Qu'ont fait les communistes des domaines et palais de la noblesse russe

Histoire
ALEXANDRA GOUZEVA
Le gouvernement soviétique a nationalisé toutes les propriétés privées et les a parfois utilisées pour les besoins les plus inhabituels.

Au cours des dernières années de la Russie tsariste, on comptait, selon diverses sources, environ 40 000 hôtels particuliers et des dizaines de palais. La plupart des propriétaires se sont enfuis après la révolution, laissant leurs domaines de campagne livrés aux pillages des habitants des villages voisins. À ce jour, seul un dixième des hôtels particuliers ont survécu et beaucoup sont encore en ruines ou abandonnés. Avec les palais, la situation est un peu meilleure, mais beaucoup ont connu des problèmes durant l’ère soviétique.

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Musées

Les bolcheviks ont épargné de nombreux palais et résidences impériales de Saint-Pétersbourg. Dès 1918, le palais Catherine à Tsarskoïe Selo, le palais et le parc de Peterhof, et le palais de Gatchina sont devenus des musées.

Le destin a par la suite été cruel avec ces ensembles : ils étaient tous situés dans ou à la frontière des zones occupées par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. En partant, les nazis ont détruit partiellement ou entièrement de nombreux bâtiments, et brûlé des parcs (volant au passage la célèbre Chambre d’ambre de Tsarskoïe Selo). L’État soviétique a restauré avec soin et à ses frais tous les bâtiments. À Gatchina, par exemple, les travaux de restauration sont toujours en cours.

Le Palais d'Hiver a connu un destin plus enviable. Après avoir récupéré des événements révolutionnaires, il a ouvert ses portes en tant que musée en 1920.

De nombreux domaines proches de Moscou, comme Ostafievo, Abramtsevo, ou Kouskovo sont également devenus des musées. Cependant, pendant la Seconde Guerre mondiale, ces derniers ont provisoirement été transformés en casernes pour apprentis tireurs d’élite.

Le pittoresque domaine d’Arkhanguelskoïe est également devenu un musée, mais il a dû faire de la place. Sur le territoire du complexe, les vastes bâtiments d’un sanatorium militaire ont été érigés.

Sanatoriums

C'était peut-être l'utilisation la plus populaire des domaines. Ceux de Moscou et de la banlieue la plus proche : Ouzkoïe, Valouïevo, Voronovo - fonctionnent toujours comme sanatoriums, certains d’entre eux servant de maisons de vacances à divers organismes gouvernementaux.

Sous Staline et plus tard, les sanatoriums et les camps de pionniers seront même construits dans un style classique similaire - avec des colonnes et un portique à l’entrée et de longues enfilades de couloirs avec les dortoirs. Le sanatorium Metallourg de Sotchi en est un exemple frappant. Il a été construit en 1956, mais il aurait très bien pu être la résidence d’été d’un comte quelconque.

Le luxueux palais de Livadia, en Crimée, était la datcha de la famille impériale. À l'époque soviétique, il est devenu célèbre pour avoir accueilli la conférence de Yalta qui a réuni Staline, Roosevelt et Churchill.

Le palais Vorontsov en Crimée est devenu un musée après la révolution. Mais plus tard, ce lieu prisé sur la côte de la mer Noire est devenu un cottage de l'État. À propos, Winston Churchill a séjourné ici pendant la conférence de Yalta.

Le palais de la province viticole de Crimée Massandra a fonctionné comme sanatorium contre la tuberculose jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Après un certain temps, l’Institut de viticulture et de vinification de Magaratch a pris ses quartiers ici. En conséquence, le palais est devenu une datcha pour Staline et les secrétaires généraux suivants.

Institutions d'État et d'enseignement

Au XIXe siècle, une caserne a été aménagée dans le palais de Lefortovo (Moscou) de Pierre Ier, mais elle a été transformée à l’époque soviétique pour accueillir les archives historiques et militaires de l’État – un rôle qu’elle remplit toujours.

Sur ordre de Catherine II, plusieurs petits palais d’étape ont été construits le long du trajet reliant Saint-Pétersbourg à Moscou. Après la révolution, certains d’entre eux, notamment ceux de Tver et de Novgorod la Grande, ont accueilli les conseils de députés, qui sont ensuite devenus des maisons de la culture de l’Armée rouge.

Au XIXe siècle, un autre palais d’étape de la ville de Torjok, près de Tver, a été acheté pour les besoins de la ville. Au fil du temps, il a accueilli différents établissements d’enseignement, notamment un lycée pour femmes.

À la fin des années 1980, il a été décidé d'inclure le palais d’étape de Pierre Ier à Strelna dans le complexe muséal de Peterhof. Il a également souffert de l’occupation des troupes allemandes, et est resté longtemps vide avant de devenir une pépinière.

Le beau palais des princes Golitsyne à Viazemy, où séjournait souvent le poète Pouchkine dans son enfance et où, selon la légende, Koutouzov a passé la nuit quelques jours avant Napoléon, a eu de nombreux rôles à l'époque soviétique : refuge pour sans-abri, école pour parachutistes et équipages de chars (le palais se trouvait à proximité de Koubinka, qui accueillait des garnisons). Mais pendant la perestroïka, c'est devenu un musée.

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Hôtels

L'impératrice Catherine II ne s'est arrêtée que deux fois au palais d’étape Petrovski, à l'entrée de Moscou (maintenant situé dans le quartier de la station de métro Dinamo). Après la révolution, il a accueilli une infirmerie, un commissariat de police et les départements de divers commissariats du peuple. En 1923, c’est l'Académie de l'armée de l'air Joukovski qui s’y est installé et pendant la Seconde Guerre mondiale, le commandement de vol a pris ses quartiers dans ce « Palais de l’aviation rouge ».

Maintenant, le palais appartient aux autorités de la ville - des réceptions solennelles y sont organisées. Il y a un musée au rez-de-chaussée et dans les dépendances se trouve un hôtel de charme, le palais Petroff. Vous pouvez séjourner entre ces murs rappelant les tsars russes et les casernes soviétiques à partir de 8 100 roubles (un peu plus de 110 euros) par nuit.

À Saint-Pétersbourg, un hôtel inhabituel est situé dans le bastion de Paul Ier, l'ancien château conçu pour distraire le petit héritier du trône. Pendant la guerre civile, le quartier général de l'armée blanche du général Ioudenitch était situé dans la forteresse. Plus tard, le château a été utilisé pour divers besoins : orphelinat, entrepôts, bureau de recrutement militaire et même banque. Mais pendant la Seconde Guerre mondiale, il a complètement brûlé - seuls les murs de pierre sont restés. Ils ont été restaurés seulement dans les années 2000.

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