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Le 1er mai 1960, à 8 heures 53 minutes du matin, au-dessus de la « capitale de l'Oural » Sverdlovsk (aujourd'hui - Ekaterinbourg), les forces de défense antiaérienne soviétiques ont abattu à haute altitude un avion de reconnaissance américain U-2, qui avait violé le frontière d'État de l'URSS. Le pilote Francis Gary Powers, qui a sauté en parachute, a été arrêté au sol par des résidents.
Des fragments de l'avion U-2 abattu
Mikhaïl Ozerski/SputnikIl n'a pas été possible d'abattre l’appareil américain immédiatement après qu’il eut traversé la frontière entre le Pakistan et l’URSS : l’U-2 volait à une altitude de 24 km, hors d’atteinte pour la DCA du pays. Ce n'est que lorsqu'il a réduit l’altitude à 14 km au-dessus de Sverdlovsk qu'il a été touché par l'un des huit missiles tirés sur lui. Un autre missile a touché par erreur le MiG-19 dépêché pour intercepter l’aéronef étranger ; son pilote a trouvé la mort.
Comme il s'est avéré lors des interrogatoires, Powers, sur les instructions de la CIA, était censé survoler tout le territoire de l'Union soviétique, de la frontière avec le Pakistan à la Norvège, tout en photographiant les installations industrielles et militaires de l’ennemi potentiel.
Pistolet silencieux à cartouches du pilote espion américain Francis Henry Powers
SputnikL'incident a immédiatement déclenché un scandale international. Le président américain Dwight D. Eisenhower a officiellement annoncé que le pilote avait dévié de sa trajectoire en effectuant des recherches météorologiques. En réponse, l'URSS a montré au public un ensemble complet d'équipement d'espionnage, saisi à Powers et retrouvé parmi les débris de son avion écrasé.
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Le 19 août 1960, Francis Gary Powers a été condamné à 10 ans de prison pour espionnage. Cependant, il n'a pas eu à rester longtemps derrière les barreaux. Le 10 février 1962, il a été échangé contre un agent du renseignement soviétique, Rudolf Abel, qui avait été démasqué aux États-Unis.
Moscou, Union soviétique. Le pilote américain Francis Gary Powers (à droite) assiste à une session publique du Conseil militaire de la Cour suprême de l'URSS
TASSIl était considéré comme l'un des agents occidentaux les plus efficaces de l'URSS dans toute l'histoire de la guerre froide. Pendant plusieurs années, Oleg Penkovski, colonel de la Direction principale du renseignement de l'état-major général des forces armées de l'URSS, a travaillé avec succès pour les services spéciaux américains et britanniques.
Oleg Penkovski
Evgueni Tikhanov/SputnikPenkovski est entré en contact avec l'Occident de son propre chef. En juin 1960, il demande à des touristes américains à Moscou de transmettre une lettre de sa part à leur ambassade. Il y décrivait en détail comment, le 1er mai de la même année, l'avion de reconnaissance U-2 de Francis Gary Powers avait été abattu au-dessus de Sverdlovsk. En avril 1961, le colonel est recruté par le MI6 au cours d’une mission à Londres.
Oleg Penkovski, qui a reçu le pseudonyme « Héros », a fourni à ses nouveaux collègues occidentaux des informations secrètes sur l'état des forces armées de l’URSS, sur le groupement des forces armées soviétiques en Allemagne, les relations soviéto-chinoises et l’état d’esprit qui régnait aux échelons les plus élevés du pouvoir en URSS. À l'aide d'un appareil-photo miniature Minox, il a réalisé 111 pellicules, sur lesquelles 5.500 documents ont été photographiés pour un volume total de 7.650 pages. Grâce à ses efforts, 600 officiers du renseignement soviétique ont été neutralisés en Occident.
L'équipement d'espionnage ayant appartenu au colonel du renseignement militaire soviétique Oleg Penkovski
Boris Prikhodko/SputnikLe « héros » s'est vu promettre la citoyenneté américaine et une position élevée dans les structures de renseignement des États-Unis ou de la Grande-Bretagne. Mais ces plans n'étaient pas voués à se concrétiser. Le KGB a démasqué Penkovski à la fin de l’année 1961, lorsqu'il a été vu en compagnie d'une employée de l'ambassade britannique, Anna Chisholm, soupçonnée d'espionnage.
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Au cours de l'année, les services spéciaux soviétiques ont surveillé Oleg Penkovski, identifiant ses relations et ses contacts. En octobre 1962, il a été arrêté. Son contact, Greville Wynne, fut bientôt arrêté.
« Dans le cas du traître à la patrie Penkovski et de Wynn, il a été établi que la négligence, la myopie politique et les bavardages irresponsables de certains militaires que Penkovski a rencontrés et avec lesquels il s’est saoulé ont directement contribué à ses activités criminelles, a écrit le chef de le département d'enquête du KGB, Nikolaï Tchistiakov : Mais dans ce cas, d'autres choses ont également été notées. Penkovski était entouré non seulement d’ivrognes et de bavards, mais aussi de gens perspicaces et attentifs. Leurs signaux concernant la curiosité excessive de Penkovski pour des affaires n’ayant aucun rapport direct avec lui et certaines de ses actions suspectes ont constitué la base du travail de nos agents de sécurité pour démasquer ce criminel dangereux ».
Le procès des espions anglo-américains Oleg Penkovski et Greville Wynne (deuxième à gauche)
Evgueni Tikhanov/SputnikGreville Wynne a été condamné à huit ans de prison (en avril 1964, il a été échangé contre l'officier de renseignement Conon Molody qui avait été arrêté en Grande-Bretagne). Un certain nombre de diplomates américains et britanniques impliqués dans l'affaire Penkovski ont été expulsés du pays. Mais un sort bien plus funeste attendait le « héros ». Il a été dépouillé de son titre, privé de toutes ses récompenses et exécuté pour trahison le 16 mai 1963.
Ce concepteur en chef d’un institut de recherche secret sur l'ingénierie radio a été pendant six ans l'agent le plus précieux de la CIA en URSS. « Dissident dans l'âme », comme l'a décrit Adolf Tolkatchev, il a transmis à l'Occident de nombreuses informations inestimables sur les capacités de défense de l'Union soviétique.
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Pendant longtemps, Tolkatchev a cherché à prendre contact avec les services spéciaux occidentaux et finalement, le 1er janvier 1979, il a réussi à rencontrer un résident de la CIA en URSS. Ce dernier a immédiatement réalisé la valeur de l’homme qui venait de lui tomber entre les mains…
Adolf Tolkatchev
‘The Billion Dollar Spy’ par David E. Hoffman/Corpus, 2017Pour ses services, Adolf Tolkatchev a demandé des sommes énormes, expliquant que l'argent était pour lui un signe de respect, une preuve de reconnaissance de son travail. Bien que la CIA n'ait pas accepté de telles conditions, son salaire annuel de plusieurs centaines de milliers de dollars en 1979 était l'équivalent de celui du président américain, et les années suivantes, il l'a même dépassé. En six ans, environ deux millions de dollars se sont accumulés sur le compte étranger de l'ingénieur soviétique. En outre, en URSS, il a reçu 800 000 roubles, en plus du fait qu’à l'institut de recherche, il était payé environ 350 roubles par mois – une somme conséquente selon les normes soviétiques.
Tolkatchev a transmis aux États-Unis des informations classifiées sur des projets de missiles, de systèmes de missiles antiaériens, de radars et concernant l’avionique des chasseurs MiG et Su. Grâce à ces informations inestimables, les Américains ont pu économiser plusieurs milliards de dollars dans leurs propres recherches, et également assez facilement venir à bout des MiG de Saddam Hussein lors de l'opération Tempête du désert en Irak en 1991.
Adolf Tolkatchev
‘The Billion Dollar Spy’ par David E. Hoffman/Corpus, 2017L'« espion à un milliard de dollars », comme Tolkatchev était surnommé par la CIA, a pu tenir de longues années en grande partie grâce à sa prudence. Détenteur d'énormes ressources financières, il ne s'est acheté qu'une modeste voiture et une petite datcha.
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Tolkatchev a été trahi par l'officier de la CIA Edward Lee Howard, qui s'est enfui en URSS en 1985. Le 24 septembre 1986, l’ingénieur soviétique devenu millionnaire a été fusillé pour haute trahison.
L'arrestation d'Adolf Tolkatchev
‘The Billion Dollar Spy’ par David E. Hoffman/Corpus, 2017Dans cette publication découvrez comment le renseignement soviétique a sauvé Staline, Roosevelt et Churchill.
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