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« Seul un homme de sa trempe pouvait tenir bon et retenir ce bout de terre entre ses mains. Le courage et l’altruisme du commandant étaient un exemple pour ses subordonnés, ce qui a largement contribué à l’endurance dont a fait preuve tout le personnel de l’armée qui s’est battu pour la ville » : c’est ainsi que le maréchal Constantin Rokossovki a décrit le général Vassili Tchouïkov, commandant de la 62e armée, qui a défendu Stalingrad dans les féroces batailles sanglantes de l’automne 1942.
La carrière militaire de Tchouïkov a commencé en 1918, lorsque le jeune homme de dix-huit ans a rejoint l’Armée rouge. Il a combattu durant la guerre civile dans le sud, l’ouest et l’est du pays et, à l’âge de dix-neuf ans, il s’est vu confier le commandement d’un régiment de fusiliers. En 1939, Vassili Tchouïkov accède au poste de commandant de l’armée et prend une part active à la guerre soviéto-finlandaise de 1939-1940.
La Chine a occupé une place particulière dans la vie de Tchouïkov. En 1926, après avoir obtenu son diplôme de l’Académie militaire de l’Armée rouge (où il a, entre autres, étudié le chinois), il est envoyé dans ce pays en tant que courrier diplomatique. En 1940, il y retourne comme conseiller militaire de Tchang Kaï-chek pour assister l’armée chinoise, qui menait une lutte acharnée contre les Japonais. Au moment de l’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht, Vassili Tchouïkov se trouvait encore en Extrême-Orient. « Je brûlais d’aller sur le front pour commencer rapidement à combattre notre principal ennemi, l’Allemagne nazie », s’est souvenu le commandant. Finalement, en 1942, le général est rappelé dans son pays, où il se jette littéralement dans le feu de l’action.
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Le 28 juin, lors de l’opération Fall Blau, les troupes allemandes ont percé les défenses de l’Armée rouge dans le sud du pays et fonçaient vers les riches champs pétrolifères du Caucase. La 6e armée de Friedrich Paulus et la 4e Panzerarmee d’Hermann Hoth ont avancé à leur tour vers Stalingrad. S’ils prenaient ce grand centre industriel et nœud de transports sur la Volga, les Allemands menaçaient de couper le Caucase des régions centrales de l’URSS, plaçant ainsi le pays au bord de l’effondrement.
Le 22 juillet, Tchouïkov a reçu le commandement la 1re armée de réserve (64e armée), qui a rencontré l’ennemi dans un méandre du Don à bonne distance de Stalingrad. Le 12 septembre, Vassili Tchouïkov a pris la direction de la 62e armée, qui devait combattre dans la ville même. En quelques mois, cette force opérationnelle exténuée par la bataille avait vu défiler trois commandants. L’armée s’est retirée sous l’assaut des Allemands, qui avançaient inlassablement vers la Volga ; des batailles sanglantes se sont déroulées littéralement pour chaque rue, chaque maison, chaque remblai de chemin de fer, chaque sous-sol et même pour le moindre tas de ruines. « Nous nous sommes retirés, occupant un bâtiment après l’autre, les transformant en nœuds défensifs. Le combattant ne quittait sa position que lorsque le sol brûlait sous ses pieds et que ses vêtements commençaient à se consumer »,s’est souvenu le commandant.
Tchouïkov a refusé de mener des contre-attaques d’unités et de grosses sous-unités, misant plutôt sur la création des groupes d’assaut réduits (20 à 50 hommes), mais extrêmement mobiles. Ils « s’incrustaient dans les bâtiments et dans le sol et attendaient que les nazis approchent pour balancer une grenade » ; ils s’infiltraient en outre dans des tunnels souterrains pour se retrouver derrière les lignes ennemies, lui infligeant des coups douloureux.
« La tactique du groupe d’assaut est basée sur la rapidité d’action, la pression, ainsi qu’une large initiative et l’audace de chaque combattant, a écrit Vassily Tchouïkov dans ses mémoires. La flexibilité dans la tactique est nécessaire à ces groupes, car, en pénétrant dans un bâtiment fortifié, en tombant dans un labyrinthe ponctué de salles occupées par des ennemis, ils font face à beaucoup de surprises. Ici, une règle inexorable est en vigueur : aies le temps de te retourner ! À chaque pas, le danger guette le combattant. Qu’à cela ne tienne – on balance une grenade dans tous les coins de la pièce, et c’est parti ! Une rafale de mitrailleuse sur les restes de plafond ; pas assez ? Une grenade, et encore en avant ! Une autre pièce – une grenade ! Tu te retournes – une autre grenade ! Ratissez tout ça à la mitrailleuse ! Et que ça saute ! »
Afin d’empêcher les Allemands d’utiliser efficacement l’artillerie et les avions, les troupes de Tchouïkov étaient situées à proximité des positions ennemies. Presque en premier ligne se trouvait le quartier général du général lui-même, qui refusait mordicus d’être évacué de l’autre côté de la Volga. Le 14 octobre, les Allemands réussissent une percée et se retrouvent à seulement 300 mètres du poste de commandement. La brigade assurant la sécurité du quartier général a dû se joindre à la bataille. « Si l’ennemi avait réussi à se rapprocher encore, nous aurions dû combattre nous-mêmes les chars allemands », a noté Tchouïkov.
Début novembre, la 62e armée, compressée contre la Volga, ne tenait qu’un dixième de la ville : la zone située au nord de l’usine de tracteurs de Stalingrad, le village de l’usine Barricades, certains ateliers d’Octobre rouge et plusieurs pâtés de maisons. Malgré la situation désespérée des défenseurs, les plans des Allemands ont été contrecarrés. La 6e armée de Friedrich Paulus s’est complètement enlisée à Stalingrad, échouant à briser la défense soviétique avant l’arrivée du froid. Alors que les troupes de Tchouïkov paralysaient l’ennemi dans des batailles de rue éreintantes, l’Armée rouge accumulait des réserves et lançait le 19 novembre l’opération Uranus, qui s’est terminée par l’encerclement complet du groupe allemand.
Début 1943, la 62e armée porte le coup de grâce à l’ennemi encerclé lors de l’opération Koltso (Anneau). Par la suite rebaptisée 8e Armée de la Garde, elle libère sous le commandement de Tchouïkov l’Ukraine et la Pologne, achevant sa glorieuse épopée militaire à Berlin. Surnommé « général Assaut », Vassili Tchouïkov a occupé plusieurs postes de haut rang après la guerre, parmi lesquels ceux de commandant en chef des forces soviétiques en Allemagne et de commandant en chef des forces terrestres de l’URSS.
En 1981, peu de temps avant sa mort, Vassili Tchouïkov a demandé au secrétaire général du Comité central du PCUS Leonid Brejnev de l’enterrer sur le mémorial de Mamaïev Kourgan à Volgograd (nom de Stalingrad à partir de 1961) – un lieu de combats acharnés, où, après la guerre, un complexe commémoratif de grande envergure a été érigé. « De cet endroit, vous pouvez entendre le rugissement des eaux de la Volga, les salves des canons et la douleur des ruines de Stalingrad ; c’est là que sont enterrés des milliers de soldats que j’ai commandés... », a écrit Tchouïkov au dirigeant soviétique. Le vœu du commandant a été exaucé.
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