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Bobby Farrell, le chanteur principal du groupe pop Boney M., avait l'habitude de se déguiser sur scène en une version dessin animé de Raspoutine pour entonner sa chanson phare consacrée à la prétendue liaison entre Raspoutine et l'impératrice. Farrell est décédé à Saint-Pétersbourg le 30 décembre 2010, jour du 94e anniversaire du meurtre de Raspoutine dans la même ville. L'artiste est arrivé, s'est produit lors d'une soirée d’entreprise, a chanté ses dernières répliques « rah-rah-Raspoutine » et a été retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel le lendemain matin. Cette coïncidence (ou pas ?) n'est qu'une des histoires mystérieuses qui entourent la vie et, dans ce cas, l'au-delà du célèbre mystique russe.
Bobby Farrell
Boney M/Youtube« Cheveux foncés, longs et mal peignés ; barbe noire et épaisse ; front haut, nez large et proéminent, bouche musculeuse. Mais toute l'expression du visage est concentrée dans des yeux d'un bleu de lin, des yeux brillants, profonds, étrangement séduisants. Le regard est à la fois perçant et caressant, naïf et sournois, attentif et distant. Quand son discours s'anime, ses pupilles semblent se charger de magnétisme » : c'est ainsi que Raspoutine est apparu à Maurice Paléologue, l'ambassadeur de France en Russie à l'époque (ses propos ont été retraduits depuis le russe).
Tous ceux qui ont vu Raspoutine ont été frappés par le charisme inhabituel de cet homme. Admiré et détesté, il ne laissait personne indifférent. Pour comprendre qui il était vraiment, nous devons rechercher uniquement des faits documentés et prouvés sur sa vie.
La chose la plus importante à considérer à propos de Raspoutine est qu'il pouvait effectivement guérir les gens et, surtout, le tsarévitch Alexeï, fils de Nicolas II, qui souffrait d'hémophilie, une maladie héréditaire qui empêche le sang de coaguler ; fondamentalement, chaque petite ecchymose ou contusion chez une personne atteinte d'hémophilie entraîne des saignements prolongés, y compris internes. Fait incroyable, les capacités de Raspoutine ont été validées même par des gens qui le méprisaient.
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« Il ne fait aucun doute que Raspoutine possédait la technique de l'hypnose thérapeutique, bien qu'il soit impossible de définir exactement comment cela fonctionnait », a écrit l'historien russe Igor Zimine.
Impératrice et son fils, 1912
Domaine publicLa grande-duchesse Olga Alexandrovna, sœur de Nicolas II, a écrit qu'en 1907, alors qu'Alexeï n'avait que trois ans, il s'était blessé à la jambe en jouant à Tsarskoïe Selo, la résidence d'été de l'empereur. « Il y avait des cernes autour de ses yeux [...] sa jambe était enflée au-delà de toute reconnaissance. Les médecins n'étaient d’absolument aucune utilité, a écrit la grande-duchesse. Alors Alix (l'impératrice Alexandra Fiodorovna) a envoyé un télégramme à Raspoutine à Saint-Pétersbourg. Il est arrivé vers minuit. À ce moment-là, j'étais déjà dans mon appartement et, le matin, Alix m'a appelée dans la chambre d'Alexeï. Je ne pouvais pas en croire mes yeux. Le bambin était non seulement vivant, mais en bonne santé. Il était assis sur le lit, la fièvre semblait avoir disparu, il n'y avait aucune trace de tumeur sur la jambe, ses yeux étaient clairs, brillants… Plus tard, j'appris d'Alix que Raspoutine n'avait même pas touché l'enfant, il s’était tenu juste au pied du lit et priait. »
Mikhaïl Rodzianko, président de la Douma d'État, a écrit : « Raspoutine avait beaucoup d'hypnotisme en lui. Je pense qu'il était d'un intérêt scientifique exceptionnel. » Trois autres membres de la famille impériale - la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, la sœur de Nicolas, son mari, le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch et le grand-duc Kirill Vladimirovitch - ont reconnu indépendamment les capacités de guérison de Raspoutine dans leurs mémoires.
Caricature insinuant une relation entre Raspoutine et l'impératrice. L'inscription dit : "L'Autocratie".
Domaine publicGrigori Raspoutine était issu d'une famille de paysans sibériens. Jeune homme, sa santé était fragile et, probablement pour se soigner et se fortifier, il commença à faire des pèlerinages dans différents monastères et lieux saints de Russie. Dans son village natal de Pokrovskoïe, gouvernorat de Tobolsk, il est devenu célèbre en tant qu' « homme de Dieu ». Il a été présenté à Nicolas et Alexandra par des proches du couple impérial en novembre 1905.
Cependant, contrairement à une croyance populaire, Raspoutine n'était pas un invité fréquent au palais du tsar. En 1906, Raspoutine rencontra Nicolas et sa famille à deux reprises ; en 1907 – trois fois. Sydney Gibbes, qui de 1908 à 1917 a été le précepteur d'anglais des enfants de Nicolas II, a écrit : « L'impératrice croyait en sa droiture, en sa force spirituelle, croyait que sa prière aidait. C'était la seule façon dont elle soignait [le tsarévitch]. Raspoutine ne visitait pas le palais aussi souvent qu'on le criait. Il était appelé lorsque la maladie d'Alexeï se manifestait. Je l'ai vu une fois moi-même. Je l’ai perçu comme un homme intelligent, rusé et aimable. »
Alexandra Tegleva, qui a été la nounou des enfants du tsar pendant 17 ans, a écrit : « Je n'ai vu Raspoutine qu'une seule fois, alors qu'il se dirigeait vers la chambre d'Alexeï ». Le domestique de Nicolas, Alexeï Volkov, a quant à lui témoigné : « J'ai vu Raspoutine au palais à deux reprises. Il fut reçu par l'Empereur et l'Impératrice ensemble. Il est resté avec eux pendant environ vingt minutes, la première et la deuxième fois. Je ne l'ai jamais vu boire même du thé avec eux. »
Alexis Romanov
Domaine publicLa principale source des commérages sur les relations sexuelles présumées entre Raspoutine et l'impératrice était les lettres d'Alexandra Fiodorovna à Raspoutine. Elles auraient été volées par Iliodor (Troufanov), un moine orthodoxe qui était ami avec Raspoutine jusqu'en 1912, date à laquelle ils se sont brouillés. Après cela, Iliodor a écrit un livre dans lequel il publiait la lettre de l'impératrice, qui a immédiatement connu un succès viral. Après cela, tout le monde pensait que Raspoutine était l’amant de l'Impératrice, car elle écrivait : « Comme je suis lasse sans vous. Je ne repose mon âme que lorsque vous, l'enseignant, êtes près de moi, que je vous embrasse les mains et pose ma tête sur vos épaules bénies. Oh, comme c'est alors facile pour moi. Alors je souhaite toujours la même chose : dormir, dormir pour toujours sur vos épaules, dans vos bras ».
Les historiens estiment d’un commun accord que l'impératrice admirait vraiment Grigori jusqu’à avoir pour lui de l'affection, car il avait été capable de guérir son fils et de calmer ses propres états de stress. Mais il était impossible que l'impératrice et Raspoutine aient pu rester seuls ensemble sans serviteurs ni témoins - au Palais d'Hiver ou ailleurs. Raspoutine visitait rarement les palais et chacune de ses visites était bien documentée. Et en général, le gouffre social entre un paysan et l'impératrice était trop profond pour qu'ils aient eu ne serait-ce que des relations amicales, sans parler d'une quelconque intimité.
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Evgueni Botkine, le médecin de la famille impériale, qui a été tué à leurs côtés à Ekaterinbourg en 1918, a écrit : « Si Raspoutine n'avait pas été là, alors les opposants à la famille impériale et les organisateurs de la révolution l'auraient créé à partir des potins d'Anna Vyroubova (une dame d'honneur, meilleure amie et confidente de la tsarine Alexandra Fiodorovna - ndlr), et si ce n’avait pas été Vyroubova, alors avec moi, avec qui que ce soit ».
La plupart des critiques et des ennemis de Raspoutine appartenaient à la noblesse. Ils étaient furieux qu'un moujik, un paysan, un « simplet », ait pu jouir de telles faveurs auprès de la famille impériale. Raspoutine lui-même, malheureusement, a alimenté les commérages, inventant des histoires sur son influence à la cour. Comme l'écrivait l'historien Alexandre Bokhanov, Raspoutine ne parvenait pas à cacher sa fierté. « Se trouvant accueilli dans des appartements chics de la capitale, ayant accédé à une vie dont il ne soupçonnait même pas l'existence, le prédicateur sibérien n'a tenu qu'un temps. Bientôt, la communication avec les tsars enivre sa nature paysanne. Raspoutine a commencé à se considérer comme omnipotent, il aimait impressionner les gens avec des histoires sur son influence et ces récits se passaient de bouche en bouche. »
En 1909, le service de police secrète de Saint-Pétersbourg a affirmé que Raspoutine était un « révolutionnaire », mais n'a trouvé aucune preuve à ce sujet. Plus tard la même année, la police a placé Raspoutine sous surveillance, mais celle-ci a pris fin sur ordre du tsar. La surveillance a repris en 1914, après qu'une paysanne nommée Khionia Gousseva a tenté de tuer Raspoutine en le poignardant - cette fois, les services secrets ont été mobilisés pour protéger Raspoutine. « Craignant qu'il ne soit la cible des intentions malveillantes d'un groupe de malotrus, je vous ordonne d’établir une surveillance implacable sur cette affaire et de le protéger contre la répétition de telles tentatives », a écrit Nicolas II au ministre de l'Intérieur, Nikolaï Maklakov.
Pendant les deux dernières années de la vie de Raspoutine, la police secrète a cherchait tout ce qui pouvait le compromettre. « J'ai établi un double contrôle sur Raspoutine, j'ai embauché tous ses domestiques dans son appartement de Saint-Pétersbourg [en tant qu'agents], installé un poste de garde dans la rue, j'ai acheté une voiture spéciale avec des agents déguisés en chauffeurs pour Raspoutine et un transport spécial à grande vitesse avec un agent-cocher, a déclaré plus tard Stepan Beletski, vice-ministre de l'Intérieur. Toutes les personnes qui ont approché Raspoutine ou ses proches ont été découvertes... De plus, une observation et les enquêtes les plus minutieuses sur les personnes rendant visite à Raspoutine ont été réalisées, bien que lui et ses proches n'aient pas apprécié cela. »
Raspoutine chez lui entouré par ses admirateurs
Legion MediaFait surprenant, toute cette surveillance n'a rien permis de trouver de vraiment compromettant à propos de Raspoutine. Au pire, il a été vu ivre (plusieurs fois) et on savait qu'il organisait des « fêtes » dans son appartement, où beaucoup de gens, y compris de jeunes femmes, venaient le voir et écoutaient ses prédications. Pas d'orgies, de sectes clandestines, pas de liens avec des révolutionnaires - rien qui puisse vraiment le compromettre n'a été découvert. Pourtant, les médecins de l'époque étaient impuissants, ils ne connaissaient pas la nature de l'hémophilie du tsarévitch Alexeï et n'avaient pas de remède, tandis que Raspoutine continuait à aider le petit héritier au moyen de ses pouvoirs hypnotiques.
Grigori Raspoutine a été assassiné à Saint-Pétersbourg le 16 décembre 1916. Un membre de la famille impériale, le grand-duc Dmitri Pavlovitch, était impliqué dans la conspiration.
Le petit Alexeï fut très triste de la mort de Raspoutine. Sergueï Fedorov, un autre médecin de la cour, s'est souvenu de l'héritier disant : « Il n'y a plus de saints maintenant ! Il y avait un saint – Grigori, mais ils l'ont assassiné. Maintenant, ils me guérissent et ils prient, mais cela ne sert à rien. Alors que Grigori, il avait l'habitude de m'apporter une pomme, de me tapoter le point sensible et je me sentais tout de suite mieux… »
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