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Groupe du musée de l’Homme
« Comme toujours impassible \ et courageux (inutilement), \ je servirai de cible \ aux douze fusils allemands », écrira à sa femme Boris Vildé quelques heures avant son exécution. Ethnologue français d'origine russe, il a créé, avec un collègue du musée de l'Homme (Paris), Paul Rivet, l'un des premiers groupes de la Résistance française.
La famille Vildé a quitté l'Empire russe après la révolution et s'est installée en Estonie. Pas encore diplômé d'une université de Tartu, Boris est allé chercher sa vocation en Allemagne. Mais son amitié avec André Gide l'a poussé à émigrer en France, destinée à devenir la deuxième patrie du futur scientifique. Ici, il a terminé la Sorbonne, a commencé à travailler au musée, et a trouvé l’amour de sa vie - Irène Lot.
Au moment de la création de l'organisation de la résistance, Vildé avait déjà réussi non seulement à combattre dans le feu de la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l'armée française, mais aussi à échapper à la captivité nazie. Sans vêtements et sans argent, blessé, il est retourné pendant plusieurs semaines dans le Paris occupé qu'il ne pouvait tout simplement pas abandonner aux mains des nazis. « Quand je suis entré dans la ville, j'ai réalisé à quel point j'aimais la France », se souvint-il plus tard. Cet homme avait des raisons de venger les envahisseurs allemands.
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Il considérait la tâche principale de son organisation comme la propagande antinazie. Au nom du Comité national de salut public, une organisation inexistante, les membres du groupe ont publié le journal illégal Résistance et des tracts, qui incitaient les habitants de la capitale à lutter contre les soldats de la Wehrmacht.
« Le groupe a été créé au tout début de l'occupation, en 1940. À l’époque, on ne savait toujours pas ce qu’il fallait faire et Vildé tentait de trouver des opportunités, explique Sergueï Dybov, chef de l'association historique Mémoire Russe, qui s'est engagée à restaurer la mémoire des Russes décédés en France. En plus de la lutte idéologique, le groupe du musée de l'Homme était engagé dans la collecte de renseignements sur la présence d'unités allemandes en France, leur lieu de déploiement et leur nombre. Bien plus tard, des membres du groupe ont commencé à transporter des prisonniers de guerre qui s'étaient évadés des camps de l'autre côté de la frontière ».
En plus de Vildé, trois autres immigrants de l'Empire russe ont également participé aux travaux de l'organisation partisane. Tout d'abord, l'anthropologue Anatole Lewitsky, qui a accompagné Boris de la création du groupe du musée de l'Homme jusqu’au peloton d’exécution. « Ils ont été arrêtés, exécutés et enterrés ensemble, explique Dybov. Ensemble, ils ont été récompensés à titre posthume et promus au grade d'officier des Forces françaises de l'intérieur ». Mentionnons aussi l'écrivain Vladimir Feldman, originaire de Sébastopol, qui a réalisé la première traduction en français du roman de Nikolaï Ostrovski Et l’acier fut trempé, ainsi que la philologue Deborah Lifchitz, née à Kharkov, dans l’Empire russe prérévolutionnaire.
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Malheureusement, le groupe du musée de l'Homme n'a pu lutter que sept mois activement pour la liberté du peuple français. En mars 1941, presque tous les membres du réseau clandestin ont été capturés par les nazis. Aucun des immigrants de l'Empire russe figurant parmi les membres du musée de l'Homme n'a pu échapper à la mort. Après Wilde et Lewitsky, Feldman fut fusillé par les Allemands, tandis que Deborah Lifchitz a disparu dans le camp de la mort d'Auschwitz.
Comité des prisonniers de guerre soviétiques
Après l'occupation de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, les occupants allemands ont commencé à y acheminer massivement des immigrés de l'URSS pour assurer le fonctionnement des entreprises minières du Pas-de-Calais. Dans la région de Lens, les Allemands ont déployé cinq camps de prisonniers de guerre soviétiques et quatre avec des civils soviétiques. C'est là qu'apparut une structure tout à fait particulière à la Résistance française, dont le but était d'unir les partisans soviétiques sur le territoire d'Hexagone : le Comité central des prisonniers de guerre soviétiques.
Il semblait qu'il n'existait aucune sphère de la vie dans laquelle les membres de cette organisation n’eussent pas infligé de dommages au Troisième Reich. Ils ont organisé des sabotages, notamment dans les mines, et, bien sûr, assuré l'évasion des prisonniers, de sorte que des groupes de résistance se sont formés à partir d'eux. « Vous pouviez vous échapper des nazis, vous cacher pendant plusieurs jours ou semaines dans la forêt, mais sans nourriture ni vêtements, tôt ou tard, vous seriez arrêté ou tué, explique Sergueï Dybov. Le comité a envoyé ceux qui avaient réussi à échapper à la Gestapo, avec l'aide de la population locale, dans les villages français, puis a coordonné leurs actions de manière à ce que les actions partisanes profitent au maximum au mouvement de résistance ».
L'organisation, qui comprenait 20 détachements partisans de différentes régions de France, dont un féminin, était dirigée par l'officier soviétique Mark Slobodinski. Sous sa direction, les partisans soviétiques ont abattu plus de 3 000 soldats et officiers ennemis, fait dérailler 65 convois militaires, endommagé 75 locomotives, etc., indique le rapport du Comité. Mark Slobodinski, cependant, reste peu connu, et sa biographie regorge de mystères.
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Selon la version officielle, le lieutenant principal Slobodinski, instructeur politique des forces de débarquement de l'Armée rouge, a été capturé par les nazis lors de la défense de Kiev. En 1942, il est muté dans les mines du Pas-de-Calais. « Pour la première fois, Slobodinski est mentionné comme l'un des principaux dirigeants de la clandestinité soviétique. Il donne des ordres et des instructions, dirige la chancellerie, ce qui n'est pas une mince affaire en captivité, explique Dybov. Au dernier stade de l'occupation et de l'intensification de la lutte menée par la résistance, il a été transféré de façon inattendue à Paris, où il prend en main différentes affaires parmi les émigrants russes et les unités russophones de la Wehrmacht ». Après que le bataillon soviétique du Pas-de-Calais a perdu son commandant, Vassili Porik, Mark est retourné dans la région et l’a dirigé à la place de son ami assassiné. Il a coordonné le retour des partisans soviétiques de France en URSS après la fin de la guerre.
Aujourd'hui, Mémoire Russe essaie de trouver de plus amples informations sur le sort de Mark. « Il a survécu et est retourné en URSS, dans la région de Saratov, mais nous ne savons rien de plus sur lui. Comment vivait-il dans sa patrie ? A-t-il reçu des récompenses ou des honneurs ? Y a-t-il un musée quelque part qui porte son nom ? Toutes ces questions restent sans réponse », explique Dybov.
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