Pourquoi la Russie a-t-elle dissous ses troupes navales «Mort noire» à deux reprises?

Nikolaï Khijniak/Sputnik
Plusieurs fois, ces troupes d'élite russes ont prouvé leur importance et leur efficacité au combat. Crème de la crème, elles n'ont, contrairement à aujourd’hui, cependant pas toujours été appréciées par les autorités militaires.

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L’infanterie navale russe fit son apparition au début du XVIIIe siècle, pendant la longue et dévastatrice Grande guerre du Nord (1700-1721) contre la Suède. Le 27 novembre 1704, le tsar Pierre le Grand ordonna la création de « régiments de soldats de la marine » pour servir dans le nouvellement créé Escadron de la mer Baltique.

Fusilier des régiments Préobrajensky et  Sémionovsky

Les « soldats de la marine » furent alors choisis parmi les meilleurs régiments de gardes Préobrajensky et Sémionovsky. Immédiatement entraînés dans des affrontements contre les Suédois, ils connurent leur heure de gloire le 7 août 1714, lorsque pendant la bataille d'Hangö Oud, ils attaquèrent et capturèrent l'un des plus grands navires de guerre suédois – l’Elefanten (Eléphant).

Bataille d'Hangö Oud

En 1785, des régiments russes de « soldats de la marine » furent établis sur la mer Noire. Cinq ans plus tard, ils se distinguèrent lors du siège de la forteresse d'Izmaïl, réputée imprenable, pendant la guerre russo-turque (1787-1792).

Gravure

Le siège de Corfou, en 1798-1799, pendant la guerre de la deuxième coalition, fut une autre page brillante de l'histoire de l’infanterie navale de Russie. Cela fut l’un des rares épisodes où les empires russe et ottoman agirent en alliés. Seulement 31 « soldats navals russes » trouvèrent la mort lors de l'assaut de l'île de Vido, point clé dans la défense de Corfou, tandis que l’attaque rapide et efficace se termina par la perte de 200 hommes de la garnison française et la capture de 402 prisonniers. Après la prise de Vido, Corfou fut condamnée et capitula rapidement.

Assaut de Corfou

Bien que l’infanterie navale ait prouvé son efficacité pendant des siècles, au début du XIXe, les dirigeants militaires russes décidèrent que les Forces armées n'en avaient plus besoin comme d'une branche séparée. L’on considéra en effet que les équipages des navires de guerre armés et les cosaques pouvaient pleinement effectuer son travail. En 1811, ces régiments d’infanterie navale furent donc incorporés aux troupes terrestres, jusqu'à leur restauration en 1911.

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Pendant la Première Guerre mondiale, ces corps militaire combattirent activement sur les mers Baltique et Noire et furent particulièrement activement utilisés contre l'Empire ottoman. Créée en 1916, la Division navale de la mer Noire devait participer à la grande opération de débarquement près d'Istanbul. Cependant, la Révolution de 1917 mit le holà à ce plan ambitieux.

Parmi toutes les guerres et les conflits auxquels la Russie a participé au cours de son histoire, c'est la Seconde Guerre mondiale qui glorifia le nom de ces troupes. Plus de 200 000 « Marines » soviétiques défendirent des bases navales et d'importantes villes côtières telles que Tallinn, Odessa, Leningrad et Sébastopol, participèrent à des opérations de débarquement et soutinrent des contre-attaques, puis des offensives, de l'Armée rouge.

Au cours de ses grandes et petites opérations, l’infanterie navale russe a toujours porté un coup rapide et efficace aux Allemands et aux Japonais, semant le chaos et la terreur chez l'ennemi. En janvier 1942, 56 Marines débarquèrent près d'Eupatoria, ville de Crimée sous occupation. Ils détruisirent le poste de police, un avion allemand au sein de l'aérodrome local et plusieurs navires ennemis dans le port, libérèrent 120 prisonniers de guerre et réussirent à rentrer chez eux.

Défense de Sébastopol et bataille de Crimée (septembre 1941 - juin 1942), des soldats de l'infanterie navale attaquent les positions allemandes.

Ces troupes d'élite en uniforme noir se distinguaient facilement des soldats ordinaires. Surnommées la « Mort noire » par les Allemands, elles étaient souvent louées par l'ennemi pour leur fermeté, leur héroïsme et leur disposition à se battre jusqu'à la mort. Une fois, une petite unité de 13 Marines encerclée tint sa position pendant une semaine. Lorsque l'espoir d'une percée fut finalement perdu, le commandant Oulian Latychev communiqua par radio au QG : « Nous allons nous faire exploser avec des grenades. Adieu ! ».

Juste avant une opération de débarquement

Peu après la fin de la guerre, les dirigeants militaires soviétiques décidèrent néanmoins que l'infanterie navale n'avait plus sa place dans la nouvelle ère nucléaire. En 1956, toutes les unités de la Marine furent par conséquent dissoutes. Cette fois, cependant, les généraux n'eurent pas besoin d'un siècle pour réaliser leur erreur. Sept ans plus tard, en 1963, l’infanterie navale fut restaurée.

L'histoire des opérations d'après-guerre des Marines reste principalement classée secrète. On sait toutefois qu'ils furent envoyés en Syrie en 1967 pendant la guerre des Six Jours, prêts à s'engager dans le combat contre l'avancée des troupes israéliennes. Cependant, la fin des hostilités empêcha que cela se produise.

Lors d'un entrainement militaire

Aujourd'hui, l’infanterie navale russe est connue pour ses opérations contre les pirates somaliens. Le 6 mai 2010, elle a libéré le pétrolier capturé Moskovski Ouniversitet (Université de Moscou). De plus, elle est retournée en Syrie, où elle garde à présent la base aérienne russe de Hmeimim près de Lattaquié ainsi que les installations navales de Tartous.

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