Neuf princesses européennes devenues tsarines de Russie

Histoire
GUEORGUI MANAÏEV
Les tsars russes essayaient de conclure des mariages avantageux en donnant leurs filles à des princes européens. Mais pour bon nombre de princesses européennes, les maris russes de sang royal constituaient également d’excellents partis.

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Anne Porphyrogénète (née à Constantinople, époux - prince Vladimir Ier)

Avant le baptême de la Russie, le prince Vladimir était le dirigeant d'un État païen. Il est prouvé que parmi ses épouses se trouvaient des dames d'origine tchèque et grecque. Lorsque Vladimir a capturé Korsoun (Chersonèse), qui appartenait à Byzance, il a demandé la princesse Anna, sœur des empereurs byzantins Basile II et Constantin VIII, comme épouse. La condition du côté byzantin était le baptême de Vladimir - ce qui signifiait la propagation du christianisme dans les terres placées sous son contrôle.

Après le baptême, Vladimir et Anna se sont mariés selon le rite chrétien. Anna a activement participé à la christianisation des terres russes, et de nombreuses églises ont été construites grâce à son financement. Elle est décédée quatre ans avant la mort de son mari, en 1011 ou 1012.

Sophie de Lituanie (née à Trakai près de Vilnius, époux - prince Basile Ier)

À la fin du XIVe siècle, la principauté de Moscou et le Grand-Duché de Lituanie étaient voisins - Smolensk appartenait alors au Grand-Duc de Lituanie Vytautas. Le prince de Moscou Basile Ier a épousé la fille de ce dernier, Sophie. Selon la légende, ils ont été fiancés très jeunes, lorsque le prince Basile se cachait en Lituanie, après s'être échappé de la captivité chez les Tatars.

Le mariage a eu lieu en 1390 à Moscou. Leur union a assuré la paix entre Moscou et la Lituanie, donnant naissance à quatre filles et cinq fils. Après la mort de son mari en 1425, Sophie de Lituanie dirigea seule la principauté de Moscou et prit une part active aux activités politiques, rédigea des lois et plus tard, en 1451, dirigea la défense de Moscou contre les Tatars. Sophie a vécu une longue vie – elle est décédée à 82 ans, devenant religieuse à la fin de sa vie au monastère de l'Ascension de Moscou.

Zoé (Sophie) Paléologue (née à Byzance, époux - grand-duc Ivan III)

Zoé Paléologue était la nièce du dernier empereur de Byzance, Constantin XI, mort lors de la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Après avoir quitté Byzance, elle a vécu à Rome. En 1469, le pape Paul II proposa d'organiser le mariage de Zoé avec le grand-duc de Moscou Ivan III - peut-être dans le but de rapprocher les Églises catholique et orthodoxe. Les négociations durèrent trois ans et, en 1472, Sophie arriva à Moscou, où elle épousa Ivan III dans le rite orthodoxe, selon la foi de ses ancêtres. Sophie n'est pas devenue l’artisane d’un renforcement de l'influence de Rome à Moscou. Elle a donné naissance à neuf enfants et est décédée deux ans avant son mari.

Sophie-Dorothée Auguste Louise de Wurtemberg (née à Stettin, époux - empereur Paul Ier)

Pendant la majeure partie du XVIIIe siècle, la Russie a été gouvernée par des femmes, à l'exception du court règne de Pierre III, dont le fils Paul Ier est monté sur le trône en 1796. Sa première épouse était la princesse Wilhelmine-Louise de Hesse-Darmstadt (nom orthodoxe Natalia Alexeïevna), décédée en couches. La deuxième épouse était également une princesse européenne, Sophie-Dorothée de Wurtemberg, dont le nom orthodoxe était Maria Feodorovna. Peintre et sculpteuse de talent, qui maîtrisait également le tournage, Maria Feodorovna a consacré beaucoup de temps à l'artisanat et à la décoration de la résidence du grand-duc à Pavlovsk. Devenue impératrice, Maria a dirigé son énergie vers la charité - elle était en charge des orphelinats, de l'éducation des femmes, de l'organisation des écoles professionnelles et des collèges, ce qu'elle a continué à faire après la mort de son mari, avec ses fils Alexandre Ier et Nicolas Ier. L'impératrice Maria Feodorovna est décédée en 1828.

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Louise Augusta de Bade (née à Karlsruhe, époux - empereur Alexandre Ier)

Dans le sillage de Maria Feodorovna, toutes les épouses des empereurs russes suivants étaient des princesses européennes – et beaucoup des jeunes mariés avaient des liens familiaux. Ainsi, l'épouse d'Alexandre Ier, Louise Augusta de Bade (nom orthodoxe : Élisabeth Alexeïevna) était la nièce de la première épouse de Paul Ier, Natalia Alexeïevna.

L'impératrice Catherine Ire a elle-même choisi la femme de son petit-fils, et le mariage a eu lieu durant son règne, en 1793. Le mariage, d'abord idyllique, n'a finalement pas fonctionné - le grand-duc Alexandre ne cachait son attirance pour les dames de la cour, tandis qu’Élisabeth Alexeïevna elle-même était également soupçonnée d'infidélité. Ses deux filles d'Elizaveta Alexeïevna, Maria et Elizaveta, décédées en bas âge, étaient considérées comme nées de relations extraconjugales. Élisabeth Alexeïevna n'a pas d'autres enfants. Elle a quitté ce monde peu de temps après la mort d'Alexandre en 1826, mais longtemps après sa mort ont circulé des rumeurs selon lesquelles l'impératrice s'était en fait rendue dans un monastère, où elle aurait vécu sous un faux nom.

Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine de Hohenzollern (née à Potsdam, époux - empereur Nicolas Ier)

Issue de la famille royale prussienne, elle a rencontré son mari alors qu'elle n'avait que 15 ans. Leur mariage devait renforcer l'alliance entre la Russie et la Prusse, et la princesse elle-même espérait une union paisible, loin des intrigues, car Nicolas n'était pas l'héritier du trône. Ils se sont mariés à Saint-Pétersbourg en 1817 et Frédérique-Charlotte a été baptisée dans la foi orthodoxe sous le nom d'Alexandra Féodorovna. Neuf mois plus tard naissait leur premier enfant, qui deviendrait l'empereur Alexandre II.

La vie tranquille du couple s'est terminée en 1825, avec l'abdication de l'héritier Constantin - Nicolas est devenu empereur, et la vie de sa femme, en raison des devoirs liés au titre d'impératrice, s'est transformée en une série d'événements officiels, de réceptions et de bals. Ce calendrier très strict a sapé la santé déjà mauvaise de l'impératrice, qui était constamment malade en raison du climat nordique rigoureux. De plus, à l'âge de 34 ans, elle était déjà mère de sept enfants. Après la naissance du septième enfant, en 1832, les médecins n'ont pas recommandé à Alexandra Féodorovna de tomber enceinte, ce qui a définitivement ruiné la vie intime déjà insatisfaisante des époux. L'empereur avait des favorites connues de tous, et l'impératrice ne contrôlait plus son propre destin. Selon la demoiselle d'honneur Anna Tioutcheva, pour Nicolas « c'était un bel oiseau, qu'il gardait enfermé dans une cage dorée et ornée de bijoux, qu'il nourrissait de nectar et d'ambroisie, bercé de mélodies et d'arômes, mais dont il couperait les ailes sans regret si elle voulait sortir. » Elle survécut de 7 ans à son mari et mourut en 1860.

Maximilienne Wilhelmine Marie de Hesse-Darmstadt  (née à Darmstadt, époux - empereur Alexandre II)

Quand le grand-duc Alexandre était en voyage à travers l'Europe en 1839, plusieurs princesses européennes ont été présentées à l'héritier du trône. Il les trouva toutes, selon les mémoires de sœur Olga, « ennuyeuses et insipides ». La princesse Maria de Hesse (elle avait 14 ans), au contraire, n'a pas du tout cherché à plaire à l'héritier, qui en est tombé éperdument amoureux. Mais il y avait un problème lié à l'origine de la jeune fille - elle était considérée comme née non pas de son père, mais de l'amant de sa mère. Et bien que son père, Ludwig de Hesse, ait reconnu Marie et son frère comme ses enfants, lui et sa mère vivaient séparément. Pour résoudre les doutes, la mère d'Alexandre, Alexandra Féodorovna, s'est elle-même rendue à Darmstadt pour faire connaissance avec sa future belle-fille, et ce n'est qu'après cela qu'elle a accepté le mariage.

En 1840, Marie de Hesse se convertit à l'orthodoxie sous le nom de Maria Alexandrovna, et un an plus tard, elle devient l'épouse de l'héritier du trône. Elle était modeste et fermée, et participait peu à la vie politique et sociale - même après être devenue impératrice en 1856, à l'âge de 30 ans. Elle se consacrait à la charité et était la mécène de cinq hôpitaux, 12 hospices, 36 refuges, deux instituts, 38 gymnases (lycées, ndlr), 156 écoles. Avec son soutien, la première branche de la Croix-Rouge a été ouverte en Russie.

La relation des époux s'est refroidie avec le temps - le tsar, selon ses contemporains, était trop attaché à une vie belle et libre. En 1865, le fils aîné et héritier, Nicolas Alexandrovitch, est décédé, après quoi l'impératrice Marie « mourut intérieurement, et seule la coque extérieure vivait une vie mécanique ». Les dernières années de sa vie d'impératrice ont été éclipsées par les histoires d’amour de son mari – l'empereur a installé sa favorite, Ekaterina Dolgoroukova, avec qui il a eu quatre enfants, directement dans le palais d'Hiver. Maria Alexandrovna est morte avant son mari - elle est décédée en juin 1880 de la tuberculose. Moins d'un an après le décès de sa femme, Alexandre II a été assassiné par le groupe Narodnaïa Volia.

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Marie Sophie Frederikke Dagmar du Danemark (née à Copenhague, époux -empereur Alexandre III)

Lorsque l'héritier du trône Nicolas mourut en 1865, Alexandre prit sa place, prenant en même temps comme épouse la fiancée de son frère décédé, Dagmar du Danemark. Devenue orthodoxe, elle a pris le nom de Maria Féodorovna.

Le mariage, malgré les circonstances, était considéré comme heureux : le couple a eu six enfants. Maria et Alexandre partageaient une même passion pour l'art - tous deux avaient reçu une éducation artistique et passaient leur temps libre à peindre ensemble. En outre, le couple impérial aimait collectionner - leur collection a ensuite constitué la base du Musée russe de Saint-Pétersbourg. Lorsque la famille allait se reposer dans les skerries finlandais ou les forêts caréliennes, où l'empereur préférait vivre « de manière simple », sans serviteurs, Maria Féodorovna menait joyeusement un style de vie « paysan », cuisinant pour son mari et sa famille.

Par tradition, Marie était engagée dans des œuvres caritatives, dirigeant également la Société de la Croix-Rouge russe. Pendant la Première Guerre mondiale, c'est elle, en tant qu’impératrice douairière, qui était chargée d'organiser les hôpitaux et les infirmeries à Saint-Pétersbourg pour les blessés sur les fronts. En 1919, elle quitte la Russie. Elle est décédée au Danemark en 1928.

Victoria Alix Hélène Louise Beatrice de Hesse-Darmstadt (née à Darmstadt, époux - empereur Nicolas II)

L'épouse du dernier empereur de Russie était une femme de son entourage. Alix de Hesse-Darmstadt était à la fois cousine aux quatrième et deuxième degrés de Nicolas. Les parents de Nicolas et d'Alix se sont opposés à leurs fiançailles - ils avaient prévu des partis plus prestigieux pour leurs enfants. Mais lorsque la santé d'Alexandre III a commencé à se détériorer, il a tout de même permis à son fils de se marier. Alix a été baptisée orthodoxe avec le nom d'Alexandra Féodorovna le 2 novembre 1894, le lendemain de la mort de l'empereur Alexandre III, et le mariage avec Nicolas a eu lieu le 26 novembre de la même année.

La question fondamentale était la naissance d'un héritier dans la famille - cependant, les quatre premiers enfants étaient des filles. En 1904, le tsarévitch Alexis est né, mais il a hérité de l'hémophilie de sa mère : presque toute la vie de la famille impériale a par la suite été subordonnée aux soins de l'héritier. En raison de la maladie de son fils et de la détérioration générale de la situation dans le pays, les crises de nerfs d'Alexandra Féodorovna sont devenues plus fréquentes. Au plus fort de la Première Guerre mondiale, elle et ses filles ont été formées aux soins infirmiers et se sont occupées des blessés au palais de Tsarskoïe Selo, transformé en hôpital.

Avec l'arrivée au pouvoir des bolcheviks, la famille impériale est exilée à Tobolsk, puis à Ekaterinbourg, où en juillet 1918, Nicolas II, sa femme, ses enfants et ses serviteurs, sont exécutés. 80 ans plus tard, leurs restes ont été enterrés dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.

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