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Portrait du tsarévitch Pierre par un artiste inconnu / Wikipedia / Shakko ; Extrait d’un cahier du futur tsar, 1688-89 / Domaine public
Le futur empereur a commencé à être initié à l’enseignement dès qu’il a appris à marcher. À un an, en plus des jouets, il avait un « livre amusant » avec des images sur des sujets de tous les jours. Lorsque le prince avait cinq ans, il a été confié aux soins du clerc Piotr Zotov, dont les connaissances avaient été d’abord vérifiées par le théologien Siméon de Polotsk. Aux leçons, l’héritier étudiait la lecture et l’écriture, s’est familiarisé avec le psautier, l’Évangile et le Livre d’heures. Intéressé par les instruments de mesure précis, Pierre demande qu’on lui apporte un astrolabe et qu’on lui apprenne à s’en servir. C’est ainsi qu’il rencontre le marchand hollandais Franz Timmerman, qui lui fait découvrir les bases des mathématiques, de la géométrie, de la fortification et de la construction navale.
Nikita Zotov enseignant à Pierre. Miniature tirée de L’Histoire de Pierre Ier de Krekchine / Domaine public
En 1688, à Izmaïlovo, ils découvrent un vieux bateau - sa restauration est le premier pas vers la création de la flotte russe. Quelques années plus tard, Timmerman organise un voyage pour Pierre Ier dans les chantiers navals d’Amsterdam, puis il se consacre à la construction de navires. Et le génie militaire a été enseigné à Pierre par l’Écossais Patrick Gordon et le Suisse Franz Lefort : les cours théoriques se terminaient par des manœuvres.
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Le grand-duc Pavel, 1761, Fiodor Rokotov/Musée Russe/Domaine public
L’éducation systématique des héritiers sous les Romanov n’a débuté qu’au XVIIIe siècle. Devenu mentor du grand-duc Pavel Petrovitch, le diplomate Nikita Panine a décidé de former un monarque éclairé qui connaîtrait la politique et l’économie, l’art, les langues, l’histoire et la philosophie. Il a lui-même choisi des professeurs pour le fils de Catherine II. Ainsi, le métropolite de Moscou et Kolomna Platon a enseigné à Paul la loi de Dieu, Semion Porochine la géométrie et l’arithmétique, et le compositeur italien Vincenzo Manfredini lui a appris à jouer du clavecin. Les courtisans ont noté les connaissances approfondies du grand-duc en histoire, géographie et mathématiques, ainsi que sa maîtrise du français, de l’allemand, du slave et du latin. Paul avait également à sa disposition une vaste bibliothèque, que l’impératrice avait acquise pour lui, essayant de lui inculquer l’amour des œuvres de Voltaire, Diderot et Montesquieu.
Portrait des grands-ducs Alexandre et Constantin Pavlovitch, 1764 Richard Brompton / Ermitage/Domaine public ; Portrait d’Ivan Betskoï, 1776 / Ermitage/Domaine public
Catherine II a personnellement supervisé l’éducation de ses petits-enfants - le futur empereur Alexandre Ier et le grand-duc Konstantin Pavlovitch. Elle partageait les vues du philosophe anglais John Locke, qui croyait que l’environnement dans lequel un enfant grandit influence sa formation. Alexandre et Konstantin ont étudié selon l’Abécédaire de la grand-mère : dans celui-ci, l’impératrice décrit non seulement son idée des sciences, mais aussi des valeurs morales - diligence, honnêteté et bien d’autres. Elle illustrait ses histoires avec des proverbes, ainsi que des citations des philosophes anciens. Le secrétaire personnel de Catherine II, Ivan Betskoï, était responsable du programme. La communication avec les enseignants ne se limitait pas à la salle de classe : Alexandre Ier avait une relation très chaleureuse avec son mentor Frédéric-César de La Harpe. Il est venu de Suisse pour enseigner le français, mais a rapidement élaboré un plan général d’études, que Catherine a soutenu. Pendant dix ans, il était chargé de l’éducation des jeunes gens, leur donnant des cours de géographie, d’histoire, de droit et de littérature. De La Harpe a accordé une attention particulière à l’histoire, aux philosophes anciens et penseurs des Lumières, en cherchant à inculquer de hauts principes moraux à ses élèves.
Entre autres choses, les héritiers ont étudié non seulement la science, mais ont également maîtrisé le travail dans le jardin et les ateliers - par exemple, le futur tsar Alexandre Ier faisait de l’agriculture et a étudié la menuiserie.
Le grand-duc Alexandre Nikolaïevitch à cheval, 1832, Franz Krüger/Ermitage/Domaine public ; Portrait de Vassili Joukovski, 1837, Johann Reimers/Ermitage/Domaine public
Les fils de Paul Ier, Nikolaï et Mikhaïl, ont été formés à une carrière militaire. Leur préparation à l’âge adulte était donc principalement assurée par des majors, des généraux et des colonels, et elle était supervisée par le chef du premier corps de cadets, Matveï Lamsdorf. On ne faisait pas particulièrement cérémonie avec les disciples royaux, ils étaient punis pour la moindre inconduite, et on ne se gênait pas pour leur donner une raclée. Cette formation à la dure a été quelque peu diluée par le reste des enseignants. Le scientifique Vassili Koukolnik a initié les grands-ducs au droit romain et civil. Pour le cours d’économie politique, on a invité le professeur des grandes duchesses Andreï Chtorkh. Quelques années plus tard, à partir de ces leçons, il a créé un manuel. Pour élargir leurs horizons, Nikolaï et Mikhaïl voyagent : en 1814, ils se rendent à Paris pour voir comment les troupes russes sont accueillies. Et quelques années plus tard, ils partent en voyage autour de leur pays natal.
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Le futur tsar alors âgé de 15 ans et son frère / Bibliothèque du Congrès des États-Unis/Domaine public
Se souvenant de la dureté de sa formation, Nicolas Ier a choisi le poète Vassili Joukovski comme précepteur pour son fils. Il a abordé la question en détail : ayant voyagé à l’étranger pour étudier l’expérience européenne, il élabore un programme spécial. Selon celui-ci, le tsarévitch Alexandre a étudié de 8 à 20 ans, et non pas seul, mais avec deux autres enfants - Iossif Vilegorski et Alexandre Patkoul. Sous la direction de Joukovski, ils ont étudié la langue russe, la chimie et la physique. Parmi les professeurs des grands-ducs, le mentor a sélectionné les meilleurs dans leur domaine. Les cours de droit et de politique étaient donnés par le législateur Mikhaïl Speranski, les statistiques, l’histoire et la géographie étaient enseignées par Konstantin Arseniev et les problèmes économiques étaient expliqués par le financier Уgor Kankrine. Philip Brounnov, qui a été pendant de nombreuses années envoyé de la Russie en Grande-Bretagne, a parlé des subtilités des questions diplomatiques.
Le programme éducatif de l’héritier du trône a été conçu pour 12 ans : les cours se déroulaient de neuf heures du matin à cinq heures du soir avec des pauses pour la gymnastique, le déjeuner et les promenades. Son père Alexandre III adhérait à un principe extrêmement simple : « Je n’ai pas besoin de porcelaine. J’ai besoin d’enfants russes normaux et en bonne santé. » Et ici, une aide inattendue a été fournie par le professeur d’anglais Charles Heath. Il a non seulement enseigné cette langue étrangère, mais a également dirigé des cours d’éducation physique et a réussi à inculquer à ses élèves l’amour du sport. Équitation, natation, tir et chasse, pêche - Nicolas et ses frères aimaient un vaste éventail d’activités. Bien sûr, les sciences n’étaient pas oubliées : le ministre des Finances, Nikolaï Bunge, était responsable de l’éducation économique, et César Kioui, professeur de fortification et auteur de romans et d’opéras, enseignait la théorie des fortifications militaires.
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