Le Père Gel (équivalent russe du Père Noël) tirant depuis la forteresse Pierre-et-Paul, en 2004
Sergueï Kompaniïtchenko/SputnikRussia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Saint-Pétersbourg est en Russie considérée comme la capitale du nord, la capitale culturelle, et est très fière de son passé. Ici, la préservation du centre historique et les traditions remontant à l'époque tsariste sont des questions chères aux locaux.
« Une tradition pétersbourgeoise est le coup de canon de midi tiré depuis le bastion Narychkine de la forteresse Pierre-et-Paul », peut-on lire dans la charte de la ville adoptée en 1998. Les touristes qui ne le savent pas peuvent être un peu effrayés lorsqu'ils passent devant la forteresse à cette heure-là. Le tir peut être entendu sur la Perspective Nevski et, par temps calme, même à 5-10 km de la citadelle.
Lors de la fondation de Saint-Pétersbourg, en 1703, Pierre le Grand a ordonné que des volées de canon soient tirées depuis la forteresse Pierre-et-Paul pour annoncer le début et la fin du travail chaque jour, ainsi que l'heure du dîner pour les ouvriers. Après Pierre le Grand, cependant, la tradition a été abandonnée.
La tradition moderne trouve ses racines dans les affaires maritimes. En 1819, l'amiral Alexis Greig a ordonné un tir de canon quotidien à Sébastopol, en Crimée, base de la flotte de la mer Noire. Son objectif était de synchroniser toutes les horloges – sur les navires, dans les ports et même dans les églises. Greig était le fils d'un officier de marine écossais et avait lui-même étudié les sciences maritimes en Angleterre. C'est peut-être là qu'il a été initié à une telle tradition.
Plus tard, cette pratique a gagné d'autres villes portuaires, notamment Vladivostok et Saint-Pétersbourg. Dans cette dernière, sur décision du ministère de la Marine, le premier coup de feu de midi a retenti en 1865. À l'époque, il était tiré d'un canon de bord de 27 kg qui se trouvait dans la cour du bâtiment de l'Amirauté. Sept ans plus tard, le canon a été déplacé vers la forteresse Pierre-et-Paul, d’où l'on entend encore les tirs aujourd'hui.
En 1970
Boris Lossine/SputnikAprès la Révolution et la guerre civile, le canon n'a été tiré qu'occasionnellement pour commémorer des événements spéciaux. En 1934, les autorités soviétiques ont complètement aboli le tir de midi, jugé signe d'une époque bourgeoise.
Il a été décidé de renouveler la tradition en 1957. C’est alors qu’a été célébré le 250e anniversaire de Saint-Pétersbourg, 4 ans plus tard que prévu. L’événement aurait dû avoir lieu en 1953, mais Joseph Staline était mort cette année-là. Par la suite, les autorités avaient été occupées à démystifier le culte de sa personnalité.
Le 23 juin 1957, le canon a de nouveau tiré à midi depuis la forteresse Pierre-et-Paul. Il a retenti tous les jours depuis. En outre, les importants invités étrangers de la ville sont invités à effectuer eux-mêmes ce tir solennel.
Tir de Vladimir Poutine
kremlin.ruLe 7 janvier 2019, Vladimir Poutine en personne a tiré à l’aide de ce canon à l'occasion des festivités de Noël.
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Tir de l'officier américain Gary Roughead
Domaine publicDeux canons sont en service. L’un pour le tir, l’autre étant de rechange. Depuis 1957, les canons ont été changés plusieurs fois. En ce moment, il s’agit de deux canons de 122 mm. Un D-30 fabriqué en 1968 et un D-30a de 1978.
D'ailleurs, il arrive que deux coups soient tirés – des deux canons à la fois. Cela se produit lors d'occasions spéciales : les jours fériés ou, par exemple, lors de l'anniversaire de l'Université de Saint-Pétersbourg. La naissance du cinq millionième habitant de la ville, en 1988, ainsi que le début du nouveau millénaire à la veille du Nouvel An 2001 ont tous deux également été célébrés par une double salve solennelle. Pas moins de 21 coups de feu ont été tirés en 1987 lorsque le croiseur Aurore a été accueilli à son poste de mouillage après sa restauration.
À 11 heures précises, l'agent de service vérifie l'horloge et lance le compte à rebours. Ensuite, deux artilleurs – qui portent des uniformes de la marine, sont des officiers à la retraite et des employés du Musée d'histoire de Saint-Pétersbourg – interviennent. Ils reçoivent les obus à l'entrepôt du bastion Narychkine, où se trouvent les canons. Pour les tirs à blanc, ils utilisent un mélange de deux types de poudre à canon – sans fumée ou fumante pour le spectacle.
Les artilleurs se tiennent près du canon 15 minutes avant le tir, quel que soit le temps. Le deuxième canon est chargé immédiatement, au cas où le premier ne fonctionnerait pas.
Tir simultané des deux canons lors de l'anniversaire de l'Université de Saint-Pétersbourg
Vogal (CC BY-SA 4.0)Depuis Pierre le Grand, le coup de canon est également le signal du début de « l'heure de l'amiral » chez les militaires et les fonctionnaires. Il s'agit d'une expression humoristique qui désigne un petit-déjeuner tardif ou un déjeuner précoce lors duquel il est possible de boire un verre. Il est toujours considéré comme « indécent » en Russie de boire avant midi, mais après, c'est l'heure de l'amiral, s'il vous plaît.
Aujourd'hui, le tir de midi est réalisé non seulement à Saint-Pétersbourg, mais aussi dans la ville voisine de Kronstadt et dans d'autres cités de gloire militaire – Sébastopol et Vladivostok.
Dans cet autre article, nous nous intéressions, en images, aux plus gros canons de la Russie médiévale.
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