Combien de cosmonautes soviétiques ont péri lors de vols spatiaux?

Histoire
EKATERINA SINELCHTCHIKOVA
La dernière et sans doute la plus terrible catastrophe survenue lors d’une mission spatiale envoyée par l’URSS remonte à 1971.

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Avant tout, il convient de préciser qu’aucun cosmonaute n’a péri directement dans l’espace. Ceux qui ne sont pas revenus de leur mission ont trouvé la mort dans l’atmosphère terrestre suite à la dépressurisation de la cabine ou à la panne du système de parachute.

Dans le monde, le nombre total des victimes parmi les hommes de l’espace s’élève à 18. En ce qui concerne les cosmonautes soviétiques, l’URSS en a perdu quatre et la dernière tragédie en date remonte à 1971. L’écrasante majorité des victimes concerne les missions américaines. En 1986, la catastrophe de Challenger a couté la vie à sept astronautes. La tragédie, due à la rupture des joints toriques, est survenue à la 73e seconde du vol, alors que la navette se trouvait à 14km d’altitude et était encore visible depuis la Terre. Le vol a été suivi en direct par des millions de personnes à travers le monde.

En 2003, a suivi la tragédie de Columbia. Cette fois-ci, la navette s’est désintégrée à 16 minutes avant l’atterrissage, à l’entrée dans les couches denses de l’atmosphère. Six astronautes américains et un spécialiste israélien se trouvaient à bord. L’enquête révélera plus tard que la catastrophe a été provoquée par la collision lors du décollage du bord d'attaque de l'aile gauche avec un bloc de mousse isolante qui s'était détaché du réservoir principal.

La toute première perte

Toutefois, le tout premier cas de décès est survenu à bord du Soyouz-1 soviétique. Vladimir Komarov comptait parmi les premiers cosmonautes et avait reçu le numéro 7 dans l’équipe.

En 1962, la course spatiale entre l’URSS et les États-Unis battait son plein et les responsables du programme soviétique saisissaient toute opportunité de devancer les Américains. Cette même année, il a été décidé de concevoir un vaisseau Soyouz pour évoluer autour de la Lune. La mise au point du projet prendra 5 ans. Entre temps, verra le jour la nouvelle génération de vaisseaux, Soyouz-2. Une mission unique a été confiée à Komarov. Il devait procéder au tout premier arrimage de deux vaisseaux – son Soyouz-1 et le Soyouz-2, envoyé dans l’espace le lendemain de son vol. Cependant, elle s’est soldée par un échec. 

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Les premières sonnettes d’alarme ont retenti lors du décollage. L’un des panneaux solaires ne s’est pas déployé. Ensuite, la commande d’orienter le vaisseau sur le Soleil n’est pas passée, la communication par ondes courtes a échoué... Lorsque le cosmonaute a reçu l’ordre d’atterrir, les mécanismes automatiques ont « refusé » l’impulsion de freinage. Komarov a toutefois réussi à maîtriser l’appareil et il paraissait que la situation était revenue sous contrôle, mais lors de la phase finale de l’atterrissage, le parachute de la capsule s’est entortillé et cette dernière, descendant à une vitesse de 60 m/s, s’est écrasée sur Terre.

« Ce qui est arrivé à Komarov, c’est de notre erreur à nous, développeurs du système. Nous l’avons envoyé trop tôt, Soyouz n’a pas été suffisamment fignolé », dira plus tard l’académicien Boris Tchertok, l’un des principaux constructeurs. Avant que Komarov ne soit envoyé dans l’espace, trois vols sans pilote avaient eu lieu. Aucune défaillance ne s’était alors manifestée. « C’était notre devoir d’effectuer encore un vol, peut-être avec un mannequin à bord, pour être entièrement sûrs », considérait-il.

Soyouz-11

Une nouvelle tragédie suivra quatre ans plus tard. Lors de son retour sur Terre, un vaisseau Soyouz-11 s’est dépressurisé. Les trois cosmonautes se trouvant à son bord – Gueorgui Dobrovolski, Vladislav Volkov et Viktor Patsaïev – ont péri.

L’équipage avait pour mission de s’arrimer avec la toute première station orbitale pilotée Saliout-1. En juin 1971, ils ont procédé à cette manœuvre, mené à bord toutes les tâches prévues et ont reçu l’ordre de prendre la route du retour. La pression, la température, l’équipement et la communication avec la Terre étaient en norme. Le vol se déroulait comme prévu, jusqu’à ce que la communication avec l’équipage ne se coupe alors qu’il se trouvait à 150 km d’altitude. Néanmoins, l’appareil poursuivait sa descente et, au moment de l’entrée dans les couches denses de l’atmosphère, le système de parachute a fonctionné comme il se devait. La capsule s’est posée dans la zone prévue, mais en arrivant sur place, l’équipe de recherche a découvert que les trois cosmonautes assis dans leurs sièges étaient déjà morts.

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Il s’avérera que l’une des valves de ventilation, responsable du maintien de la pression à l’intérieur de la capsule, s’était ouverte alors que cette dernière se trouvait à 150 km de la planète, et non à 4 km comme prévu. L’équipage l’a constaté et a essayé d’intervenir, mais au bout de 40 secondes, la pression a chuté à l’intérieur de l’appareil et les cosmonautes se sont évanouis, puis sont décédés. Ils auraient pu survivre s’ils avaient porté des scaphandres, mais le Soyouz -11 ne pouvait accueillir trois cosmonautes que s’ils étaient sans.

Les causes les plus courantes de décès

La disparition de l’équipage du Soyouz-11 est devenue la tragédie la plus atroce de l’histoire de l’aéronautique soviétique et russe. Cependant, dans le monde, beaucoup plus d’hommes de l’espace ont péri non en vol, mais sur Terre, lors de tirs échoués ou de tests. Là, le nombre des victimes s’élève à 300 personnes.

Les scientifiques russes ont également établi les causes les plus fréquentes de décès des cosmonautes ayant réussi leur mission et étant rentrés sur Terre. Ils ont analysé les données collectées entre 1960 à 2018, période durant laquelle 118 Soviétiques et Russes ont effectué au moins un vol dans l’espace, et près d’un tiers d’entre eux (37) est décédé avant la fin des observations.

Il s’est avéré que ces décès étaient souvent dus aux maladies cardio-vasculaires et à l’oncologie. Cette dernière concerne davantage les personnes ayant passé plus de temps dans l’espace que les autres.

Les scientifiques soulignent que si ces données n'atteignent pas la signification statistique, elles sont tout de même « alarmantes », car le risque de cancer est lié à l’exposition élevée au rayonnement ambiant.

Dans cet autre article, nous nous intéressions à la relation des cosmonautes soviétiques à l’égard de Dieu.

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