Les hommes russes sont amicaux - ils s'embrassent même lors des réunions, contrairement aux femmes - avec les femmes, c’est l’homme qui doit parler en premier. Mieux vaut ne pas siffler à l'intérieur et apprendre ce qu'est la papirossa. Dans un pays inconnu et étrange, où même le papier toilette était rare, mais toute la force de production était mobilisée pour les besoins de l'armée, un soldat américain avait vraiment besoin de ce genre de guide.
« Pour une utilisation par le personnel militaire seulement » - stipule l'introduction du livre. En 1943-1944, personne ne pouvait prédire la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'armée américaine décida d'enseigner à ses soldats et à ses officiers comment communiquer avec les Russes. En raison de la propagande des années 1930, les Américains considéraient encore les Russes comme des ennemis même si les deux nations se battaient ensemble contre Hitler. En fin de compte, il n'y eut que peu de vraies rencontres entre les troupes américaines et russes (la plus célèbre eut lieu le 25 avril 1945, lorsque les troupes soviétiques et américaines se rencontrèrent sur l'Elbe, près de Torgau en Allemagne), ce manuel étant surtout une ressource de valeur pour comprendre la façon dont les Américains percevaient les Russes.
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Ces recommandations, cependant, ne sont pas formulées en vue d’une occupation. Elles sont destinées à des relations amicales entre militaires. Ce livre présente un angle unique sur la façon dont les militaires américains percevaient l'URSS et ses habitants, et il est intéressant de comparer son contenu avec ce que nous savons aujourd'hui.
Dès les toutes premières lignes, le livre présente l'ampleur du problème : « En service en URSS, le plus grand pays de la surface de la terre, vous pouvez être stationné dans un climat subtropical ou à deux pas du cercle arctique... Les gens varieront autant que le climat ».
Les auteurs ont noté que la destruction et la pauvreté en URSS étaient dues à la guerre : « Certaines personnes peuvent paraître mal habillées, mais elles portent ces mêmes vêtements depuis près de trois ans (...) Les Russes devaient se passer de bas de soie afin de créer des usines chargées de produire des choses plus nécessaires ».
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En cours de route, les auteurs ne manquent pas une occasion de vanter subtilement l'économie américaine : « Le rationnement en Russie a dû être beaucoup plus rigide et sévère qu'en Amérique : les gens ne reçoivent pas plus que ce qui est considéré comme suffisant pour le type de travail qu’ils font ». Néanmoins, le livre explique que « vous trouverez les Russes très fiers de leur pays ».
Les Russes, qui sont « sympathiques et conviviaux », sont le sujet principal du livre, et des sections telles que « économie », « poids et mesures » et « uniformes soviétiques et grades militaires » ne sont maintenant intéressantes que pour les historiens.
Certaines informations sur la géographie, cependant, sont notées avec précision en fonction des besoins militaires, par exemple : « Pour des raisons inconnues, mais expliquées par certains comme un curieux +basculement de la terre+, les berges occidentales des rivières russes sont considérablement plus hautes que les berges orientales. Ce fait a posé des problèmes épineux à l'Armée rouge lorsqu'elle a chassé les Allemands de l'Ukraine vers l'ouest ».
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Certaines coutumes russes décrites sont déjà dépassées : « Les hommes russes peuvent se donner des accolades et s'embrasser lors d'une réunion. De telles coutumes sont établies depuis longtemps. Ne riez pas et ne fixez pas du regard leur étrangeté ». Les hommes russes s'embrassent en se rencontrant s'ils sont de bons amis. Mais les fameux triples baisers russes ont disparu depuis longtemps, bien qu’on puisse parfois les observer dans les communautés d'émigrés.
« Quand vous voyez une connaissance féminine, parlez en premier sinon elle ne vous saluera pas (il est extrêmement impoli de siffler) ». En ce qui concerne le sifflement, oui, vous pouvez toujours recevoir un regard agacé (à tout le moins), mais dans le domaine des salutations, les femmes russes sont depuis longtemps devenues plus cosmopolites.
La vodka est considérée comme la « boisson nationale de l'Union soviétique », et le manuel indique qu'elle est habituellement « accompagnée d'un morceau de pain noir », ce qui est plus réaliste que ce qui suit : les entrées russes comprennent généralement du caviar et de la viande épicée. En fait, ces deux plats étaient rarissimes pour la plupart des Russes pendant la guerre. Une autre boisson nationale est le thé, et « un Russe va casser un morceau de sucre dans sa bouche et boire son thé en le filtrant à travers le sucre ». Oui, nos babouchkas faisaient ainsi, et c'était possible parce que le sucre du milieu du XXe siècle était très épais, contrairement à aujourd'hui.
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Nous apprenons aussi que dans les années 1940 les cigarettes étaient rares en URSS, et la plupart des hommes fumaient des papirossy « pa-pee-raw-sih » (il n'y a toujours pas de mot anglais pour cela) : « trois à cinq pouces de longueur, deux tiers sont constitués par un tube de carton rond et creux et un tiers d'une extension en papier de ce tube rempli de tabac ». Oui, les papirossy existent encore en Russie, mais elles ne sont fumées que par un petit nombre de personnes âgées.
Le livre souligne que même pendant la guerre, les Russes allaient au cinéma et au théâtre parce qu'ils sont « artistiques par nature », le seul moyen de « connaître les Russes » étant toutefois de « lire leur littérature ».
Les auteurs notent également l'héroïsme des artistes russes : « La plupart des meilleurs chanteurs, acteurs et danseurs de Russie (...) ont fait des tournées dans les camps de l'armée et les bivouacs. Beaucoup d'artistes ont été tués sur le front ».
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De tous les dangers qui attendaient les troupes américaines en URSS, les plus graves étaient les infections et les maladies vénériennes qui sévissaient dans le pays. Les soldats se voyaient conseiller d'être extrêmement prudents. De plus, il y avait des interdictions mortelles : on conseillait aux troupes de s'arrêter quand on les y appelait (« les soldats soviétiques ont été entraînés à tirer si vous ne vous arrêtez pas »); et ne pas plaisanter sur les dirigeants soviétiques. Il n'y a aucune indication concernant la punition, mais nous savons qu'en 1944, blaguer sur Joseph Staline ou l'un de ses adjoints pouvait avoir de graves conséquences.
Il y a un conseil amusant : « Emportez du papier hygiénique avec vous. Le papier de toutes sortes est rare ». Quelques conseils utiles: « Soyez généreux avec vos cigarettes ». À cette époque en Russie, l'avarice en termes de tabac était très mal vue, et en temps de guerre, c'était bien pire. Il était également conseillé de toujours serrer la main - le salut ultime de l'homme russe.
Un conseil, cependant, semble carrément stupide : « N’appelez pas les Russes tovarichtch (camarade). C'est une salutation utilisée seulement entre les citoyens soviétiques. Utilisez plutôt le mot gospodine, qui signifie +monsieur+ ». Pour le coup, c'est tellement inexact que cela aurait pu mener à un conflit; gospodine était une salutation typique des nobles dans la Russie impériale. Dire cela à un citoyen communiste soviétique aurait pu conduire à une situation très embarrassante.
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En fin de compte, le point principal du livre est louable et peut être appliqué à la Russie d'aujourd'hui : « Si vous êtes raisonnable et utilisez votre tête, vous trouverez généralement que les gens en URSS sont faciles à comprendre ».
En fin de compte, les soldats américains n'ont pas servi sur les terres russes, mais nous devons reconnaître que ce manuel, même en temps de guerre, enseignait aux lecteurs à respecter et à s’informer sur les Russes et leur mode de vie, ce qui est toujours bonne idée, camarades.
Saviez-vous qu'un officier soviétique avait empêché la troisième guerre mondiale ? Pour en savoir plus, n'hésitez pas à vous diriger vers notre article.
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