Opposées dans l’une des guerres les plus meurtrières du XVIIIe siècle, la Russie et la Grande-Bretagne ne se sont toutefois jamais rencontrées sur le champ de bataille. Alors que les Britanniques combattaient leur rival traditionnel, la France, sur terre et sur mer, leur allié, le roi de Prusse Frédéric le Grand, s’occupait des Russes et des Autrichiens.
Lorsque la Prusse épuisée était sur le point de s'effondrer en 1761, le prétendu « miracle de la maison de Brandebourg » s’est produit. La défunte impératrice Elisabeth de Russie a cédé le trône à Pierre III, d'origine allemande et grand admirateur de Frédéric. Il a aussitôt fait la paix avec les Prussiens et leur a rendu la Prusse orientale conquise, réduisant à néant tous les succès de la Russie.
Malgré le fait que Pierre III a été bientôt renversé, la guerre était terminée pour la Russie. Après avoir perdu plus de 130 000 soldats, le pays n’a rien obtenu en retour, sauf un prestige militaire accru. Le Royaume-Uni, pour sa part, après avoir vaincu la France et s'être emparé de ses vastes territoires d'Amérique du Nord, est devenu une superpuissance coloniale.
La lutte russo-britannique à long terme contre Napoléon et la France révolutionnaire a été interrompue en 1800 à cause de la petite Malte. Après avoir libéré l’île des Français, les Britanniques l’ont gardée pour eux-mêmes au lieu de la rendre aux Chevaliers de Malte.
L'empereur russe Paul Ier, qui était grand maître de l'Ordre, a pris cela pour un affront personnel. Modifiant à 180 degrés le cours de sa politique étrangère, il s’est lié d'amitié avec l'ancien ennemi, Napoléon, et a planifié avec le souverain français une campagne commune en Inde, principale source de richesse de l'empire britannique.
22 000 Cosaques ont été envoyés vers l'Inde, suivis par une armée commune russo-française de 70 000 hommes commandée par André Masséna. Cependant, le 23 mars 1801, Paul Ier a été assassiné à la suite d'intrigues de cour dans lesquelles la Grande-Bretagne avait joué un rôle actif. Le nouveau souverain, Alexandre Ier, a rappelé les Cosaques et rétabli immédiatement les liens avec les Britanniques.
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Lorsque le 14 juin 1807, Napoléon a défait l'armée russe lors de la bataille de Friedland, l'empereur Alexandre Ier a été contraint de conclure un traité de paix avec les Français et de rejoindre le blocus continental visant à paralyser le commerce britannique.
Pendant plusieurs années, les anciens alliés ont mené une guerre navale dans les mers Baltique et Blanche. Les Britanniques ont attaqué et capturé des navires marchands et de guerre ennemis, pillé les côtes russes et tenté de bloquer les ports du pays. La confrontation n'a jamais conduit à de grandes batailles navales, se limitant à des escarmouches isolées.
Les hostilités ont culminé pendant la guerre entre la Russie et la Suède, soutenue par le Royaume-Uni, qui a entraîné la perte de la Finlande. À partir de 1811, les Russes et les Britanniques ont négocié en secret la levée du blocus, qui leur était préjudiciable. Avec l'invasion de la Russie par Napoléon en 1812, cette guerre inutile a pris fin.
Au milieu du XIXe siècle, l’Empire russe souhaitait tirer parti de la faiblesse de l’Empire ottoman afin de prendre pied dans les Balkans. Une coalition composée de la Grande-Bretagne, de la France et du Royaume de Sardaigne s'est toutefois opposée à ces intentions.
Malgré son nom, la guerre s'est déroulée non seulement en Crimée, mais également dans les Balkans, en mer Baltique, dans le nord de la Russie et même dans l'Extrême-Orient russe. Les troupes russes techniquement arriérées ne pouvaient rien contre les forces conjointes des grandes puissances et, après trois ans de conflit, elles ont subi une défaite amère.
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La guerre a gravement sapé la réputation internationale de la Russie, qui a en outre perdu le droit de stationner une flotte sur la mer Noire. D'autre part, la défaite a ouvert les yeux des dirigeants russes, qui ont lancé un large éventail de réformes militaires et économiques dans le pays.
Au XIXe siècle, toute la vaste région d’Asie centrale et méridionale est devenu un théâtre de confrontations entre les empires russe et britannique. Absorbant des nations et des États locaux petits et faibles, ils se sont combattus politiquement et diplomatiquement, s’espionnant et menant des guerres par procuration.
Afin de ne pas laisser cette « guerre froide » si particulière dégénérer en hostilités ouvertes, les Russes et les Britanniques ont évité la création de frontières communes, laissant toujours des États tampons entre eux.
Lorsqu'au début du XXe siècle, le danger émanant de l'Empire allemand est devenu évident, les deux anciens rivaux ont surmonté leurs malentendus et lancé une coopération au sein de la Triple Entente. L’attention est passée de l’Asie à l’Europe, où la Première Guerre mondiale était déjà sur le point d’éclater.
En 1917, noyée dans le chaos de la guerre civile, la Russie a attiré les convoitises des pays étrangers. Proclamant officiellement leur soutien au mouvement blanc dans la guerre civile et à la lutte contre le bolchevisme, les interventionnistes étaient en fait plus concentrés sur leur expansion politique et militaire en Russie, cherchant à affaiblir davantage leur rival géopolitique et à l'exclure de la scène internationale pour des années, sinon pour les décennies à venir.
La participation de la Grande-Bretagne a été la plus importante de l’intervention des Alliés. Avec ses dominions (Canada et Australie), la Grande-Bretagne a envoyé 40 000 soldats, qui ont pris les principaux ports et villes du nord, du sud et de l'est de la Russie.
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Les interventionnistes ont préféré éviter les affrontements ouverts avec les bolcheviks, privilégiant le rôle de spectateur. Lorsque les Blancs ont été écrasés par l'Armée rouge et que le mécontentement face à l'intervention devint trop important dans leur propre pays, les grandes puissances ont évacué leurs forces expéditionnaires. À l'été 1920, il ne restait plus aucun soldat britannique en Russie.
Dans cette autre publication, nous vous parlons de guerres victorieuses déterminantes pour la Russie.
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