Pourquoi en Russie tous les étrangers étaient jadis appelés «Allemands»?

Kira Lissitskaïa (Photos : Legion Media; Vassili Verechtchaguine/Galerie Tretiakov)
Dans l’ancienne Russie, presque tous les Européens étaient désignés en tant qu’«Allemands». Explications.

Russia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr

« Étrangers », « métèques » ou simplement « non-christs » - de nombreux noms, pas toujours très aimables, ont été attribués aux étrangers en Russie durant l’histoire. Cependant, le surnom le plus courant était « Allemands ».

L'arrivée des étrangers à Moscou au XVIIe siècle

Comment les « Allemands » sont-ils apparus ?

Les références aux « Allemands » en Russie remontent au Xe siècle dans la première Chronique russe - c’était le nom de missionnaires du Pape venus proposer au prince russe d’embrasser la foi catholique.

Plus tard, en Russie, il y a eu beaucoup d’étrangers de différents pays, mais tous étaient généralement appelés indifféremment « Allemands » (nemtsy). Après tout, ils ne pouvaient pas dire un mot en russe et étaient comme « muets » (nemye) – les deux mots affichent en russe une grande proximité phonique.

Allemands de l'Empire russe

>>> En images: la Russie et les Russes à travers les toiles de peintres étrangers

Historiquement, en Russie, il y a toujours eu beaucoup d’immigrants en provenance d’Allemagne - bien plus que de tout autre pays. À partir du XIIe siècle, des marchands, des médecins, des artisans sont venus ici, et au XVIe siècle une « Sloboda (village) allemande » est même apparue à Moscou. À l’époque, les tsars eux-mêmes attiraient activement des professionnels et des spécialistes allemands - par exemple, dans l’armée ou l’ingénierie. Pierre Ier est connu comme un germanophile - dans son entourage, il y avait un grand nombre de personnes venues d’Allemagne. Par conséquent, le surnom même « nemtsy » est resté en russe pour les désigner.

Portrait de Catherine II

L’impératrice russe Catherine II était une Allemande de souche. Elle a permis aux Allemands de peupler les terres de la région russe de la Volga (leurs descendants vivent toujours en Russie) - c’est ainsi que le concept d’« Allemands russes » est apparu.

Quels autres noms les étrangers avaient-ils en Russie ?

Les étrangers étaient appelés « Allemands » pour plus de commodité – en réalité, les Russes savaient faire la distinction entre les représentants des différents peuples et, à travers le temps, ils leur ont trouvé d’autres surnoms.

>>> Ces étrangers attirés par le froid sibérien

Les premiers étrangers que les tribus slaves vivant sur le territoire de l’ancienne Russie ont vus étaient très probablement les Vikings. Selon la théorie historique la plus courante, ils ont été les premiers dirigeants de Russie et les fondateurs de l’État russe - les tribus slaves elles-mêmes auraient fait appel aux Varègues, des Vikings, pour les gouverner. En fait, tous les Scandinaves étaient appelés « Varègues » en Russie. De plus, la route commerciale bien connue reliant l’Europe à Byzance à travers la Russie s’appelait « route des Varègues aux Grecs ».

 Des visiteurs d'outre-mer

Un afflux massif d’étrangers en Russie s’est produit au XIIIe siècle - l’invasion des Tatars-Mongols. Ces étrangers avaient un aspect physique totalement inconnu et professaient l’islam. De nombreux érudits pensent que le mot « bassourman », utilisé pour les désigner, renvoie au mot « musulman » déformé. Ils ont donc commencé à appeler ainsi non seulement ceux qui professaient l’islam, mais aussi de nombreux peuples ayant une autre foi, en particulier d’Asie.

Ivan le Grand déchirant la lettre du Khan, peinture d'Alexeï Kivchenko

Si la majorité des étrangers d’Europe occidentale étaient appelés « Allemands », il y avait une exception - les Italiens. Ils ont reçu le surnom de « friazine » ou « friag ». Vraisemblablement, le terme viendrait du mot « franc ». Au XVe siècle, un grand nombre d’architectes italiens ont été invités en Russie - ils ont construit les murs et les cathédrales du Kremlin de Moscou et d’autres fortifications. Beaucoup, s’étant russifiés, ont même reçu le nom de famille « Friazine » - Aloisio da Carcano est devenu Alevize Friazine, et Antonio Gislardi - Anton Friazine . Le diplomate Gian Battista della Volpe a quant à lui pris le nom d’Ivan Friazine.

Vassili III ordonne à Alosius de construire un fossé

Dans cette autre publication, découvrez cinq Français qui ont brillamment servi la Russie.

Chers lecteurs,

Notre site web et nos comptes sur les réseaux sociaux sont menacés de restriction ou d'interdiction, en raison des circonstances actuelles. Par conséquent, afin de rester informés de nos derniers contenus, il vous est possible de :

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies