Espace: gros plan sur le vaisseau russe Soyouz, principal rival de Crew Dragon

Sergey Mamontov/Sputnik
Le nouveau vaisseau spatial habité de SpaceX est souvent comparé au Soyouz russe. Nous évoquons cet engin, qui a été au cours des dix dernières années le seul capable de placer des hommes sur orbite.

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Pour résumer, Soyouz est une famille de véhicules spatiaux soviétiques, puis russes, qui acheminent des hommes sur l'ISS grâce à des fusées du même nom. De 2011 au lancement réussi de Crew Dragon par la société SpaceX d’Elon Musk le 30 mai dernier, Soyouz était le seul moyen de placer des astronautes en orbite dans le monde. Et son histoire remonte à 1962 !

Vous avez bien lu : depuis près de 60 ans, nous utilisons le même type de vaisseau, et nous ne sommes pas particulièrement pressés d’en changer. Voici pourquoi.

Comment est apparu Soyouz ?

En fait, le vaisseau spatial Soyouz proprement dit a été développé pour être utilisé avec le premier lanceur Soyouz qui, à son tour, était une modification du légendaire missile balistique R-7.

Mis au point par Sergueï Koroliov, le R-7, premier missile balistique intercontinental au monde, a été inventé pour transporter des armes thermonucléaires. Mais le missile R-7 n’ayant pas suscité l’entière satisfaction de ses concepteurs, il n'est resté en service que pendant huit ans. Quoi qu’il en soit, la fusée s'est avérée utile dans un autre contexte – l'ensemble de la cosmonautique soviétique a été créée sur sa base. En octobre 1957, le R-7, par exemple, a placé le tout premier satellite en orbite.

Iouri Gagarine et Sergueï Koroliov

La modification du R-7 appelée « Soyouz » avait également des tâches ambitieuses. La course à l'espace entre l'URSS et les États-Unis battait déjà son plein et les autorités soviétiques misaient sur la création d’un nouveau vaisseau spatial. Iouri Gagarine avait déjà volé dans l'espace à bord du vaisseau spatial Vostok, et les Soviétiques ont commencé à développer un programme axé sur des vols plus longs, notamment pour réaliser un survol de la Lune. Un vaisseau à sièges multiples capable de s'amarrer en orbite était désormais nécessaire.

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En 1967 a eu lieu le premier lancement habité. Comme vous le savez, l'Union soviétique n'a pas gagné la course vers la Lune à ce moment-là, mais le vaisseau spatial Soyouz est entré fermement et définitivement dans l'arsenal, son principal atout par rapport aux missiles de type R-7 étant un système de pilotage sûr. En effet, il comportait un système de sauvetage d'urgence, qui était activé 15 minutes avant le départ et permettait de secourir l'équipage à n'importe quelle étape de l’itinéraire en cas d'accident.

À quoi sert Soyouz ?

Soyouz fonctionne comme un « taxi spatial » : en plus des Russes, il achemine également des astronautes d'autres pays sur l'ISS en fonction des quotas, peut fournir de l'eau, de la nourriture, des équipements à la station et emmène également des hommes de la station sur Terre.

Pas plus de trois personnes peuvent se trouver simultanément à bord de Soyouz. Depuis 2011, après la fin des vols des navettes spatiales américaines, et jusqu'à une date récente, la Russie possédait le monopole de l’acheminement des équipages en orbite.

Qu'y a-t-il à l'intérieur de Soyouz ?

Les vaisseaux de la famille Soyouz se composent de trois compartiments : le module de service contenant les machines, le module de descente et le module orbital (compartiment de vie). Lors du lancement, les astronautes se trouvent dans le module de descente, où ils sont très à l’étroit.

Il y a plus de place (même s’il ne mesure que 3,4 mètres de long et 2,2 mètres de diamètre) dans le module orbital, où se trouvent également les cargaisons destinées à l'ISS. Une installation sanitaire se trouve également ici – des toilettes spatiales, qui nécessitent de lire un manuel tout entier pour être utilisées (croyez-moi, se soulager en orbite n’est pas une mince affaire).

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Le vaisseau a été modernisé durant toutes ces années, non pas en termes d’apparence extérieure, mais en ce qui concerne ses systèmes de contrôle. Voici à quoi ressemble l'une des dernières modifications (2016) – « Soyouz MS ». Et s'il vous semble que tout cela est sacrément inconfortable, et bien vous n’avez pas tort.

« Quand je suis entré dans le simulateur Soyouz, j'ai remarqué que mon collègue américain avalait des antidouleur, se souvient André Kuipers, un astronaute néerlandais de l'Agence spatiale européenne. J'ai demandé pourquoi, et il a répondu : "Tu comprendras bientôt !" En effet, au cours de l'entraînement, mes genoux ont commencé à me faire terriblement mal. C'est un vaisseau très inconfortable. »

Pourquoi la Russie d'utiliser Soyouz ?

Mais malgré son agencement peu pratique (les astronautes doivent s’y asseoir les genoux compressés contre les oreilles), Soyouz reste le dernier bastion de l’agence spatiale russe Roscosmos sur le marché des lancements commerciaux à ce jour. Théoriquement, son successeur sera le vaisseau de nouvelle génération beaucoup plus confortable et spacieux (jusqu'à six personnes à bord) Fédération (renommé Orel, qui signifie aigle, il y a un an). En cours de conception depuis 2009, Fédération/Aigle n'a toutefois jamais été mis en orbite.

Cependant, même si Roscosmos possédait une deuxième navette de ce type, Soyouz, aux dires des responsables du secteur spatial, n'aurait pas été abandonné de sitôt. Soyouz s'est imposé comme un engin extrêmement fiable, ce que constitue sa principale qualité. Il a assuré 150 lancements réussis. Tout au long de la longue histoire de Soyouz, il n'y a eu que deux lancements marqués par des accidents, qui plus est au tout début de son existence : en 1967 (l'astronaute est décédé lors de l'atterrissage en raison d'une défaillance du système de parachute) et en 1971 (les astronautes sont morts lors de l'atterrissage en raison de la dépressurisation).

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