placer un bol de grains devant une poule et à l’observer : si elle picorait tout, la récolte annuelle serait bonne, si elle n’y touchait pas, il fallait s’attendre à des ennuis.

La divination nuptiale était plus complexe. Pour cela, dans une pièce aux fenêtres à rideaux, l’on traçait un cercle sur le sol avec de la craie, l’on y plaçait un bol d’eau, un bol de clous, un bol de pièces de monnaie ou de bijoux et un miroir. Les filles se rendaient ensuite à tour de rôle au poulailler, choisissaient une poule dans l’obscurité, la transportaient dans la pièce et la relâchait. Si la poule allait vers le bol d’eau, le marié serait un ivrogne, avec les clous, un travailleur acharné, avec les bijoux, un homme riche, et si la poule s’intéressait au miroir, l’époux serait un amoureux de lui-même et un orgueilleux. Une poule qui commençait à paniquer et à se débattre annonçait en revanche une vie difficile avec son conjoint. Néanmoins, certaines filles ne parvenaient pas du tout à faire sortir la poule du poulailler – elle s’échappait. Cela signifiait qu’elles n’étaient pas destinées à se marier l’année suivante. Enfin, si au lieu d’une poule, une fille attrapait par accident un coq, son futur mari l’épouserait en qualité de second mariage.

Le coq occupait une place particulière dans la divination : il était considéré comme un oiseau précieux et chanceux, car le cri matinal du coq « chasse les démons ». C’est pourquoi le malheureux coq était sacrifié lors de la construction de séchoirs à blé et de moulins à eau. Le pire présage de malchance était le « kouroklik » (cri de poule), lorsque les poules commençaient non pas à glousser, mais à chanter et à crier comme un coq.

Pie

Les pies, en raison de leur comportement bruyant, étaient considérées comme des oiseaux de malheur associés à la sorcellerie. Une rencontre avec une pie seule présageait le malheur, une pie volant au-dessus de la tête ou une pie assise sur le faîte d’un toit – la mort d’un membre de la famille. Au contraire, la rencontre de deux ou plusieurs pies en même temps (ce qui est très rare) est synonyme de bonheur, de richesse et de fête bruyante.

Мoineau

Les gens du peuple croyaient que des moineaux avaient apporté les clous avec lesquels Jésus avait été crucifié, ce qui leur valait d’être maudits et condamnés à marcher en sautillant. Un moineau qui frappe à la fenêtre ou qui s’introduit dans la maison était un mauvais présage, de pauvreté, de difficultés et de mort.

Mésange

Le seul oiseau dont la visite à la maison promet une fête, de bonnes nouvelles ou un festin. Les mésanges sont amicales et n’ont pas peur de manger de la nourriture humaine. Elles pouvaient être d’ailleurs spécialement nourries, car l’on croyait qu’une mésange frappant à la fenêtre était un signe de l’arrivée imminente de parents ou d’amis.

Corbeau

Comme dans de nombreuses cultures européennes, le corbeau était considéré en Russie comme l’oiseau du mal, des sorciers. Cependant, le plus redouté de tous était le « voronograï », c’est-à-dire le cri d’un corbeau en vol. Il existait des formules magiques spéciales contre le voronograï qui, au XIXe siècle, étaient même mentionnées dans le dictionnaire encyclopédique de Brockhaus et Efron.

Pigeon

Les pigeons, comme les martinets, étaient considérés comme des « messagers », à l’aide desquels les âmes des morts communiquent avec ce monde. Cependant, si la visite d’un martinet est synonyme de mauvais changements ou de mort, celle d’un pigeon n’est qu’un « bonjour » ou un rappel de l’au-delà – à condition que le pigeon ne se soit pas écrasé à mort sur le chambranle de la porte ou sur la fenêtre. Des grains ou des miettes étaient souvent laissés aux pigeons sur les pierres tombales fraîches. L’on pensait en effet qu’en grignotant ces friandises, les pigeons aidaient l’âme du défunt à se rendre plus facilement au ciel.

Rappelons également que la colombe (qui n’est souvent rien d’autre qu’un pigeon blanc) est le seul oiseau « approuvé » par l’Église orthodoxe. Elle symbolise le Saint-Esprit, représenté sous la forme d’une colombe blanche. D’ailleurs, selon la Bible, c’est une colombe qui a apporté à Noé, à bord de l’Arche, un rameau d’olivier qui signifiait la proximité de la terre tant attendue.

Coucou

Impossible de ne pas mentionner cet oiseau, dont le cri est associé à la plus ancienne divination sur la longévité d’un individu : lorsque le coucou crie, il faut demander combien d’années il nous reste à vivre, et compter les cris. Heureusement, les coucous, qui commencent à chanter, peuvent le faire pendant très longtemps.

Une croyance oubliée mais très populaire était également liée au coucou : il fallait d’abord trouver l’oiseau dans les branches (au son) et ensuite remarquer sur quel rameau il était assis. Ce rameau était considéré comme un talisman magique, il était porté dans la poche comme amulette et comme porte-bonheur à la chasse.

Dans cet autre article, découvrez cinq signes traditionnellement jugés comme porteurs de malheur en Russie.

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